Le temps d’une soirée en tout cas, les Maple Leafs ont eu l’air de ce que leur gardien estime qu’ils sont : les meilleurs de la Ligue nationale.

Sans doute qu’en ce match présenté sous haute pression à l’aréna Banque Scotia de Toronto, les joueurs à la feuille d’érable n’avaient pas le choix : ils allaient devoir balayer les doutes, repousser les craintes, sans quoi les mauvaises blagues de club qui s’étouffe et de club qui n’a rien gagné depuis 1967 allaient remonter d’un seul coup, tel l’arrière-goût amer d’un mauvais repas dans une cafétéria douteuse.

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Et ils ont fait quoi, les Leafs ? Ils ont fait tout ça et même plus, tel que l’indique cette marque très décisive de 7-2 en leur faveur, face au Lightning de Tampa Bay.

Les experts les plus chevronnés vous le diront, les meilleurs doivent être les meilleurs, et c’est en plein ça qui est arrivé jeudi soir. Les trois premiers marqueurs du Toronto, dans l’ordre : Marner, Tavares, Nylander. Tavares a fini sa soirée au bureau avec trois buts. Il s’agit d’un premier tour du chapeau pour un membre des Leafs en séries depuis Alexander Mogilny en 2003.

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John Tavares (91) déjoue le gardien Andrei Vasilevskiy (88) lors de la deuxième période.

Si les Leafs veulent avancer ce printemps, s’ils veulent vraiment être les meilleurs, alors ça va prendre ces trois-là, et ça va prendre aussi Matthews, qui a conclu sa soirée avec une récolte de deux aides. On peut aussi ajouter le nom de Morgan Rielly à cette liste, puisque le vétéran a égalé un record d’équipe chez les défenseurs dans l’histoire du club en récoltant quatre points lors d’un match des séries. Aussi, on notera que le troisième centre des Leafs se nomme Ryan O’Reilly, ce qui ressemble un peu à un luxe.

De l’autre côté, on va se le dire, ce n’était pas la joie, de toute évidence.

Victor Hedman, blessé, n’y était pas, pas plus qu’Erik Cernak, lui aussi blessé. Sans ces deux-là à la ligne bleue, la défense du Lightning n’est évidemment plus la même, et Toronto devait en profiter lors de ce deuxième match, ce qui fut fait.

On dit toujours qu’un joueur ne fait pas une équipe, peut-être même deux, mais il est évident que ces absences se transforment en avantage marqué pour les Maple Leafs. Par grands bouts jeudi soir, la défense des visiteurs avait l’air complètement débordée, épuisée, incapable de suivre le rythme imposé par la formation torontoise, incapable de rivaliser d’intensité.

À ce sujet, la télé nous a souvent montré la mine déconfite de Jon Cooper derrière son banc. Un air songeur qui en disait long, parce que l’entraîneur du Lightning n’est pas habitué à de telles humiliations. Peut-être aussi que Cooper était incapable de bien apprécier les subtilités de la pop du célèbre duo Hall & Oates, dont un vieux succès est diffusé, tel un supplice, après chaque but des Torontois.

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Tanner Jeannot (84) et Luke Schenn (2) lors d’un combat en troisième période

Mais Cooper, un fin renard, sera sûrement loin d’être abattu, et c’est sans doute pourquoi il a refusé de hisser le drapeau blanc dans le cas d’Andrei Vasilevskiy. Même après cinq ou six ou sept buts, le gardien du Lightning n’est pas rentré au vestiaire, d’abord parce qu’il a refusé de le faire, a-t-on su en fin de soirée, mais on présume aussi que le coach ne voulait pas laisser croire qu’il abandonnait de toute façon. Les séries, ne l’oublions pas, c’est aussi la guerre psychologique.

Les Leafs n’avaient donc pas le choix, et ils ont offert le genre de performance qui va sûrement rassurer leurs fidèles. Le problème, maintenant, c’est qu’ils doivent en gagner trois autres afin de passer au deuxième tour, et ça, dans leur cas, c’est toujours le bout le plus compliqué.