Maxim Lapierre a vécu son deuil en silence l'automne dernier.

Malgré ses 600 matchs d'expérience dans la LNH, une finale de la Coupe Stanley avec les Canucks de Vancouver et ses 32 ans seulement, il n'a pas été pressenti par Hockey Canada en prévision des Jeux olympiques d'hiver.

L'ancien attaquant du Canadien en rêvait pourtant depuis qu'il avait appris l'été dernier l'absence des joueurs de la LNH à PyeongChang.

Puis, à sa grande surprise, le téléphone a sonné pendant les Fêtes, chez lui à Lugano, en Suisse, où il poursuit sa carrière.

« La Coupe Spengler allait commencer le lendemain, raconte Lapierre. Ils m'ont dit que c'était un appel de dernière minute mais que si je voulais y aller, il y avait une place pour moi pour remplacer un gars.

« J'ai paqueté mes choses et je suis parti avec ma famille à 9 h le lendemain matin. J'étais avantagé par le fait de jouer en Suisse parce que j'étais à deux heures et demie de route de Davos, où avait lieu la Coupe Spengler. »

Cet attaquant originaire de Saint-Léonard, à Montréal, connaissait les enjeux. La Coupe Spengler servait d'évaluation en prévision des Jeux d'hiver.

« Je n'avais pas de pression, dans le fond. J'y allais pour m'amuser. Mais j'étais motivé. J'avais été déçu de ne pas avoir d'appel cet été malgré toute mon expérience. J'aurais aimé disputer quelques tournois. Je suis parti pour Davos sans savoir quel allait être mon rôle ou ce qui m'attendait. »

« Je voulais juste jouer avec les boys et porter le chandail de l'équipe canadienne. J'aimais mon rôle de négligé. »

Lapierre a obtenu quatre aides au cours du tournoi. « Mes responsabilités augmentaient de match en match. J'ai même eu la chance de me planter devant le filet adverse en supériorité numérique. Tout roulait pour moi. Quand j'ai eu l'appel ensuite pour me confirmer ma place aux Olympiques, j'étais agréablement surpris. »

D'autres ont eu moins de chance. Pierre-Alexandre Parenteau, Matt D'Agostini et Simon Després, qui participaient au processus depuis le début, n'ont pas été retenus.

RÔLE DÉFENSIF

Lapierre a rappelé La Presse de Riga, hier. L'équipe canadienne vient de remporter deux matchs préparatoires, 3-0 contre la Lettonie et 2-0 contre la Biélorussie.

« On vient de terminer notre match contre la Biélorussie. Je suis arrivé à Riga dimanche. On part [aujourd'hui] pour la Corée du Sud. Mes parents, ma femme et mes enfants y seront. Ça sera une expérience incroyable à ce stade-ci de ma carrière. Je n'aurais jamais pu rêver d'aller aux Olympiques si les joueurs de la LNH y étaient. C'est quelque chose de gros pour tout le monde. »

Lapierre s'attend à jouer un rôle défensif avec l'équipe canadienne. « Je joue à l'aile droite avec [Eric] O'Dell et [Rob] Klinkhammer. On est encore en période de rodage. Mon rôle ressemblera à celui que j'avais dans la Ligue nationale : jouer en infériorité numérique, m'occuper des mises en jeu, bloquer des tirs, protéger des avances d'un but en fin de match, établir une présence physique. »

Il retourne donc à ses anciennes tâches, après s'être amusé tout l'hiver en Suisse à titre de joueur offensif (32 points, dont 14 buts, en 47 matchs).

« Je suis le centre du premier trio à Lugano. Je joue beaucoup et je suis utilisé en supériorité numérique. Je joue avec des joueurs offensifs. J'ai amassé beaucoup de points comparativement à mes autres saisons. Dans la LNH, tu mets tes habiletés de côté et tu acceptes ton rôle. J'étais un joueur de quatrième trio. Ici, les skills reviennent tranquillement et je sais que je peux m'améliorer encore.

« Mais ici, c'est plus serré, tu vois la différence de calibre. Ce sont les meilleurs joueurs disponibles pour chaque pays. »

« TRÈS CHANCEUX »

Lapierre a fait une croix sur la LNH somme toute assez jeune, mais il adore son expérience dans le vieux pays.

« On se sent à la maison à Lugano. On est bien traités, je me considère comme très chanceux, on joue de grands matchs. C'est surprenant, le calibre de jeu. On ne le voit pas à la télévision, c'est beaucoup plus proche de la LNH qu'on pense. Il n'y a pas de Sidney Crosby, mais c'est très fort et très rapide. »

Notre homme s'attend à un tournoi très compétitif. « J'ai joué trois ans en Suède. Je connais bien l'Europe maintenant. Les Suédois, les Finlandais, les Russes et même les Suisses auront de bonnes équipes. Les gens en Amérique ne connaissent peut-être pas le calibre de jeu ici. La Suisse, il ne leur manque pas tant de joueurs, peut-être seulement [Roman] Josi et Nino [Niederreiter]. Ils ont de l'expérience et du talent. »