Le nombre de cas positifs de COVID-19 annoncés au cours des prochains jours et des prochaines semaines au Québec témoignera de l’impact qu’aura la période des Fêtes sur la situation globale de la pandémie. Chez le Canadien, on constate déjà l’effet de la pause de Noël sur l’état de santé des troupes. Sans exagérer, on peut parler d’une catastrophe.

Pas moins de cinq joueurs ont rendu des tests positifs et vu leur nom s’ajouter au protocole de surveillance mis en place par la LNH. Et ce ne sont pas les moindres. Il s’agit du gardien Jake Allen ainsi que des défenseurs Ben Chiarot, Jeff Petry, Chris Wideman et Joel Edmundson – encore que ce dernier, blessé, ne devait pas jouer à court terme. Éric Raymond, entraîneur des gardiens de but, a lui aussi dû s’isoler du reste de l’équipe.

Cette situation malheureuse est loin d’être une exception dans la ligue : des dizaines de nouveaux cas ont été signalés dimanche soir et lundi matin.

Alors que les quatre derniers matchs du CH avant Noël ont été reportés, et que l’équipe ne s’était pas entraînée depuis une semaine, l’entraîneur-chef, Dominique Ducharme, a constaté l’évidence : l’éclosion ne provient pas du vestiaire. Si tel avait été le cas, la LNH aurait exigé que cessent toutes les activités du club.

« Ce sont tous des cas qui ont été contaminés à l’extérieur de l’aréna », a confirmé le pilote du Tricolore par le truchement de la plateforme Zoom. Comme la saison dernière, les communications entre les membres du club et les médias se font dorénavant virtuellement à la lumière de la situation épidémiologique au Québec et au sein de l’équipe.

Malgré les appels à la « prudence » et à la « vigilance » répétés par David Savard et Brendan Gallagher, il n’en demeure pas moins que cette explosion de cas survient alors que plusieurs joueurs ont voyagé sur le continent pour passer Noël dans leur coin de pays respectif. Un état de fait qu’a lui-même confirmé Gallagher, qui est allé visiter sa famille à Vancouver.

« Certains sont partis, d’autres sont restés ici », a expliqué l’ailier droit, qui reviendra au jeu mardi contre le Lightning de Tampa Bay, si le match a lieu.

« Les gars qui sont partis sont demeurés prudents, ils comprennent la situation », a-t-il assuré.

Longue liste

Les cinq plus récents joueurs ayant présenté un test positif de COVID-19 s’ajoutent aux quatre autres qui sont en isolement depuis la semaine dernière, soit Laurent Dauphin, Mike Hoffman, Artturi Lehkonen et Tyler Toffoli. Ce dernier, comme Edmundson, était déjà sur la liste des blessés, et son nom a été inscrit sur le protocole de COVID-19 pendant la pause de Noël.

La ligue ayant déjà reporté les matchs prévus les 26 et 27 décembre, on peut légitimement se demander si les duels des prochains jours seront bel et bien disputés.

Même si le CH s’est envolé pour Tampa lundi après-midi dans l’espoir d’y jouer mardi soir, le Lightning est lui aussi pris d’assaut par le virus. Et la Floride a connu une augmentation de 818 % de ses cas au cours des 14 derniers jours. L’État, l’un des plus mal en point du pays, a aussi vu les hospitalisations bondir de 50 % pendant la même période.

Si tout se déroule comme prévu, le Canadien, après son match de mardi, s’envolerait vers la Caroline du Nord pour affronter les Hurricanes jeudi à Raleigh, et reviendrait ensuite en Floride pour son duel contre les Panthers à Sunrise le 1er janvier.

À quelques minutes du départ, le niveau d’enthousiasme semblait variable parmi le petit échantillon d’intervenants qui se sont adressés aux membres des médias.

Dominique Ducharme a avoué n’avoir « aucune idée » de ce qui les attendait, ses joueurs et lui.

On est conscients qu’on doit s’adapter presque d’heure en heure, tant par rapport à l’horaire de la ligue que par rapport aux cas qui peuvent survenir dans l’équipe.

Dominique Ducharme, entraîneur-chef du Canadien

Partir pour une destination éloignée de Montréal compliquerait les choses, a-t-il reconnu. Une personne présentant un test positif ne peut prendre l’avion pour rentrer au Canada, mais peut traverser la frontière terrestre en voiture. Dans ces circonstances, un retour de New York ou de Buffalo est plus facile à gérer qu’un retour de Tampa.

« On espère que les joueurs qui montent dans l’avion vont rester négatifs », a résumé Ducharme, qui a par ailleurs indiqué que le moral des troupes demeurait bon dans les circonstances.

Prudence

« On va être extrêmement prudents, a promis David Savard. On va porter nos masques, on va être très restreints dans nos activités, rester dans nos chambres et marcher dehors… »

Dans ces conditions, « c’est un peu moins le fun de partir », a-t-il conclu.

Le Québécois, sans s’alarmer, a verbalisé l’inquiétude que vivent les joueurs face à la prolifération du virus tout près d’eux. « En ce moment, tu ne sais jamais si les gars qui ont patiné le matin étaient négatifs, si le gars à côté de toi va être positif plus tard… Il faut faire attention. » Les joueurs subissent présentement deux tests par jour.

Brendan Gallagher se remet lui-même d’un épisode de COVID-19 qui l’a passablement amoché et qui l’a forcé à rater sept matchs. Sa priorité est avant tout de revenir au jeu. Il s’était d’ailleurs prononcé contre une pause généralisée de la LNH avant le congé de Noël.

« Je suis emballé de revenir dans la formation et de faire mon travail, a-t-il affirmé. On fait confiance aux personnes qui prennent les décisions. On a profité de la pause pour recharger les batteries. J’ai hâte à la suite. »

Il s’est dit tout à fait à l’aise de s’envoler pour la Floride. De toute façon, a-t-il rappelé, la décision de disputer ou non le match se prend plus haut que lui dans la hiérarchie du club.

À ce sujet, Dominique Ducharme a insisté sur le fait que l’organisation et la ligue demeuraient en « constante communication ».