Il y avait du monde à la messe pour assister aux premières foulées de Juraj Slafkovsky à Brossard en tant que membre de l’équipe.

Il y avait foule autour des baies vitrées, le Tricolore renouant avec le camp de développement après deux ans d’annulation.

Mais il y avait foule également sur la patinoire. Pas tant les joueurs, même que ça tombait comme des mouches à un certain point. C’était plutôt le nombre d’entraîneurs qui attirait l’attention. Ils étaient 13 (!), de Marie-Philip Poulin à Vincent Lecavalier en passant par Adam Nicholas, un type qui a toujours l’air d’avoir bu trois Monster quand on le voit donner des ordres sur la patinoire.

Treize entraîneurs, « c’était assez intéressant », de dire pudiquement l’attaquant Sean Farrell.

Des fleurs

La plupart des gens sur place voyaient Slafkovsky à l’œuvre, en personne, pour la toute première fois, mais pas Farrell. Le petit attaquant a non seulement déjà vu Slafkovsky en chair et en os, il l’a même affronté. C’était le 16 février, aux Jeux de Pékin, un duel entre la Slovaquie et les États-Unis au cours duquel l’Européen a inscrit un but.

« Tout le monde dans l’équipe était impressionné, s’est souvenu Farrell, en mêlée de presse après l’entraînement de lundi. Il joue avec une grille parce qu’il a 17 ans et il était probablement leur meilleur joueur. »

Il est gros, puissant, il peut tout faire.

Sean Farrell au sujet de Juraj Slafkovsky

Ce qu’il faisait si bien ? « Sa façon de contrôler la rondelle. On avait plusieurs pros dans notre équipe et il leur volait la rondelle assez facilement. »

Comprendre par là que Farrell n’est pas tombé à la renverse quand le Tricolore a repêché Slafkovsky au premier rang, cinq mois plus tard.

C’est avec ce Slafkovsky que Farrell a renoué, lundi. Les deux joueurs, possiblement les deux meilleurs espoirs du Canadien à l’attaque, ont même fait quelques exercices de trois contre trois ensemble. Un de ces exercices s’est conclu sur un but de Slafkovsky, au terme d’une longue présence de Farrell en possession de rondelle.

Regardez le but de Juraj Slafkovsky

Malgré ce but, le grand Slovaque n’était pas entièrement satisfait de sa journée. « J’étais fatigué un peu et j’avais du nouvel équipement. Mais ce ne sont pas des excuses. Je dois être meilleur », a-t-il statué.

Un contrat, mais pas de tournoi ?

Le camp se poursuivra jusqu’à mercredi. Slafkovsky a l’intention d’y décrocher un contrat. « J’ai le droit de signer un contrat à partir du 15 juillet, donc j’ai encore quatre jours », a-t-il souligné. (Note : en fait, il a le droit à compter du 13 juillet.)

Ce contrat devrait être une formalité. Avant Owen Power, qui est parti jouer un an à l’université, les quatre premiers choix au total qui l’ont précédé (Alexis Lafrenière, Jack Hughes, Rasmus Dahlin et Nico Hischier) ont signé leur contrat en moyenne 16 jours après le repêchage.

Malgré cette allusion au contrat, Slafkovsky n’a pas l’air d’un gars qui se croit assuré d’un poste. Prenez cette réponse du numéro 60 au sujet de Cole Caufield, avec qui il a échangé des textos. Plusieurs les voient déjà former un trio avec Nick Suzuki à l’automne. « Il est déjà rendu, mais moi, je dois me battre pour ma place. Donc on verra », de lancer le charismatique Slovaque.

Depuis la saison annulée 2004-2005, tous les premiers choix au total ont fait le saut directement dans la LNH, sauf Erik Johnson (2006) et Owen Power (2021).

Mais avant de penser à la prochaine saison, il y a le Mondial junior, qui aura lieu exceptionnellement en août. Sauf qu’à l’écouter annoncer son programme estival, il n’avait pas l’air d’un gars qui a inscrit cet évènement à son agenda. On devine que le Tricolore aura son mot à dire dans la décision.

Les objectifs de Farrell

Pendant que les projecteurs seront braqués sur Slafkovsky, Farrell, lui, poursuivra son développement dans la quiétude de l’Université Harvard.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Sean Farrell (90)

Ce 124choix en 2020 continue de progresser à un rythme inespéré, lui qui a amassé 28 points en 24 matchs la saison dernière. S’il n’avait pas raté le tiers des matchs en raison des Jeux olympiques et d’une blessure, il aurait terminé l’année au premier rang des compteurs de son équipe, à 20 ans.

Comme Slafkovsky, Farrell a lui aussi ses objectifs, mais ils sont plus lointains : « mener notre équipe au championnat de la ligue, au Beanpot [un tournoi à Boston] et lutter pour le championnat national », a-t-il énuméré.

S’il reste en santé, il pourrait aussi viser une sélection pour le trophée Hobey-Baker (meilleur joueur de la NCAA).

« Ça serait génial, a-t-il admis. Je serai entouré de très bons joueurs à Harvard et si on connaît une bonne saison, ce genre de truc va s’arranger tout seul. »

Beaucoup de blessés !

Le retour sur la patinoire a été pénible pour certains ! Le Tricolore a annoncé que Jayden Struble allait rater le reste du camp de développement en raison d’une blessure au bas du corps subie lundi. Pendant la séance, un autre défenseur, Gianni Fairbrother, a également semblé se blesser au bas du corps. C’est sans oublier l’attaquant Luke Tuch, atteint au visage ou près de la gorge, qui est retourné au banc en douleur.