Erik Guay y a cru, longtemps, mais il a dû finalement se résigner. Le skieur québécois a annoncé mercredi qu'il mettait une croix sur les Jeux olympiques de Pyeongchang en raison de problèmes au dos.

Âgé de 36 ans, Guay espère effectuer un retour à la compétition la saison prochaine et éventuellement participer aux Championnats mondiaux en 2019 à Are, en Suède. Son rêve de gagner une médaille olympique a toutefois pris fin, alors qu'il ne compte pas se rendre jusqu'aux Jeux de 2022, à Pékin.

«C'est difficile. Je la voulais cette médaille, je l'avais en tête, mais le corps ne veut pas suivre et je n'ai pas le choix, a raconté Guay lors d'une conférence téléphonique. C'est le corps qui décide en ce moment. J'essaie de penser à autre chose, de me fixer d'autres objectifs, de passer du temps avec mes filles, de me changer les idées, parce que c'est sûr que c'est encore frais.»

Guay avait été nommé au sein de l'équipe canadienne de ski alpin lundi. Il a admis qu'il n'avait pas vraiment suivi le processus de sélection olympique et que son échéance était plutôt son départ vers la Corée du Sud, prévu vendredi.

«J'ai profité des dernières semaines pour me reposer et laisser guérir mon dos, a-t-il expliqué. J'avais recommencé à m'entraîner en gymnase, mais pas sur la neige. Je suis retourné sur les pentes lors des derniers jours et dès que je me place en position de recherche de vitesse, je ressens de la douleur aiguë dans mon dos et il se barre. On voulait attendre le plus longtemps possible avant de prendre une décision.»

Au fil de sa carrière, le skieur de Mont-Tremblant a subi six interventions chirurgicales aux genoux, puis il a été victime d'une rupture ligamentaire à la vertèbre T2 à la suite d'une vilaine chute lors d'un entraînement au Chili l'automne dernier.

Après avoir raté les deux premières manches de la saison de la Coupe du monde, les choses se sont aggravées à Val Gardena, en Italie, le 16 décembre. Au lendemain de sa décevante 32e place en descente, il a indiqué sur son compte Twitter qu'il avait rencontré les spécialistes d'un hôpital d'Innsbruck, qui lui ont confirmé qu'il souffrait d'une rupture de l'anneau fibreux de la quatrième vertèbre lombaire (L4).

Il a expliqué mercredi que la L5 et la L2 étaient aussi touchées, ainsi que la première vertèbre du sacrum (S1).

«On m'a expliqué que c'est os sur os et ça crée une inflammation, a-t-il précisé. Les muscles essaient de protéger le bas de mon dos et ça fait en sorte que je ne peux pas bouger de façon athlétique.»

Skieur alpin canadien le plus prolifique de l'histoire, Guay a été couronné champion du super-G aux Championnats du monde de la FIS à Saint-Moritz en 2017. À la suite de cet exploit, le Québécois a remporté la médaille d'argent de la descente. Il est ainsi devenu le premier Canadien (homme) à remporter plusieurs médailles à une même édition des Mondiaux de ski alpin. Et à 35 ans, il est devenu le champion du monde de ski alpin le plus âgé. Guay a également grimpé sur les podiums de la Coupe du monde à deux reprises lors de la saison 2016-17, portant son total en carrière à 25 podiums, dont cinq victoires.

Il ne manquait qu'une médaille olympique à son palmarès.

«J'avais la sensation de skier mieux que jamais, a dit Guay, qui a terminé la dernière saison au cinquième rang du classement général de la Coupe du monde. Lors de mon entraînement estival en Suisse et en Autriche, j'étais constant et je me sentais en pleine forme. Ça me brise le coeur de voir comment tout s'est effondré depuis novembre.»

Guay passera les prochains mois à poursuivre sa guérison dans l'espoir de revenir sur les pentes l'automne prochain. Il préfère mettre une croix sur la saison en cours pour profiter d'un statut protégé de son classement sur le circuit de la Coupe du monde.

«J'ai confiance qu'avec un certain temps, un certain repos, je vais pouvoir retrouver suffisamment la forme pour revenir à la compétition», a mentionné Guay.

«Je vais prendre le temps nécessaire pour bien réfléchir. En ce moment, je ressens plein d'émotions et j'ai mal au dos, ce qui nuit à ma prise de décision. Je vais prendre quelques mois pour y penser, mais j'ai en tête de continuer. Ce serait dommage de mettre fin à ma carrière de cette façon-ci.»