«J'ai croisé Alex Tanguay souvent au cours des deux dernières saisons et chaque fois, il connaissait de bons matchs. Il travaillait. Il nous fatiguait. Je suis incapable de prédire ce qu'il fera à Montréal. Mais je peux assurer une chose: s'il joue avec le Canadien comme il le faisait contre nous, les partisans vont l'aimer.»

Qui encense ainsi le nouveau venu du Canadien? L'entraîneur-chef des Canucks de Vancouver, Alain Vigneault. L'an dernier, à l'ouverture du camp d'entraînement du Canadien, Vigneault, joint par La Presse, avait défilé des tas de compliments similaires à l'endroit de Roman Hamrlik, embauché à titre de joueur autonome par l'équipe montréalaise.

Les compliments de Vigneault tranchaient avec les doutes suscités par l'âge du défenseur tchèque, embauché à titre de joueur autonome pour quatre longues années. Les performances de Hamrlik ont vite donné raison à Vigneault.

Composer avec la pression?

Cette année, l'ancien entraîneur-chef du Canadien (1997-2000) affiche la même conviction dans ses commentaires sur Tanguay, que Bob Gainey a obtenu des Flames de Calgary en retour d'un choix de première ronde.

Vigneault évoque toutefois un aspect qui laisse planer un brin d'incertitude: comme bien des gens autour de la LNH, il a entendu les doutes associés au nom de l'attaquant québécois qu'on qualifie d'anxieux, de joueur sensible aux critiques et susceptible de craquer sous la pression.

Des critiques qui ont contribué à le chasser du vestiaire de l'Avalanche du Colorado, selon plusieurs observateurs. Des critiques qui l'ont suivi aux pieds des Rocheuses canadiennes.

«On entend bien des choses sur bien du monde autour de la LNH. Mais je peux te dire que ces doutes, Tanguay les a toujours bien cachés contre nous. On le disait craintif dans le trafic et contre nous, il était toujours dans les coins ou bataillait pour une place dans la zone payante. Je veux bien croire que la majorité de nos défenseurs réguliers étaient blessés, mais il était vraiment à l'ouvrage», a raconté Vigneault lors d'un entretien avec La Presse hier.

Mais alors, comment expliquer sa récolte de 58 points, dont 18 buts, l'an dernier ? Une récolte décevante en comparaison des 81 points, dont 22 buts, l'année précédente à sa première saison à Calgary.

«Est-ce que Mike Keenan (l'entraîneur-chef des Flames) était sur son dos et qu'il n'a pas su composer avec cette situation? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c'est qu'il évoluait dans un marché où la pression est bien plus forte qu'au Colorado. Mais cette pression n'a rien à voir avec celle qu'il affrontera à Montréal. J'ai hâte de voir comment il réagira. Mais s'il affiche la même conviction qu'il affichait les deux dernières saisons contre nous, il fera taire les critiques.»

Fin passeur, habile marqueur

Les Canucks ont remporté cinq de leurs huit duels contre les Flames l'an dernier; Tanguay y a alors marqué un but et récolté six points.

«Il peut te faire mal de bien des façons. C'est un bon manieur de rondelle, un gars qui a une belle vision du jeu et surtout un très bon flair sur la patinoire, une belle anticipation. Alex complète de très bonnes passes, mais il peut aussi te faire mal en marquant le but important si tu lui en donnes l'occasion. Et défensivement, il était très responsable, une qualité qui plaît aux entraîneurs», a analysé Vigneault.

Après une semaine de spéculations qui ont suivi l'embauche de Robert Lang en guise de solution de rechange à Mats Sundin à Montréal, il sera intéressant de voir à quel joueur de centre Guy Carbonneau jumellera Alex Tanguay.

Plusieurs s'attendent à le voir à la droite de Saku Koivu au sein d'un trio complété par Chris Higgins.

La réponse viendra sans doute demain ou dimanche, lors des deux premiers jours d'entraînement du Tricolore, ou dès le début de la semaine prochaine alors que le Canadien jouera trois matchs en trois soirs. Il sera à Halifax lundi, contre Boston, à Roberval mardi, contre Buffalo, et à Detroit mercredi, contre les champions de la Coupe Stanley.