Ça m'a frappé comme une gifle au visage mercredi soir sur la tribune de presse de l'aréna Marcel-Dionne, à Drummondville, en deuxième période du match entre les espoirs du Québec et ceux de la Russie.

Le match entre cette équipe B russe et nos meilleurs joueurs de la LHJMQ (hormis quelques blessés comme Simon Després et Philippe Lefebvre) était assez partagé. Mais je voyais cette quantité de passes ratées par les joueurs du Québec. Ces sorties de zone systématiques par la baie vitrée. Ce garrochage de rondelle en fond de zone une fois qu'on parvenait à quitter son territoire. Ce manque flagrant de créativité. Ce manque flagrant d'habiletés techniques comme la fluidité sur patins, le maniement de rondelle, la souplesse. La Russie ne dominait pas le match, mais ses joueurs semblaient à des années-lumière devant le Québec sur ce plan.

Je veux bien croire que ces jeunes n'ont pas l'habitude de jouer ensemble. D'où le manque de cohésion. Je veux bien croire que le Québec a dominé au chapitre des tirs avec une poussée irrésistible en troisième période. Mais le spectacle était désolant. J'attendais la passe lumineuse. La feinte réussie. La sortie de zone rapide et efficace. Passe lumineuse? Une ou deux? Feinte? Bof. Sortie de zone? Quatre ou cinq.

Le cri d'alarme est pourtant lancé depuis plusieurs années. Les journalistes Martin Leclerc et Stéphane Leroux, des entraîneurs, comme Guy Boucher par exemple, ont fait état du problème. La LHJMQ doit piger en Europe, dans les Maritimes et aux États-Unis pour compléter ses formations. Remarquez que l'Ontario et l'Ouest le font aussi. Mais pourquoi ne cesse-t-on d'entendre que le manque de profondeur est flagrant chez les équipes juniors québécoises?

J'ai vu quelques belles choses mercredi à Drummondville. Sean Couturier sera probablement l'un des trois premiers joueurs repêchés dans la LNH l'été prochain. Belle maturité pour un joueur de 17 ans, efficace dans les trois zones. Habile, intelligent, robuste, bref, il ne semble pas lui manquer grand-chose. Pas un Sidney Crosby, mais probablement un Jordan Staal, à qui se plaît à le comparer le DG des Voltigeurs, Dominic Ricard.

Michaël Bournival, un choix de troisième ronde de l'Avalanche du Colorado en 2010 échangé hier au Canadien, a probablement été le meilleur après Couturier. De quoi hausser sa valeur aux yeux de l'équipe canadienne en prévision du Championnat mondial junior.

Louis Leblanc? Le premier choix du Canadien jouait avec une épaule amochée. N'empêche, je persiste à dire qu'il ne deviendra pas un grand joueur offensif dans la LNH, et que l'aile lui sied mieux que le centre. Tant mieux s'il me fait mentir.

Deux candidats intéressants au prochain repêchage, Jonathan Huberdeau, un attaquant des Sea Dogs de Saint John, et Xavier Ouellet, jeune défenseur du Junior de Montréal (certains chuchotent qu'il est de loin le meilleur joueur du Junior cette saison, tous âges et positions confondus), m'ont beaucoup plu.

Sinon, ça reste mince. Prière de ne pas vous plaindre s'il y a peu de Québécois au sein de l'équipe nationale junior au Championnat mondial junior, ou si le Canadien ne repêche pas assez de francophones à votre goût. Il faudrait plutôt repenser à notre système de développement. Et vite à part ça!