Depuis qu'il a été repêché par le Canadien en 2005, Carey Price a toujours obtenu un traitement préférentiel au sein de l'organisation. Plus maintenant.

C'est assez rare, c'est même très rare, mais Marc Bergevin a pointé un doigt accusateur vers Carey Price lundi, en fin d'après-midi, au centre d'entraînement de Brossard, lors de son bilan de fin de saison en compagnie du propriétaire Geoff Molson.

Aux yeux de Bergevin, plusieurs raisons expliquent la saison de misère 2017-2018 du Canadien, et selon lui, l'une de ces raisons se trouve devant le filet.

«Si Carey ne connaît pas la saison qu'il a connue, on ne serait pas ici en train de parler de la même chose, a affirmé le directeur général. Carey n'a pas été bon cette saison, on ne va pas essayer d'embellir la situation. Il a connu une performance à la baisse, et on avait besoin que Carey redevienne le gardien qu'il a déjà été. Pour nous, ça commence avec Carey. Il faut qu'il soit meilleur [la saison prochaine], et ce, à partir du premier jour de la saison.»

Bergevin a aussi comparé Carey Price à Mario Lemieux, l'ancienne vedette des Penguins de Pittsburgh.

«Côté attitude et côté performance, Carey a eu une saison difficile, a ajouté le DG. Carey, c'est pas un gars qui parle beaucoup. Je lui en ai parlé; j'ai connu Mario Lemieux, lui et Carey, leurs personnalités se ressemblent. Mario ne parlait pas lui non plus, mais il avait une présence, une prestance quand il entrait dans une pièce. Carey, c'est un peu ça; c'est un gars qui ne parle pas. Mais il entre dans une pièce et il a une prestance. Ces gars-là ne réalisent pas combien ils peuvent affecter une équipe.»

Plus tôt dans la journée, le principal intéressé avait pourtant choisi de voir le verre à moitié plein. Même s'il a connu la pire saison de sa carrière, même si son équipe a raté les séries pour la deuxième fois en trois ans.

«Nous ne sommes pas si loin du but, a expliqué Price avant de partir en vacances. Je pense que nous sommes à quelques décisions près de devenir très bons. C'est juste que nous avons un groupe qui a offert des performances en deçà des attentes cette saison.»

Le gardien vedette n'a pas voulu préciser ces «quelques décisions», mais à Montréal, les partisans, plusieurs en tout cas, rêvent de John Tavares, peut-être un futur joueur autonome à compter du 1er juillet, depuis plusieurs semaines déjà. Price et Tavares se connaissent, ayant tous deux été membres d'Équipe Canada aux Jeux de Sotchi en 2014.

«Mais je ne prends pas ces décisions, je ne suis que le gardien, a-t-il ajouté. Dans la Ligue nationale d'aujourd'hui, on peut passer des bas-fonds au sommet assez vite. Comme je disais: tout ce que ça prend, c'est quelques décisions.»

Price, dont le contrat de huit ans et 84 millions de dollars va compter sur la masse salariale montréalaise à compter de la saison prochaine, a admis que sa saison 2017-2018 serait à oublier très rapidement.

Ses chiffres disent un peu tout ce qu'il y a à dire: en 49 matchs, moyenne de 3,11, fiche de 16-26-7, et un taux d'efficacité de ,900. C'est la première fois de sa carrière que le gardien au numéro 31 conclut une saison avec une moyenne au-dessus de trois buts accordés par match.

C'est d'ailleurs un peu pour tout ça, et aussi pour prendre un peu de recul, que Price va se tenir le plus loin possible du monde du hockey au cours des prochaines semaines. Il a déjà laissé savoir aux dirigeants d'Équipe Canada qu'il n'allait pas prendre part aux prochains Championnats du monde de hockey, qui seront présentés au Danemark au mois de mai.

«Ce fut une saison difficile pour moi... On doit tous passer à travers des temps difficiles, et au bout du compte, l'important, c'est la manière dont on réussit à s'en sortir qui compte vraiment. Mais je vais aller recharger les piles à l'été et revenir dans un nouvel état d'esprit.»

Ce qui est certain, c'est qu'il y aura des changements chez le Canadien cette saison, mais ce qui est certain aussi, c'est que ces changements ne vont pas impliquer Carey Price, que la direction du club a identifié comme joueur de concession en lui offrant le généreux contrat que l'on sait il y a un an.

En attendant, Carey Price va s'attaquer à son prochain défi: oublier au plus vite la saison qui vient de finir.

«Je suis content que ce soit fini, a-t-il ajouté lundi à Brossard. Il n'y a pas eu beaucoup de plaisir par ici à la fin de la saison. C'est le temps de mettre ça derrière nous et aussi de tourner la page.»

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