Kent Hughes nous avait prévenus l’an passé : s’il n’en tenait qu’à lui, son équipe ne jouerait que six matchs préparatoires. Il a tenu parole.

L’an dernier, le directeur général du Canadien avait hérité du calendrier préparatoire de son prédécesseur, Marc Bergevin. Au moment où Hughes est entré en fonction, en janvier 2022, la planification de l’automne était déjà avancée et, surtout, on devine que les chantiers d’une nouvelle administration qui s’installe étaient multiples.

Hughes héritait aussi d’un projet bien malgré lui : la tenue de matchs à Gander, à Terre-Neuve-et-Labrador, et à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick, dans le cadre de la promotion Hockeyville.

Résultat : le calendrier préparatoire 2022 consistait en huit matchs – le maximum permis dans la convention collective – dans cinq villes, réparties dans quatre provinces, nécessitant cinq vols, tout ça en moins de deux semaines. Avec en prime des changements de fuseau horaire.

Cette année, le Tricolore est ailleurs. « Premièrement, on ne fait pas Kraft Hockeyville, donc ça va permettre à l’équipe d’avoir plus de temps d’entraînement, a rappelé Hughes lors de son point de presse d’ouverture de camp, mercredi. Dès que la saison commence, c’est tellement difficile, tu voyages, tu essaies de gérer la charge de travail des joueurs. »

L’équipe disputera donc six matchs – le minimum requis dans la convention collective – dans trois villes, toutes dans le même fuseau horaire que Pawtucket. L’avion sera requis une seule fois, pour un aller-retour Montréal-Toronto le 2 octobre.

En découpant le camp par semaine, à partir du premier lundi, jour du premier match préparatoire, les différences sont appréciables.

  • Semaine 1, 2022 : quatre matchs (deux à Montréal, un à Toronto, un à Ottawa)
  • Semaine 1, 2023 : quatre matchs (quatre à Montréal, aucun à l’étranger)
  • Semaine 2, 2022 : quatre matchs (deux à Montréal, un à Gander, un à Bouctouche)
  • Semaine 2, 2023 : deux matchs (un à Toronto, un à Ottawa)

« Nos quatre premiers matchs sont à la maison, souligne l’entraîneur-chef Martin St-Louis. Ça va nous donner la chance de mieux nous préparer que l’an passé, où c’était très chargé côté voyagement. On va essayer des choses, on va utiliser notre temps de la bonne manière. »

« On pourra davantage travailler sur ce qu’on veut faire. Et comme on jouera moins de matchs, les gars auront le temps de se reposer, estime Cole Caufield. Mais on ne travaillera pas moins, les entraîneurs vont nous pousser et c’est ce qu’on recherche. »

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Nick Suzuki et Cole Caufield

L’horaire bien meublé de l’an dernier n’avait toutefois pas torpillé le CH en début de saison. Après cinq matchs, l’équipe montrait une fiche de 3-2-0, et de 5-4-0 après neuf.

Comme l’an dernier, le camp s’amorce avec une quantité « LCF-esque » (un adjectif que l’on entend soumettre à l’Académie française) de joueurs ; 72, pour être précis, dont 69 en santé. Carey Price, Chris Wideman et Christian Dvorak sont les éclopés.

« C’est bien, ça donne la chance à plusieurs gars de voir comment ça se passe, s’est réjoui Nick Suzuki. En ayant quatre équipes, ça donne la chance à tout le monde de patiner avec des joueurs de la LNH, de voir ce que c’est. Martin [St-Louis] en parlait, il disait qu’en arrivant, il n’avait pas vraiment eu la chance de se comparer à des joueurs de la LNH. »

Escapade à Tremblant

Les joueurs du Tricolore ne resteront pas à la maison pendant toute la durée du camp pour autant. Du 4 au 7 octobre, ils s’offriront une escapade à Tremblant, comme l’équipe l’avait d’ailleurs fait en 2008, sous Guy Carbonneau.

Cette retraite d’il y a 15 ans s’était avérée haute en couleur. Les journalistes y avaient appris que Guy Carbonneau avait obtenu une prolongation de contrat. Ce fut finalement le prélude d’une saison fertile en revirements.

« Ça m’a été suggéré, a reconnu Suzuki, au sujet de la virée à Tremblant de cette année. En sortant de la ville, on pourra faire des activités pour former l’esprit d’équipe, ce qu’on ne pourrait peut-être pas faire ici. On va apprendre à se connaître. »

Suzuki, comme son bon ami Caufield, a évoqué l’idée de « sortir d’ici », autrement dit, de fuir la ville.

Ce n’est toutefois pas une retraite fermée, lui a-t-on rappelé. Les entraînements seront en effet publics, et des médias y seront. « Tant que vous ne faites pas la route avec nous ! », a blagué Caufield.