Ils ne le diront certes pas, mais les dirigeants de la Ligue nationale de hockey ont sans doute poussé un énorme soupir de soulagement, vendredi soir, quand Nathan Horton a propulsé les Bruins de Boston en grande finale de la Coupe Stanley.

Pourquoi? Parce qu'une grande finale entre le Lightning de Tampa Bay et les Canucks de Vancouver aurait mené à des cotes d'écoute désastreuses à la télé américaine. Bruins contre Canucks, c'est un peu plus «vendeur» pour la LNH. Même si ce n'est pas parfait.

Il faut dire que la barre est haute cette fois-ci. La dernière grande finale a opposé les Flyers de Philadelphie aux Blackhawks de Chicago, deux équipes très populaires qui évoluent dans des marchés favorables.

Cette finale spectaculaire, remportée par les Hawks, avait aussi mené à des chiffres spectaculaires: 8,28 millions de téléspectateurs pour le match ultime, le sixième, et une moyenne de 6,1 millions de téléspectateurs pour les quatre rencontres présentées sur les ondes de NBC.

Ça risque d'être un brin plus difficile cette fois-ci.

La première raison, c'est les Canucks de Vancouver. Rien contre Roberto Luongo, Alain Vigneault et les frères Sedin, rien non plus contre les bonhommes verts sur le bord de la baie vitrée au Rogers Arena, mais tout ce beau monde est peu connu de l'amateur moyen. Pas mal moins connu, en tout cas, que les joueurs des Hawks et ceux des Red Wings de Detroit, des clubs populaires qui ont représenté l'Association de l'Ouest lors des trois finales précédentes.

L'autre gros problème, c'est que le hockey va avoir de la compétition sur les ondes sportives. De la très grosse compétition, en fait.

Au basketball, voyez-vous, la NBA est sur le point de présenter une grande finale de rêve. D'un bord, les Mavericks de Dallas, menés par Dirk Nowitzki, l'un des joueurs les plus populaires du circuit. Dallas, c'est aussi un énorme marché télévisuel, le cinquième en importance aux États-Unis.

Ce n'est pas tout. Les Mavericks vont se frotter au club de l'heure, sans doute le club le plus «glamour» de la ligue, le Heat de Miami. Le Heat, c'est trois vedettes d'un seul coup en LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh, et c'est aussi le roman-savon le plus savoureux du basketball depuis les belles années de Michael Jordan chez les Bulls de Chicago. Avec nos excuses aux Lakers de Kobe et du gros Shaq.

On peut bien admirer les prouesses des Sedin, l'agilité de Tim Thomas et le nez de Brad Marchand, une chose est sûre: en terre américaine, sur le terrain congestionné de l'attention médiatique, les joueurs de basket vont occuper toute la place au cours des deux prochaines semaines. Les patineurs, eux, vont devoir se contenter des restes.

Remarquez, cela aurait pu être pire. Avec le Lightning et le petit marché de Tampa Bay en grande finale, la ligue se dirigeait droit vers un désastre au chapitre des cotes d'écoute aux États-Unis. Les Bruins ne misent sur aucun joueur vedette et aucun gros nom, mais au moins, ils évoluent dans le septième plus gros marché télévisuel du pays, avec quelque 2,5 millions de foyers. Boston n'est pas la ville des Bruins (c'est la ville des Red Sox avant tout), mais le club de hockey n'a pas gagné une seule Coupe Stanley depuis 1972. Cette longue disette devrait permettre d'obtenir de bonnes cotes d'écoute par là-bas.

Équipe canadienne

Cela dit, les Bruins et les Canucks n'ont pas le rayonnement national des Flyers ou des Hawks, et pour le fan de Nashville, San Jose ou encore Muncie, Indiana, un choc Bruins-Canucks peut paraître aussi intéressant qu'un documentaire sur l'Assemblée nationale.

C'est bien connu, pour la télé américaine, un club canadien en finale représente un véritable désastre. Les téléspectateurs canadiens ne sont évidemment pas comptés dans la moyenne américaine. La dernière fois qu'un club canadien s'est invité en grande finale (Ottawa, en 2007), la télé américaine avait récolté une gênante moyenne de 1,76 million de téléspectateurs, la pire de l'histoire du hockey aux États-Unis.

Les Canucks et les Bruins sont certes talentueux. Mais contre Nowitzki, LeBron, Wade et Bosh, ils risquent d'être déclassés. Et pas à peu près.



Des nouvelles de Sidney Crosby

Vous vous souvenez quand certains experts parlaient d'un possible retour en deuxième ronde pour Sidney Crosby? Bien sûr, les Penguins n'ont jamais atteint la deuxième ronde, mais de toute évidence, Sid The Kid n'a jamais été près d'un retour.

Pas du tout.

En fait, même si les Penguins étaient de la grande finale cette semaine, Crosby n'y serait pas. Selon le Pittsburgh Post-Gazette, le joueur vedette attend toujours le OK d'un spécialiste avant même de pouvoir entreprendre son programme de remise en forme pendant la saison morte. Tout ça pour un coup à la tête qui, rappelons-le, est survenu le 6 janvier.

Toujours selon le Post-Gazette, le jeune joueur avait reçu le OK pour prendre part à des entraînements sans contact en avril, mais avait dû arrêter en raison de maux de tête persistants.

Inquiétant? Plutôt, oui. Les commotions cérébrales ne sont jamais les mêmes, elles sont surtout dures à mesurer, mais de toute évidence, celle-ci est très sérieuse, au point où l'on peut maintenant se poser la question: Crosby serait-il présent au camp d'entraînement des Penguins, en septembre? Malheureusement, personne ne peut prétendre connaître la réponse.

Pendant ce temps, la nouvelle politique des coups à la tête est appliquée de façon aléatoire, improvisée, sans trop de constance. Mais ce n'est pas grave. C'est les séries, et quand c'est les séries, les règles ne tiennent plus.

En attendant, le meilleur joueur de la ligue (le plus populaire aussi) est toujours chez lui à attendre que les symptômes disparaissent. À la place de Gary Bettman, ça m'inquiéterait un peu.



Photo: AP

Sidney Crosby

Colin Campbell et le conflit d'intérêt

Texte plutôt assassin du confrère Tony Gallagher, samedi, dans le Vancouver Province. Avec les Bruins de Boston en finale, Gallagher se pose des questions au sujet de Colin Campbell, le préfet de discipline de la Ligue nationale.

La raison principale, bien sûr: il y a chez les Bruins un certain Gregory Campbell, qui est le fils de vous savez qui.

Le journaliste rappelle qu'il n'y a eu aucune pénalité imposée lors du match numéro sept entre les Bruins et le Lightning, et que cela a considérablement joué à l'avantage des Bruins, eux dont les unités spéciales sont tout à fait nulles.

Il rappelle aussi que les unités spéciales des Canucks sont solides, et se demande si les arbitres vont choisir de «laisser les joueurs jouer», ce qui, bien sûr, serait à l'avantage des Bruins.

On connaît la position de Gary Bettman par rapport à Colin Campbell. La Ligue prétend que Campbell est un pro, et qu'il peut très bien faire son travail malgré la présence de son fils chez les Bruins. N'empêche qu'il y a des doutes. Des interrogations. La chose la plus logique à faire serait d'affecter Colin Campbell à une autre position. Juste pour éviter les soupçons, justement.

Mais dans cette ligue, la logique, vous savez, c'est parfois un concept fort abstrait...

En tout cas.



Photo: archives La Presse

Le préfet de discipline de la LNH, Colin Campbell

À qui le Conn Smythe?

Excellente question. Disons qu'il y a déjà des choix qui semblent s'imposer. En partant, on pourra difficilement ignorer Ryan Kesler. L'attaquant des Canucks de Vancouver est en feu ce printemps, et le voici au deuxième rang des compteurs de son club. Il a marqué des buts importants, et il a fait tout un travail sur Jonathan Toews des Hawks au premier tour. Encore quelques buts et quelques points importants, et ce trophée sera le sien.

Henrik Sedin, lui, a été critiqué par les fans des Canucks, et parfois, c'est vrai, on avait l'impression qu'il disparaissait. Mais là, il est bien visible, en tête des compteurs depuis le début des séries, avec 21 points. Dur d'ignorer un type qui a 21 points.

On le dit tout croche, on le dit chanceux, mais si les Bruins de Boston sont encore là, c'est avant tout grâce à lui. Oui, Tim Thomas a un style qui évoque les années 1980, mais il arrête les rondelles, et surtout, il fait les gros arrêts quand ça compte.

Nathan Horton, lui, fait partie de ces joueurs ordinaires qui se font remarquer quand ça compte. Le but gagnant en prolongation du cinquième match contre le CH? C'est lui. Le but qui a éliminé le CH en prolongation du 7e match? C'est lui. Le but qui a sorti le Lightning à la fin du 7e match à Boston? C'est lui aussi.

Enfin, Roberto Luongo a été vertement critiqué lors du premier tour contre Chicago, mais depuis, on peut difficilement trouver quelque chose à redire contre le gardien québécois. On verra bien ce qui va se passer contre les Bruins, mais si jamais Luongo enchaîne les petits miracles, il récoltera assurément sa part de votes.

Le chiffre

Zéro, comme dans pas une seule pénalité lors du match numéro sept entre le Lightning et les Bruins, vendredi soir à Boston. Quand même incroyable.

Un nouveau chandail pour Kovalev

Les Penguins ont confirmé qu'ils n'allaient pas faire une offre à Alex Kovalev. Ses chiffres cette saison à Pittsburgh: 20 matchs, 7 points.

La folle rumeur de la semaine

Tim Thomas aux Flyers

C'est du moins ce que prétend ESPN.com, qui affirme que les Flyers songent à acquérir Thomas cet été. Même si Thomas permet aux Bruins de gagner la Coupe Stanley, paraît-il... Selon le site, les Bruins ont déjà offert le gardien aux Flyers, en retour de Jeff Carter.

La citation

«J'ai été heureux que notre propriétaire parle au reste de l'équipe»

Claude Julien, dimanche, suite à un discours du proprio des Bruins, Jeremy Jacobs. Disons qu'on aurait été surpris si Julien avait dit le contraire!

Photo: Reuters

Ryan Kesler