Landon Cole a passé l'Halloween, mercredi soir, déguisé en joueur des Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Ça fera au moins un membre de la famille Cole en uniforme puisque son père Erik, lui, ne l'est toujours pas.

Et l'ailier du Canadien n'est guère optimiste. Il appréhende de plus en plus l'annulation de toute la saison.

«J'en suis pas mal rendu là, a confié Cole à La Presse. De la façon dont la ligue se comporte, en tout cas, on va dans cette direction.»

De garder un oeil sur son fils de huit ans pendant qu'il va de maison en maison n'est qu'une des nombreuses tâches familiales auxquelles Cole a le temps de s'adonner en l'absence du hockey.

Si l'ailier de 33 ans assure qu'il s'accommode bien de la situation, c'est parce qu'il était convaincu depuis le milieu de l'été qu'il n'y aurait pas de hockey avant le 1er décembre.

«Je ne peux pas être surpris de la façon dont les choses se déroulent, a convenu Cole. Mais au train où ça va, on sera chanceux s'il y a du hockey au début janvier...»

Les Cole étaient à ce point préparés au conflit qu'ils avaient envisagé cet été de renvoyer leurs enfants à l'école en Caroline.

«En fin de compte, nous avons laissé le choix aux enfants et ils ont décidé de rester à Montréal», a précisé l'ancien des Hurricanes.

La retraite?

Pendant le lock-out de 2004-2005, Cole était parti jouer en Allemagne. Cette fois-ci, même si tout le calendrier doit être jeté aux orties, il n'entend pas aller où que ce soit.

«J'avais 24 ans à l'époque et j'estimais que de prendre une année de répit n'allait pas aider ma carrière, a-t-il expliqué. Je mûrissais encore comme joueur et je suis heureux de l'expérience que j'y ai vécue.

«Aujourd'hui, c'est différent. De me reposer et de m'entraîner est mieux pour moi... et surtout pour ma famille.»

L'attaquant américain se dit prêt à rouler avec les coups, mais l'annulation de la saison pourrait entraîner une autre conversation chez les Cole.

«Si le conflit s'éternise, il y aura lieu de me demander si je veux continuer à faire partie de ce truc-là. Si toute la saison est annulée et que la reprise semble incertaine, je vais regarder du côté de l'Europe ou peut-être tout simplement prendre ma retraite.

«En tout cas, je vais réfléchir sérieusement à mon travail cet été. Je ne resterai pas indéfiniment à la merci des propriétaires.»

Rappelons qu'après cette année, il restera deux ans et 8 millions à écouler à son contrat avec le Tricolore.

Une claque au visage

Cole en a contre les positions de la LNH, mais demeure empathique à la situation de son propre patron.

«Je sais que nous avons un propriétaire qui préférerait nous voir jouer plutôt que de nous mettre en lock-out», a-t-il dit à propos de Geoff Molson.

Espère-t-il que ce dernier prenne du leadership parmi les modérés et qu'il exerce une certaine pression du côté patronal?

«Tout le monde aimerait que ce soit une option, mais le fait est que Gary Bettman s'était bien préparé avant le dernier lock-out, a rappelé Cole. En ayant besoin de l'appui de seulement huit propriétaires pour prendre ses décisions, cela devient difficile pour les deux-tiers des propriétaires d'agir.»

Il faudra bien trouver des pistes de solution surtout à l'heure où la LNH s'apprête à annuler la Classique hivernale, l'un de ses plus gros véhicules marketing aux États-Unis.

«Faire une croix sur cet événement est une claque au visage des amateurs, martèle Cole. Les deux parties devraient continuer de négocier et attendre avant d'annuler cet événement. Le problème, c'est que ça ne négocie pas pour l'instant!

«S'ils sont pour annuler la Classique hivernale, aussi bien annuler tous les matchs qui nous mènent jusqu'à cette date...»

Blessé, donc payé

Cole soignait une blessure au bas du corps au moment où devait à l'origine s'amorcer la saison. Selon les règles contractuelles, il devait effectuer sa convalescence sous la supervision du personnel médical du Canadien. Il s'est donc rendu au Centre Bell à 8h30 tous les matins pour subir des traitements.

De se retrouver, avec Rene Bourque et Petteri Nokelainen, au milieu des thérapeutes, épié par le nouveau groupe d'entraîneurs, l'a fait baigner dans une atmosphère étrange.

En contrepartie, Cole a pu toucher son premier chèque de paie de la saison avant de recevoir le feu vert de l'équipe, il y a deux semaines. Et sa mise en lock-out officielle.

«Ce n'est pas comme si je vivais d'un chèque à l'autre», lance Cole, qui patine désormais avec quelques coéquipiers à Brossard. «J'ai joué plusieurs années en gagnant le salaire moyen et j'ai été intelligent dans ma gestion...»

Il n'est donc pas à veille d'aller quémander au bureau de Gary Bettman. Pas même déguisé.