Le Canadien repêchera au troisième rang au prochain repêchage. À cette position, trois noms reviennent dans les discussions: Andrei Svechnikov, Filip Zadina et Brady Tkachuk. Cette semaine, La Presse vous présente ces trois ailiers. Aujourd'hui: Svechnikov.

Quand Dale Hawerchuk regarde jouer Andrei Svechnikov, il devient parfois nostalgique. Car le jeune prodige lui rappelle un des bons attaquants de sa génération.

«Il fonce au filet mieux que quiconque que j'ai vu. Si je peux ramener ça à mon époque, il me fait penser à Glenn Anderson, car il n'a peur de rien. Tu penses qu'il n'a pas d'espace pour passer, et il y va quand même!», s'émerveille Hawerchuk, entraîneur-chef des Colts de Barrie, où Svechnikov a cassé la baraque cette saison.

Il suffit en effet de regarder des montages des faits saillants de Svechnikov pour comprendre ce que Hawerchuk décrit. Plusieurs de ses 40 buts cette saison ont été marqués avec une facilité déconcertante. Mais il y a aussi ces quelques jeux où le Russe s'amène à droite, avant de couper vers le filet au dernier instant.

«Il n'a pas peur de se salir le nez, mais en plus, il possède la vitesse et les habiletés», ajoute Hawerchuk.

Ce coffre à outils supérieur à la norme a permis à Svechnikov de tout brûler sur son passage jusqu'ici. Cette saison, il a empilé 72 points en 44 matchs pour être nommé recrue par excellence dans la Ligue junior de l'Ontario. L'année précédente? Une récolte de 58 points en 48 matchs avec les Lumberjacks de Muskegon... et le titre de recrue de l'année de l'USHL à la clé.

Cette série d'exploits lui vaut donc d'être coté meilleur espoir nord-américain aux yeux de la Centrale de recrutement de la LNH.

«Il joue en puissance et avec vitesse. Et il est capable de le faire dans les moments cruciaux des matchs. Il est constant et il n'y aura pas de surprise avec lui», souligne Dan Marr, directeur de la Centrale de recrutement de la LNH.

Reste à voir si la liste des espoirs des Hurricanes de la Caroline correspondra à celle de la LNH quand ils s'amèneront à la tribune pour parler au deuxième rang, après les Sabres de Buffalo. Aux yeux de plusieurs, ça se jouera entre lui et Filip Zadina, des Mooseheads d'Halifax, sans oublier Brady Tkachuk, de Boston University.

«Ce sera dur à départager. Je crois que ce sera une question de préférence personnelle, estime un recruteur de la LNH. En termes de talent, de potentiel, de qualité de joueur, c'est très dur à départager. C'est comme si je te demandais aujourd'hui de choisir entre Aleksander Barkov et Nathan MacKinnon [NDLR: les deux premiers choix en 2013]. Ça pourrait se jouer sur une question de feeling entre recruteurs, ou sur les entrevues au combine (camp d'évaluation de la LNH).»

Une année de plus à Barrie?

Qu'il soit repêché au deuxième ou au troisième rang, Svechnikov devrait jouer dans la LNH dès l'an prochain. C'était du moins l'avis de bon nombre de directeurs généraux sondés samedi lors de la loterie à Toronto. Ces DG estimaient généralement qu'il y a trois ou quatre joueurs prêts à faire le saut dès l'an prochain.

Hawerchuk a toutefois apporté un éclairage différent à cet effet. On en convient, son parti pris est gros comme le portrait de la reine Élisabeth II qui pendait jadis au Winnipeg Arena, car Hawerchuk a tout intérêt à voir revenir Svechnikov à Barrie l'an prochain. Mais il soulève néanmoins un parallèle intéressant: Mark Scheifele.

Scheifele jouait lui aussi à Barrie quand les Jets l'ont repêché au septième rang en 2011. Malgré son rang de sélection, les Jets l'ont renvoyé non pas pour une, mais pour deux saisons dans les rangs juniors. L'attaquant a amélioré son rythme de production d'année en année, avant de conclure son stage junior en connaissant de monstrueuses séries 2013: 15 buts, 26 aides pour 41 points en 21 matchs.

Depuis deux ans, Scheifele est l'un des attaquants les plus productifs de la LNH.

«C'est la meilleure chose qui ait pu lui arriver, car il a appris à dominer, rappelle Hawerchuk. Il a plus appris en revenant ici qu'en jouant au sein d'un troisième ou d'un quatrième trio à 18 ans. Si tu veux être dominant dans la LNH, tu dois l'avoir fait avant, à d'autres niveaux. Les joueurs dominants ont constamment des adversaires sur le dos, ils sont ciblés soir après soir. Psychologiquement, tu dois apprendre à composer avec ça et continuer de produire malgré tout.

«C'est fort possible qu'Andrei soit prêt dès l'an prochain, car il s'améliore de mois en mois, poursuit Hawerchuk. Il n'a pas dominé comme Scheifele l'a fait à sa dernière année, mais Scheifele avait 19 ans. S'il occupe le bon rôle, il peut le faire. Mais ça ne serait pas mauvais non plus s'il revenait.»

Notons toutefois qu'au moment où Scheifele tentait de faire sa place, la LNH n'avait pas encore été frappée par le mouvement de jeunesse qu'elle connaît depuis 2015. Dans une ligue qui laisse de plus en plus s'exprimer les jeunes, Svechnikov pourrait avoir un impact dès l'an prochain.