L'haltérophile Christine Girard ne savait pas à quoi s'attendre mardi après-midi, lorsqu'elle est montée sur le plateau du Centre ExCel pour soulever des centaines de kilos de fonte.

Elle ignorait si son épaule gauche, mal en point depuis quelques jours, allait tenir le coup. L'épaule a finalement tenu juste assez pour permettre à Girard de remporter le bronze dans la catégorie des moins de 63 kg. Elle écrit du coup une page d'histoire, en devenant la première haltérophile canadienne médaillée olympique.

«Je suis la première haltérophile féminine au Canada à avoir une médaille et ça faisait aussi 28 ans qu'on n'en avait pas eue chez les hommes, a rappelé la Québécoise, le sourire fendu jusqu'aux oreilles, juste après la remise des médailles. J'ai grandi en pensant que c'était pratiquement impossible de gagner une médaille olympique à cause de mon sport. Je suis tellement contente aujourd'hui de me dire que j'ai bien fait d'écouter mon coeur et non ma tête.»

La journée de cette Abitibienne d'origine, aujourd'hui installée en Colombie-Britannique, n'a pas été de tout repos. Après sa troisième tentative à l'arraché, elle a senti que son épaule flanchait. «J'ai commencé mon épaulé-jeté nerveuse. J'étais un peu stressée, mais ç'a tenu le coup.»

Puis elle a pensé un instant que se répétait le scénario de Pékin, alors qu'elle avait terminé au pied du podium, en quatrième place. Après sa dernière barre, elle était persuadé que la Turque Simel Simsek allait lui chiper le bronze. «Quand j'ai manqué mon dernier épaulé-jeté, je pensais que j'avais raté la médaille, je pensais que j'étais quatrième. Quand mes entraîneurs m'ont annoncé que j'étais sur le podium, je me suis juste mise à pleurer, a-t-elle raconté. Je ne pouvais pas croire que j'avais atteint ce but. Pour moi, ça vaut tout l'or du monde.»

Girard a cumulé 236 kg, un kilo de plus que la Turque, mais un de moins que la médaillée d'argent, la Russe Svetlana Tsarukaeva. La Kazkahe Maiya Maneza a remporté l'or avec un total de 245 kg.

Paradoxalement, c'est le déception de Pékin qui a fouetté l'athlète et lui a permis de revenir en force quatre ans plus tard. Elle a déménagé en Colombie-Britannique un an après les derniers Jeux, pour suivre son mari et entraîneur, Walter Bailey. Elle a passé le plus clair de son temps à s'entraîner dans son garage, faute d'infrastructures sportives disponibles.

«La quatrième place à Pékin a été dure à prendre, mais c'est ce qui l'a poussé à continuer, c'est ce qui l'a poussé à persévérer quand elle s'entraînait dans le garage, quand son corps lui faisait mal, a affirmé M. Bailey. De la voir gagner une médaille aujourd'hui est incroyable.»

L'athlète de 27 ans espère que sa victoire va encourager les jeunes à s'intéresser à l'haltérophilie. « Je fais de l'haltérophilie depuis que j'ai dix ans, ç'a toujours fait partie de moi. C'est un très beau sport, méconnu.

Elle ne sait pas ce qui l'attend maintenant. Va-t-elle continuer la compétition ou se tourner vers l'entraînement? «Sérieusement, je ne sais pas. Pour l'instant, je veux juste profiter du moment présent. Je suis tellement heureuse!»