Des boxeuses montent pour la première fois sur le ring olympique à l'occasion du retour des JO sur les terres britanniques où furent inventées les règles du «noble art,» dernier bastion exclusivement masculin aux Jeux à tomber.

Trente-six femmes venues de 23 pays prendront part au tournoi olympique inédit, du dimanche 5 au jeudi 9 août, réparties en trois catégories de poids: mouche (51 kg), léger (60 kg) et moyen (75 kg). Elles sont sept fois moins nombreuses que leurs homologues masculins répartis dans 10 catégories.

Les meilleures boxeuses mondiales, c'est-à-dire les quatre demi-finalistes des derniers championnats du monde, sont au rendez-vous de Londres.

L'irlandaise Katie Taylor chez les légers et la Britannique Savannah Marshall (moyens) briguent un doublé historique après leurs titres de championnes du monde. Chez les mouches, la Britannique Nicola Adams espère prendre sa revanche sur la Chinoise Cancan Ren, après sa défaite en finale des derniers championnats du monde.

Les règles dites «du Marquis de Queensberry»

Le pugilat, l'ancêtre de la boxe, est apparu aux jeux Olympiques antiques, exclusivement masculins, dès le VIIe siècle avant Jésus Christ, en Grèce. Mais la discipline n'a acquis ses lettres de noblesse, et son nom de boxe anglaise, que bien plus tard, au XIXe siècle.

C'est au Royaume-Uni qu'ont été rédigées les règles dites «du Marquis de Queensberry», du nom de celui qui a permis leur large diffusion dès 1867. Elles comportent notamment l'utilisation de gants, l'interdiction du corps-à-corps et des coups portés à un homme au sol.

La boxe a fait sa première apparition aux jeux Olympiques modernes en 1904 à Saint-Louis (États-Unis). La boxe féminine est cependant reléguée au rang de sport de démonstration et les boxeuses devront attendre 1994 pour être reconnues par l'association internationale de boxe amateur (AIBA).

«La boxe était le dernier sport olympique à ne pas être représenté à la fois par des hommes et des femmes (...). Les jeux Olympiques de Londres 2012 vont être un moment historique pour notre sport», a déclaré à l'AFP Sébastien Gillot, porte-parole de l'AIBA.

500 000 boxeuses à travers le monde

Depuis l'intégration au programme olympique (août 2009, NDLR), «le nombre de femmes pratiquant la boxe a augmenté de façon spectaculaire», dit-il. L'AIBA évalue aujourd'hui le nombre des boxeuses à 500 000 à travers le monde.

Les championnats du monde de boxe féminine amateur en 2001 avaient accueilli 124 boxeuses venant de 31 pays, et leur septième édition cette année en Chine a réuni 305 combattantes de 70 pays.

Les biographies des boxeuses laissent à penser que leurs motivations sont globalement similaires à celles des hommes: besoin de canaliser un trop plein d'énergie; attirance pour un sport complet et utile pour se défendre; environnement familial porteur.

Parmi les boxeuses professionnelles qui ont permis à la boxe féminine de s'imposer auprès du grand public figurent les filles des anciens champions olympiques et champions du monde professionnels Mohammed Ali, Joe Frazier et George Foreman.

Mais si les raisons sont similaires, l'accueil dans les salles spécialisées diffère. La réaction initiale des entraîneurs est souvent sceptique, comme l'a avoué au magazine de mode Vogue le premier entraîneur de la boxeuse Marlen Esparza, qui représentera les États-Unis dans la catégorie la plus légère.

Pour Natacha Lapeyroux, auteur d'un blogue sur la boxe féminine, les jeux de 2012 «seront une étape importante pour le développement de cette discipline, mais aussi pour l'évolution de la place de la femme au sein de notre société».