Ça prendra tout un revirement pour que Kimberly Hyacinthe se qualifie pour les Jeux olympiques de Londres, samedi. Non seulement la spécialiste du 200 mètres devra terminer parmi les trois premières, elle devra aussi courir plus vite que jamais et réaliser deux standards chronométriques qui lui ont échappé toute la saison. Tout ça coup sur coup, en deux heures (demi-finale et finale), sur un genou récalcitrant, dans un stade où le vent refuse de coopérer.

«Je l'ai déjà fait l'an dernier», a rappelé Hyacinthe, hier après-midi à Calgary où s'ouvraient les sélections olympiques. Sacrée vice-championne nationale sur la même piste du parc Foothills, la Montréalaise avait réalisé deux temps qui lui avaient valu une invitation pour ses premiers Mondiaux seniors, à Daegu, à titre d'étoile montante. Elle s'était classée 30e en Corée.

Logiquement, les JO de Londres devaient représenter la prochaine étape pour la sprinteuse de 24 ans. Or, les deux derniers mois ne se sont pas déroulés comme prévu. Hyacinthe a enchaîné les compétitions dans l'espoir de décrocher les deux chronos requis dans le processus de sélection (23,10 et 23,30). Que ce soit en Guadeloupe, en Californie, en Floride ou à Ottawa, elle n'a jamais réussi à s'en approcher.

À sa dernière sortie, le 16 juin, elle a réalisé son meilleur temps de la saison (23,39) au Donovan Bailey Invitational d'Edmonton, mais avec un vent favorable de + 3,0 m/s. «C'est une des courses où je me suis le mieux sentie, mais quand j'ai regardé la vidéo, ce n'était pas trop beau...»

Pour compliquer les choses, une tendinite au genou gauche la fait considérablement souffrir. En période d'entraînement, elle parvient à contrôler la douleur, mais elle réapparaît à l'issue de chaque course.

Fatiguée, Hyacinthe a préféré s'abstenir de participer à une compétition à Toronto la fin de semaine dernière. Avec le recul, elle estime avoir essayé de trop en faire en cette année olympique. «Habituellement, je ne fais pas autant de courses. Ça n'a peut-être pas été la meilleure stratégie», a reconnu celle dont le record personnel de 23,15 remonte à 2009.

Hyacinthe aborde donc les sélections de Calgary avec détachement. Pour ne pas dire un certain fatalisme.

«Je suis plus relaxe, a-t-elle précisé. Je ne veux pas trop m'en faire. Je me suis tellement mis de pression cette saison. J'ai l'impression que ça ne m'a pas nécessairement aidée. Là, je pense qu'il faut laisser aller les choses. Je vais tout donner, je sens que je l'ai dans les jambes, mais si ça n'arrive pas, ça n'arrive pas. Il y aura les Jeux de 2016, les championnats du monde l'an prochain...»

Zelinka monte en puissance

Échaudée par sa deuxième place sur ses terres l'an dernier, Jessica Zelinka n'entend pas à rire. Mère d'une petite fille de deux ans, l'heptathlonienne de Calgary a pris les grands moyens en emménageant à l'hôtel durant la compétition cette année. «J'avais beau vouloir séparer mes rôles de mère et d'athlète, quand je voyais ma fille le soir à la maison, je redevenais automatiquement une mère», expliquait-elle mardi.

La formule lui sourit. Sans pousser au maximum, l'athlète de 30 ans a frappé fort en cette première journée. Avec 3982 points après quatre épreuves, dont un record personnel de 12,76 égalé au 100 m haies, Zelinka est en avance sur son record canadien établi aux JO de Pékin, où elle avait fini cinquième. Seulement, le niveau international a progressé depuis.