Il y a eu un temps où Meghan Agosta, hockeyeuse de l'équipe canadienne, s'en faisait à propos de son temps de jeu, en général et en avantage numérique.

Mais régler des conflits conjugaux, intervenir sur des scènes de suicide et sortir son arme de service, ça change les priorités, même si la jeune femme de 31 ans adore jouer pour son pays.

Dans sa quête d'une quatrième médaille d'or aux Jeux olympiques, Agosta possède une nouvelle maturité, elle qui est policière à Vancouver depuis trois ans.

« Dans mon travail, j'ai vu beaucoup de gens malmenés ou à la dérive, qui n'ont pas la chance que nous avons comme athlètes, a dit Agosta. Nous représentons le Canada, nous allons partout sur la planète, nous pratiquons le sport que nous aimons. 

« Avec le recul, quand vous êtes plus jeune, c'est toujours ''pourquoi je ne suis pas sur ce trio-là, pourquoi je ne suis pas dans l'attaque à cinq''. Question après question. En fait, vous devriez apprécier où vous en êtes et réaliser que peut-être il faudrait travailler un peu plus sur telle chose. Et continuer de montrer aux entraîneurs qu'ils peuvent miser sur vous. »

Son parcours olympique a débuté en 2006 à Turin, où elle a célébré ses 19 ans avec un tour du chapeau. A suivi une consécration à Vancouver. Puis, après la récolte de l'or en 2014, à Sotchi, Agosta a pris une pause de l'équipe nationale, étant acceptée à l'académie de police de Vancouver.

Le lien avec la métropole de la Colombie-Britannique est fort. En 2010, elle a dominé le tournoi olympique avec neuf buts et six passes, en cinq matchs. Elle a d'ailleurs été nommée la joueuse la plus utile du tournoi.

Après avoir gradué de l'académie, Agosta a mené de front quarts de travail et séances d'entraînement et de patinage, voulant continuer de jouer pour le Canada.

Elle s'est absentée des forces de l'ordre cet hiver pour jouer à PyeongChang. Jeudi, elle a marqué un 16e but aux JO, atteignant la deuxième position de l'histoire du pays, derrière les 18 filets de Hayley Wickenheiser.

Agosta croit que les sacrifices qu'elle a faits pour rester parmi l'élite ont fait d'elle une meilleure joueuse.

« J'en suis très fière mais aussi, ce que j'ai appris sur moi-même depuis trois ans, je l'amène sur la patinoire ici, confie-t-elle. Ça m'aide à être la meneuse dont Hockey Canada a besoin. »

Son rêve d'enfance de devenir policière a toujours cohabité avec ses ambitions de hockey. En 2011, l'Ontarienne a obtenu un baccalauréat en criminologie de l'université Mercyhurst à Erie, en Pennsylvanie.

Agosta, qui veut un jour se joindre à l'unité canine, a déjà été reconnue comme joueuse de hockey en faisant une arrestation.

« J'ai déjà eu à sortir mon arme, raconte Agosta. Ce n'est qu'en des circonstances précises que vous devez le faire. J'ai vécu des situations assez folles, des cas d'invasions de domicile. Quand on pense au travail dans la police, on ne réalise pas à quel point c'est dangereux, mais j'adore ce que je fais. Je ne changerais pas ma décision pour quoi que ce soit. Je suis fière de porter cet uniforme. »