Faut-il s'inquiéter du rendement du jeune hockeyeur Nicolas Deschamps, premier Québécois sélectionné au dernier repêchage de la LNH à Ottawa, en juin?

Deschamps, 18 ans, était au coeur de l'actualité sportive québécoise à Ottawa. Son histoire en avait charmé plusieurs. Ignoré à sa première année d'admissibilité dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec, à 15 ans, il a finalement été repêché un an plus tard. Il s'est présenté au camp des Saguenéens de Chicoutimi en août 2007 sans vraiment figurer dans les plans de l'équipe.

Il a ensuite connu une année de rêve pour une recrue, récoltant 67 points en 70 matchs. Certains prédisaient qu'il serait choisi dans la première ronde. Des murmures laissaient aussi entendre qu'il intéressait le Canadien, au 25e rang... jusqu'à ce que Bob Gainey offre ce choix aux Flames pour obtenir Alex Tanguay.

Deschamps a été repêché au cinquième rang de la deuxième ronde par les Ducks d'Anaheim. Par la suite, les choses ne se sont pas déroulées aussi bien que prévu. Vers la fin du camp des recrues, en septembre, la direction des Ducks a fait savoir à Deschamps, un ailier hyper rapide, qu'il ne serait pas retenu pour le camp d'entraînement de l'équipe, alors que c'était le plan initial.

Puis, depuis l'ouverture de la saison de la LHJMQ, Deschamps montre une fiche de six points, dont seulement deux buts, en 14 matchs (avant celui d'hier).

«Nicolas a vécu beaucoup de choses depuis un an, et très vite, explique son agent, Christian Daigle, au bout du fil. Il est passé d'un gars pas repêché à 15 ans chez les juniors au statut de premier Québécois repêché par la la LNH. C'est beaucoup de changements dans une vie. Mais je trouve que ça s'est replacé dernièrement. Il a des chances de marquer et l'effort est là. On ne peut rien reprocher à un joueur qui y met l'effort.»

Daigle a tout de même profité de son passage à Chicoutimi pour avoir une bonne conversation avec son protégé.

«On s'est dit qu'il devait faire une croix sur ses succès de l'an passé. Au hockey, tout est continuellement à refaire. Il faut vivre dans le présent et non dans le passé. Et ne pas regarder trop loin devant. Depuis ce temps-là, je sais que Nicolas a corrigé des choses au quotidien.»

Son entraîneur, Richard Martel, attribue son lent départ à la perte de son joueur de centre, Francis Paré, qui joue désormais dans l'organisation des Red Wings de Detroit à Grand Rapids, dans la Ligue américaine.

«Francis avait 20 ans et il était aguerri dans cette ligue-là. Et il y avait une chimie incroyable entre Francis, Jacob Lagacé et Nicolas. Le centre, c'est un gros morceau quand ça part. Les ailiers de Denis Savard et de Pat Lafontaine n'ont jamais joué dans la Ligue nationale. Il y a aussi la pression d'avoir été repêché tôt. Nicolas a connu des ennuis au départ et il s'est mis à réfléchir. Et je n'ai pas de joueur de 19 ou 20 ans pour l'épauler. Si on regarde partout dans la ligue, les joueurs de 18 ans qui produisent bien sont tous appuyés par des gars de 20 ans. Mais de match en match, je trouve que Nicolas, qu'on a replacé au centre, va beaucoup mieux.»

Martel ne doute pas des succès éventuels de Deschamps. «Il a une chose en commun avec tous ceux qui ont percé et que j'ai dirigés. Steve Bégin, Jean-Pierre Dumont et Roberto Luongo, c'étaient des machines de travail à l'entraînement. Nicolas Deschamps est un bourreau de travail. Des fois, il faut même l'arrêter.»

On oublie souvent aussi, parfois, qu'ils étaient des adolescents hier à peine...