Chaque repêchage amène son lot de surprises qu'elles soient agréables ou non. Celui qui vient de prendre fin à Pittsburgh ne fait pas exception à la règle.

Au chapitre des belles surprises, j'insiste sur les cinq sélections du Canadien.

Après tout ce que j'ai écrit sur Alex Galchenyuk, je serais bien mal venu de changer mon fusil d'épaule. Je considère toujours que le Canadien a effectué un très bon choix et que ce jeune Américain pourrait bien être le centre numéro un du Canadien d'ici quatre ans.

Pas avant? Rien ne presse. Ce n'est pas l'an prochain que le Canadien visera les grands honneurs, mais dans trois ou quatre ans. Ça tombera alors à point...

Avec tout ce que j'ai entendu de bien sur le parquet du repêchage sur le compte de Sebastian Collberg, et ce dont je me souviens de lui lors du dernier Championnat du monde de hockey junior, il est clair que le Canadien a fait un bon coup en l'obtenant avec sa 33e sélection.

J'aurais bien aimé que le Canadien puisse obtenir Stefan Matteau - il est parti 29e au New Jersey - un attaquant de puissance comme le Canadien en aurait bien besoin ou Malcom Subban - il est parti 24e à Boston - un gardien qui aurait permis de renflouer la relève dégarnie du Tricolore devant le filet, mais il était un brin ou deux utopique de croire que ces deux joueurs seraient encore disponibles en deuxième ronde.

Mais Collberg représente une belle surprise.

Le défenseur Dalton Thrower? Les attaquants Tim Bozon, Brady Vail, Charles Hudon et Erik Nystrom? Le temps nous le dira.

Il ne faudrait pas oublier qu'en 2003, on ne savait rien du petit gardien nommé Jaroslav Halak que le Canadien avait repêché avec sa 271e sélection.

Je n'ai pas besoin de vous rappeler qu'Andrei Markov a été repêché après Eric Chouinard, Mike Ribeiro, François Beauchemin, Andrei Bashkirov et Gordie Dwyer en 1998. Et que Michael Ryder a été repêché 54 sélections plus tard...

Alors, il faudra être patient...

Pour vous aider à maintenir cette patience, je vous indique que les cinq premiers choix du Canadien, des sélections aux 3e, 33e, 51e, 64e et 94e rangs étaient tous dans les 60 premières sélections de mes collègues Bob McKenzie et Craig Button de TSN. Des références dans le domaine...

Cela dit, ce qui est vrai pour le Canadien l'est aussi pour les autres équipes.

Et bien que des recruteurs que je respecte au plus haut point m'aient indiqué hier qu'après la troisième ronde, il n'y avait plus rien à tirer de ce repêchage qui est considéré comme l'un des plus mauvais des 15 à 20 dernières années, j'ai hâte de voir combien de joueurs sélectionnés en 4e, 5e, 6e et peut-être 7e rondes seront devenus des joueurs de qualité dans la LNH dans cinq ans.

On s'en reparlera...

Pourquoi pas Staal à Montréal?

Plusieurs fans du Canadien et des observateurs ont poussé les grands cris quand ils ont réalisé que les Hurricanes de la Caroline avaient obtenu Jordan Staal pour un premier choix au repêchage, Brandon Sutter et un espoir nommé Brian Dumoulin.

À leurs yeux, le Canadien aurait facilement pu offrir autant aux Penguins pour obtenir les services de Staal.

C'est vrai.

Surtout que le Canadien comptait sur la troisième sélection et que les Hurricanes parlaient au huitième rang.

Mais quand on passe au deuxième degré d'analyse, il est clair que le cadet des frères Staal avait l'intention d'aller rejoindre son aîné en Caroline. Son refus de considérer l'offre de 60 millions de dollars pour dix ans en a fait la preuve par... 60 millions.

Et c'est pour cette raison que le Canadien a bien fait de garder Galchenyuk.

Staal deviendra joueur autonome dans un an. Il sera libre comme l'air. Si le Canadien l'avait alors perdu parce qu'il tenait à aller rejoindre Eric en Caroline, la direction du Tricolore se serait fait lapider de critiques.

Avec raison!

La prudence affichée dans ce dossier sera sans l'ombre d'un doute un jour récompensée.

C'est du moins mon impression.

Grande journée pour les Brassard

Autre beau moment du repêchage : l'annonce par les Sénateurs d'Ottawa de la sélection du jeune gardien des Remparts de Québec François Brassard.

Ce n'est pas le fan des Sénateurs qui parlent. Encore moins le fan des Remparts, car mes liens avec le hockey de la LHJMQ c'est avec les Olympiques de Hull (Gatineau) que je les ai tissés.

Mais François Brassard est le fils de mon collègue et ami Marc Brassard avec qui j'ai partagé les pages sportives du quotidien Le Droit d'Ottawa pendant des années.

Le sourire de Marc que j'ai croisé une demi-heure après la sélection de son gars n'avait pas de prix. Journaliste de grande qualité, très bon observateur de hockey et bon gardien à ses heures dans les ligues de garage - la pomme n'est pas tombée loin du pommier - Marc n'est pas le plus démonstratif des gars.

Mais samedi, ce n'était plus vrai.

«Je pense que c'est la première fois que je vois les dents de mon père sortir de sa moustache», a d'ailleurs lancé son fiston.

Je ne sais pas si François Brassard défendra un jour les buts des Sénateurs. Pour l'instant, il a encore bien du travail à abattre dans les rangs juniors. Et il le sait très bien. Mais le fait d'être repêché, même en sixième ronde, lui permettra de débarquer dans le vestiaire des Remparts avec plus de confiance.

«Je n'ai encore rien prouvé avec les Remparts. Je n'ai pas disputé assez de matchs. Je dois gagner l'an prochain et gagner en séries. Pour le reste, je vais prendre les choses lentement. J'espère bien sûr faire le saut un jour. Mais ça arrivera quand ça arrivera. Dans trois, quatre ou cinq ans.

Entre les lignes

Comme ça Benoit Pouliot change de camp encore une fois. Après avoir prétendu ne pas avoir obtenu une vraie chance à Montréal, il ne pourra pas dire la même chose à son départ des Bruins. Du moins je l'espère... Il se retrouve en Floride en retour d'un choix de cinquième ronde et de Michel Ouellet qui n'arrivait pas à percer l'alignement du Lightning. Ça sent l'exaspération des Bruins à plein nez cette transaction. Pouliot a du talent. Beaucoup. Si Guy Boucher trouve le moyen de bien l'exploiter, ce sera un plus pour le Lightning. Mais après des épisodes difficiles au Minnesota, à Montréal et à Boston, ça ne peut pas juste être la faute des coachs et des organisations...

Jonas Gustavsson quitte les Maple Leafs et se joint aux Jets à Winnipeg. Les Jets doivent se préparer à l'éventuelle perte de Ondrej Pavelec qui menace d'aller jouer en Russie dans la KHL. Petit conseil pour les Jets, ce n'est pas avec le «Monstre» que vous remplacerez Pavelec...

Quant aux Leafs, ils ont toujours besoin d'un gardien. On a entendu le vent souffler le nom de Roberto Luongo toute la fin de semaine, mais jamais entendu Brian Burke le crier à haute voix...

Les Leafs ont quand même conclu une transaction intéressante en mettant la main sur James Van Riemsdyk en retour du défenseur Luke Schenn, qui rejoint son frère Brayden, un attaquant obtenu des Kings l'été dernier dans la transaction qui a chassé Mike Richards de Philadelphie...

Il faisait chaud au Québec cette semaine. C'était très chaud aussi à Pittsburgh. Mais moins qu'en 1996 à St-Louis où il était presque dangereux de marcher dans les rues entre 10 h et 14 h...

C'est mon deuxième repêchage à Pittsburgh. En 1997, Joe Thornton avait été le tout premier choix de la cuvée. Il s'était retrouvé à Boston en compagnie de Sergei Samsonov et le coach des Bruins était Pat Burns. Pat nous a quittés pour un monde que je souhaite meilleur. Samsonov n'a pas joué l'an dernier et s'approche de la retraite. Joe Thornton revendique 1078 points amassés en 1077 matchs et il est toujours en quête d'une coupe Stanley. Tout ça pour dire que je commence à me sentir vieux...

Rendez-vous l'an prochain au New Jersey où je serai vraiment rendu vieux...