Le cheval est un animal domestique comme un autre et chaque matin dans Kensington, quelqu'un dit: «Chérie, je vais promener le cheval dans Hyde Park.»

Souvent un chien sans laisse les suit en trottinant.

Les chiens de Londres sont d'une urbanité exemplaire et n'ont pas besoin d'une laisse.

Est-ce le fait des règlements ou de l'éducation, on ne voit ici aucun canidé agressif ou intempestif. Ils sont tout à leurs affaires de chien et laissent coureurs et facteurs vaquer aux leurs.

Dans Regent's Park, on remarque deux espèces de pigeon, le biset, bien sûr, aussi crétin sous toutes les latitudes.

Mais aussi le pigeon ramier, confit dans son gras, qu'on reconnaît à son col blanc, qu'on dirait d'hermine, et cet air autosatisfait, ce maintien prétentieux d'aristocrate de pacotille. On jurerait Lord Black, baron de Crossharbour, avant d'aller en prison.

Le plus pathétique est sans doute cette colonie de grands hérons empigeonnés dans les eaux gluantes du même parc.

Eux qu'on voit chez nous, farouches, surplomber les marais sauvages au crépuscule, eux si fiers, altiers, le plumage soyeux, gris ou bleu, toujours changeant selon l'humeur et l'heure du jour, comme les yeux des filles, ils sont là, dans le gazon, tout ébouriffés, à quêter des miettes de pain aux touristes, clochards grimpés sur des échasses.

Quelle déchéance.

Je cherche partout en ville sans en voir ces couples de fourmis volantes, censées copuler à plein ciel ces jours-ci, à en noircir le jour. Je commence à croire que cela tient de la légende rurale.