Il ne s'agit pas d'un sport officiel. Pourtant, c'est l'un des exercices favoris du public à l'approche des Jeux olympiques. À quelques jours du début à Londres de la grand-messe du sport amateur, La Presse a joué au jeu des prédictions. Nous avons aussi répertorié différents classements prédictifs. Conclusions: la bataille pour le haut de l'affiche reprend de plus belle entre la Chine et les États-Unis. Et le Canada a tout pour atteindre ses objectifs.

La chasse aux médailles sera bientôt ouverte. Et elle promet d'être passionnante. La Chine pourrait en effet obtenir cet été plus de médailles que les États-Unis pour la première fois de l'histoire olympique, selon plusieurs classements prédictifs dévoilés au cours des derniers jours.

C'est notamment ce que prévoit le quotidien américain USA Today, qui attribue un total de 94 médailles pour la Chine contre 88 pour le pays de l'Oncle Sam. Le classement établi par La Presse (voir à la fin du texte pour la méthodologie) prédit quant à lui une lutte serrée: les Américains remporteraient deux petites médailles de plus que les Chinois (99 contre 97).

Il y a quatre ans, la Chine était parvenue à gagner plus de médailles d'or que son rival américain. Mais elle n'a jamais réussi à le battre au chapitre du nombre total de médailles.

«On a perçu un sentiment général de réussite et de soulagement en Chine après les Jeux de Pékin. Le gouvernement avait établi des objectifs, et gagner le plus grand nombre de médailles d'or était parmi eux, rappelle Susan Brownell, professeure d'anthropologie à l'Université du Missouri et spécialiste du sport en Chine. Mais, bien sûr, ils auraient aussi aimé gagner le total des médailles.»

Le Comité international olympique (CIO) ne reconnaît officiellement aucune course aux médailles. La charte olympique précise que les Jeux opposent des athlètes et non des nations. Les classements intéressent néanmoins le public et les médias, qui les utilisent abondamment. Deux d'entre eux existent: le classement en fonction des médailles d'or et celui selon le nombre total de médailles. Le premier est plus répandu, mais le second est préféré en Amérique du Nord.

L'«effet maison» au service des Chinois

Le nombre de médailles de la Chine a explosé au cours des 20 dernières années. Le sommet atteint en 2008 s'explique notamment par «l'effet maison», c'est-à-dire la propension des nations qui organisent les Jeux à gagner plus de médailles qu'à l'habitude.

La question est maintenant de savoir si la Chine pourra maintenir ce niveau, même si les Jeux ont lieu à l'étranger. Susan Brownell croit que, bizarrement, «l'effet maison» à Londres pourrait jouer en sa faveur dans sa course contre les États-Unis. On estime en effet que la Grande-Bretagne ira surtout chercher des médailles dans des disciplines où les États-Unis excellent: la natation et l'athlétisme.

L'avantage du terrain pourrait aussi créer de toutes pièces une course pour la troisième place à Londres. Le Royaume-Uni avait battu son record de médailles en 2008, avec 47 podiums. Les experts consultés par La Presse lui en prédisent 65 cet été à la maison. Devant les hôtes, la Russie espère retenir le troisième rang qu'elle détient depuis 2004, après avoir perdu le deuxième au profit de la Chine. Mais avec moins d'athlètes qualifiés qu'en 2008, elle pourrait coiffer le Royaume-Uni de quelques longueurs seulement.

Les prédictions de La Presse

Une course vaine?

Quelle valeur accorder à toute cette course aux médailles? Susan Brownell parle d'un rôle symbolique associé au sport. Mais elle soulève cependant plusieurs réserves quant au classement des médailles.

Mme Brownell parle notamment du paradoxe chinois: même si le pays excelle aux Jeux olympiques, la pratique du sport y est inférieure à celle de plusieurs pays occidentaux. «Les étudiants chinois passent plus de temps la tête dans les livres, à étudier, que quiconque. Même plus que les Japonais», dit-elle. Elle ajoute que le sport n'est pas valorisé par leurs parents. Elle rappelle par ailleurs que la scène sportive chinoise peine à survivre sans soutien de l'État, exception faite du championnat de soccer.

«Les Chinois savent qu'ils peuvent gagner le tableau des médailles grâce aux investissements ciblés de l'État vers quelques athlètes. Mais ils savent aussi qu'ils n'ont pas de participation de masse dans le sport, explique la spécialiste. Par rapport à leurs succès sportifs sur la scène olympique, les Chinois sont donc beaucoup plus modestes que ce qui est véhiculé dans les médias occidentaux.»

Différentes méthodologies

La Presse: Pour son livre numérique sur les Jeux olympiques, La Presse a consulté 26 experts dans autant de sports. Chacun a livré ses prédictions de médailles en tenant compte des plus récents résultats des athlètes internationaux en compétition. Il s'agit de l'unique méthodologie s'appuyant entièrement sur des experts et faisant fi des calculs et des algorithmes.

USA Today: Le quotidien américain est chiche en détails quant à sa méthodologie. Il affirme simplement utiliser un algorithme «qui tient compte des résultats des athlètes avant les Jeux».

Goldman Sachs: La banque d'investissement Goldman Sachs a publié un rapport de 48 pages sur l'économie des Jeux olympiques. Son modèle économétrique tient compte des résultats précédents des pays ainsi que de leur croissance économique.

PricewaterhouseCoopers: La firme a utilisé une mesure statistique pour prédire le nombre de médailles. Quelle est la population d'un pays? Quel est son PIB? A-t-il été membre de l'Union soviétique? Est-il le pays hôte? Avec ces quatre variables, la firme croit avoir trouvé la bonne recette.

Sports Illustrated: Le réputé magazine américain ne donne aucune explication sur les raisons qui ont justifié ses choix, signés par le journaliste Brian Cazeneuve.

Les prévisions d'autres sources