Sous John MacLean, les Devils du New Jersey coulaient rapidement en direction du dernier rang. Sous Jacques Lemaire, les voici qui bataillent maintenant pour une place en séries éliminatoires.

Dans la LNH, il n'y a sans doute pas de métamorphose aussi spectaculaire que celle-là cette saison, et tout cela est attribuable à un seul homme: Lemaire.

C'est du moins l'opinion de Lou Lamoriello, directeur général des Devils.

«Quand j'ai appelé Jacques, j'ai commencé par lui demander s'il était bien assis, car il était à la retraite et ne s'attendait pas à ça, a expliqué le DG en entrevue téléphonique avec La Presse, hier. Notre conversation n'a pas été très longue. Je lui ai seulement dit: «Jacques, j'ai besoin d'aide maintenant, et tu es le seul qui puisse nous sortir du pétrin.»»

De toute évidence, Lamoriello savait très bien ce qu'il faisait.

Sous MacLean, les Devils étaient un club mou et peu inspiré, qui n'avait amassé que 20 points en 33 rencontres en début de saison. Sous Lemaire, les hommes en rouge et noir ont depuis récolté 38 points en 29 matchs.

Alors, y a-t-il un «effet Lemaire», comme on le prétend? Lamoriello répond sans hésiter.

«Oui... C'est l'attention qu'il accorde à tous les petits détails. Il est arrivé ici et il a tout de suite changé la mentalité du club. C'est sa connaissance du sport, son intelligence, la façon dont il enseigne le hockey à ses joueurs. Jacques ne reste pas accroché à ses vieilles habitudes. S'il doit apporter des changements, il ne va pas hésiter à le faire. C'est ce qui le rend si efficace.»

Le concept d'équipe

«L'effet Lemaire», c'est aussi la soudaine renaissance de certains joueurs, à commencer par Ilya Kovalchuk, qui semblait profondément désintéressé sous John MacLean. Le joueur russe n'avait récolté que 8 points à ses 15 premiers matchs du calendrier régulier, et dans le monde du hockey, on voyait en lui un joueur grassement surpayé, à la réputation tout aussi surfaite.

Mais, surprise, il vient de récolter 17 points à ses 15 derniers matchs. Il occupe le deuxième rang chez les compteurs de son club.

«Les gars n'avaient pas le choix d'embarquer avec Jacques, d'ajouter Lou Lamoriello. Ceux qui ne veulent pas embarquer ne vont pas jouer. C'est aussi simple que ça. En arrivant ici, Jacques a fait comprendre à tout le monde qu'il allait faire les choses à sa façon. C'était très clair. Tout ce qu'il fallait faire, c'était de continuer à travailler dans la même direction. Avec Jacques, les gars se sont mis à travailler ensemble, en équipe.»

Les Devils reviennent certainement de très de loin. Treizièmes à six semaines des séries, ils ont encore un très long chemin à parcourir. Mais leurs chances d'accéder à la grande danse du printemps sont encore bonnes. D'ailleurs, Lou Lamoriello n'a pas procédé à une vente de liquidation avant la fermeture du marché des échanges.

«Il y a eu l'échange de Jason Arnott, et on avait ensuite besoin d'un joueur de centre (David Steckel), mais on aurait été très heureux si on n'avait pas fait un seul échange, de répondre Lamoriello. En ce qui concerne notre saison, je savais que si quelqu'un pouvait réussir ce tour de force, ce redressement, c'était Jacques. En début de saison, je savais que notre équipe était meilleure que ça. Et n'oubliez pas, Jacques connaissait déjà très bien nos joueurs.»

Quand on lui demande si Lemaire sera de retour en septembre, Lou Lamoriello rigole au bout du fil: «Avec les Devils, on a l'habitude d'y aller un jour à la fois... ça n'a pas changé. On verra à ce moment-là.»