Brad Marchand a connu un grand match hier soir. Il a amassé quatre passes sur autant de buts des Bruins, dans une victoire de 4-0 aux dépens des Sabres de Buffalo.

Pour plusieurs, Brad Marchand n'aurait pas dû disputer cette rencontre. La veille, à Washington, il a agressé Lars Eller en troisième période.

La LNH n'a pas suspendu Marchand pour son geste. Ce qu'on raconte, entre les branches, c'est qu'on n'a pas trouvé matière à suspension parce qu'Eller a finalement jeté ses gants lui aussi.

Quand on regarde la vidéo, pourtant, on remarque qu'Eller reçoit deux bons coups de poings et n'a nullement l'intention d'engager le combat avant de laisser tomber ses gants. Combien faut-il recevoir de coups au visage avant de songer à se protéger? Et que faisaient les juges de ligne à regarder la scène en voyant que le Danois ne voulait pas échanger de coups avec un bagarreur aguerri?

Le pugnace attaquant des Bruins reprochait à Eller d'avoir célébré un peu trop fort en passant devant le banc de ses adversaires après avoir marqué le septième but de son équipe et porté le score 7-0.

Le geste d'Eller semblait baveux, certes, mais pas excessif. Quelques minutes plus tard, un peu à la façon de Max Domi contre Aaron Ekblad, Marchand a empoigné Eller pour l'inviter à se battre.

Voyant que le Danois, qui ne s'est jamais battu en huit ans de carrière, ne bronchait pas, Marchand l'a mitraillé de coups, dont deux solides droites lui ont ouvert le front, avant de porter son dernier coup alors qu'Eller tombait brutalement sur la glace.

Marchand a écopé d'une punition de deux minutes pour avoir initié le combat, d'une majeure de cinq minutes et d'une inconduite de partie. Les Bruins perdaient déjà par sept buts et il restait moins de sept minutes à faire dans la rencontre.

«C'était une célébration, ça n'était pas nécessaire, a expliqué Marchand après la rencontre. Il s'est rendu devant notre banc pour célébrer l'avance de 7-0. J'ai seulement voulu le lui rappeler...»

Le chroniqueur de Boston, Jim Haggerty, a parlé d'un grand geste de leadership de la part de Marchand. «Marchand peut être détestable et provocateur, mais c'est aussi un grand leader chez les Bruins, un féroce compétiteur, un homme qui n'allait pas laisser l'adversaire humilier son équipe. De nombreuses voix aux quatre coins de la Ligue condamnent son geste, mais il s'agissait d'un rare moment de compétitivité et d'émotion de la part d'un joueur des Bruins qui étaient à plat depuis le début du match dans un match d'ouverture qui aurait pourtant dû donner le ton à la saison.»

Le geste d'Eller n'était pas brillant pour autant. On ne nargue pas un adversaire qu'on bat à plate couture. Mais est-ce assez pour justifier une correction, le risque d'une commotion cérébrale sévère alors qu'on tente justement de contrer ce fléau? Eller a déjà subi une sévère commotion cérébrale, il y a quelques années, en séries éliminatoires avec le Canadien, à la suite d'une violence mise en échec d'Eric Gryba.

Eller s'est bien remis de sa raclée. Il jouait hier contre les Penguins de Pittsburgh. Le recours à une civière n'aurait sans doute pas aidé la cause de Marchand.

Le prochain match entre les deux équipes aura lieu le 10 janvier, à Boston. Marchand aura sans doute à jeter les gants devant un dur des Capitals, sans doute Tom Wilson. Celui-ci aura eu le temps de purger sa suspension de 20 matchs.

Dans 15 ans, une fois à la retraite, un Marchand, un Wilson, imiteront peut-être Daniel Carcillo ou Nick Boynton et lanceront un appel au désespoir, tenteront de prévenir la population des affres des commotions cérébrales.

La LNH change, ne le nions pas. Mais il reste encore des «codes» tenaces dans cette culture du hockey.

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