Au Québec, les fans de hockey demeureront fidèles. Aux États-Unis, dans les marchés où la rondelle n'est pas si populaire? Antoine Vermette est moins sûr.

Vermette, membre des Coyotes de Phoenix depuis février, vit ce lock-out au Québec, où il participe à la Tournée des joueurs avec plusieurs collègues. Mais il a récemment passé un mois à s'entraîner avec ses coéquipiers des Coyotes en Arizona, et il a pu constater que l'indignation face au lock-out est un peu moins grande par là-bas.

«Au resto, les gens me posaient parfois des questions, relate-t-il en entrevue téléphonique. Mais là-bas, depuis le début de l'automne, ce sont les Cards de l'Arizona qui attirent toute l'attention. Les vétérans du club me disent qu'en Arizona, la saison de hockey ne commence qu'après celle de football. Il y a une petite fenêtre qui s'ouvre quand les Cards ne jouent plus.»

Dans le milieu du hockey, on affirme de plus en plus que ce conflit pourrait finir par faire mal aux petits marchés. Par exemple, les fans de l'Arizona, déjà peu nombreux, seront-ils au rendez-vous quand les Coyotes sauteront de nouveau sur la glace?

Antoine Vermette hésite un peu quand on lui pose la question.

«C'est une bonne question... Il faut se la poser. C'est sûr qu'en Arizona, il y a d'autres équipes de sport. Je ne sais pas si les fans seront de retour en Arizona quand le lock-out sera fini, mais je ne pense pas que ce soit bénéfique pour la ligue de se rendre jusque là. Pour Gary Bettman, le lock-out est une nécessité... j'espère que les propriétaires et lui se rendent compte de ce qu'ils sont en train de faire.»

Sans compter que l'avenir des Coyotes dans le désert de l'Arizona est loin d'être assuré. L'homme d'affaires Greg Jamison n'a toujours pas réussi à conclure l'achat du club, après des mois et des mois de discussions.

«Il y a encore de l'incertitude, reconnaît l'attaquant de 30 ans. C'est un peu la même histoire qui continue. On ne sait pas trop ce qui va se passer. On entend dire que (Greg) Jamison aurait les fonds nécessaires pour acheter le club, mais c'est complexe.»

Melnyk brise le silence

Par ailleurs, un propriétaire s'est permis de briser le silence imposé par la LNH depuis le début de ce lock-out: Eugene Melnyk.

Melnyk, grand patron des Sénateurs d'Ottawa, a livré ses commentaires sur les ondes du réseau Sportsnet. Ses propos n'avaient rien de spectaculaire, mais il a tout de même échappé cette phrase qui laisse présumer une certaine frustration: «On devrait jouer au hockey en ce moment.»

Antoine Vermette, qui a joué pour les Sénateurs durant cinq saisons, s'est dit heureux d'entendre que son ancien patron avait choisi de se prononcer ainsi en public.

«C'est rafraîchissant d'entendre ça. Est-ce que tous les propriétaires veulent de ce conflit de travail? Permets-moi d'en douter grandement. Je suis persuadé qu'il y a des équipes qui étaient contre un lock-out. Ça ne fait pas l'affaire de tous les propriétaires. Regarde ceux qui n'ont pas le droit de commenter... Pourquoi c'est comme ça? Nous, on peut parler aux médias, et on le fait.»

Malgré ce conflit qui ne semble plus finir, le joueur québécois demeure un brin optimiste.

«J'essaie de garder confiance, je me dis que ça n'a pas d'allure et que ça ne peut continuer. La ligue est en santé et ce lock-out, ce n'est pas une nécessité», conclut-il.

Photo:PC

Le propriétaire des Sénateurs d'Ottawa, Eugene Melnyk.