Malgré les quelque 5000 kilomètres qui séparent Vancouver de Montréal, l'annonce de la retraite de Henrik et Daniel Sedin ne laissait pas indifférent dans le vestiaire du Canadien, mardi matin. Ça s'explique par deux raisons: la filière britanno-colombienne qui s'est créée chez le Tricolore au fil du temps, et l'entraîneur-chef de la formation montréalaise.

Ils sont cinq chez le Canadien à avoir vu le jour en Colombie-Britannique. Il y a Carey Price et Shea Weber, les deux plus réputés, mais il y a aussi Noah Juulsen, qui n'avait que deux ans quand les Canucks de Vancouver ont réclamé les frères jumeaux, le 26 juin 1999 à Boston.

Bien que son idole était Kevin Bieksa, un défenseur comme lui, l'athlète originaire de Surrey a fait comme la grande majorité des partisans des Canucks et a admiré les deux Suédois pendant ses jeunes années.

«J'ai grandi à Vancouver et je les ai regardés jouer pendant toute mon enfance. Ils étaient les vedettes de l'équipe. Ils jouaient toujours bien, ils étaient des leaders et ils ont toujours donné l'exemple aux jeunes enfants de la grande région de Vancouver qui regardaient les Canucks. Ce sont deux joueurs phénoménaux. C'est "cool" de les voir quitter comme ça, ensemble. J'imagine que pour eux, le temps est venu de tourner la page et passer à autre chose.»

Par extension, la filière britanno-colombienne du Canadien inclut aussi Brendan Gallagher. Originaire d'Edmonton, le combatif ailier droit du Canadien a effectué son stage junior avec les Giants de Vancouver, entre 2008 et 2012. Gallagher a rendu hommage aux deux joueurs de hockey, mais aussi aux deux hommes.

«C'est une grosse nouvelle à Vancouver. Avec tout ce qu'ils ont fait pour cette organisation, je suis sûr qu'ils feront l'objet d'un bel hommage ce qui sera pleinement mérité, a affirmé Gallagher.

«Quand on pense à eux et à ce qu'ils ont accompli sur la patinoire - ce qui est incroyable - on se dit qu'ils seront probablement intronisés au Temple de la renommée. Mais je pense aussi à l'impact qu'ils ont eu dans leur communauté. J'ai eu la chance de vivre à Vancouver et d'entendre parler de toutes les bonnes choses qu'ils ont faites, mais que peu de gens savent. C'est vraiment spécial. Ce sont deux individus de grande classe, qui ont apporté beaucoup à cette organisation et desquels les jeunes ont pu apprendre.»

La finale de 2011

Lorsque Noah Juulsen pense aux Sedin et aux Canucks, l'équipe de son enfance, il ne peut oublier le printemps de 2011, lorsqu'ils ont failli procurer au Canada une première Coupe Stanley depuis 1993. Sept ans plus tard, la disette canadienne se poursuit. Et les Sedin n'ont jamais eu une autre opportunité de boire dans la coupe.

«Ils sont passés si près, s'est rappelé Juulsen. Ç'aurait été extraordinaire pour eux de pouvoir quitter avec une Coupe Stanley. Ils ont fait tout ce qu'ils ont pu et se sont comportés comme de véritables professionnels.»

Au lieu d'assister à une célébration de ses préférés, Juulsen a plutôt vu Claude Julien soulever le trophée à titre d'entraîneur-chef des Bruins de Boston.

«Ce sont deux grands joueurs. Ils ont beaucoup de classe. Ce sont des joueurs qui ont toujours donné un bon exemple à leurs équipes. Pour avoir parlé à des entraîneurs qui les ont dirigés et des joueurs qui ont évolué avec eux, je sais que leur éthique de travail, même hors glace, était contagieuse», a déclaré Julien, qui les croyait encore capables de tenir leur bout.

«Lorsqu'on jouait contre les Canucks et qu'ils étaient leurs deux meilleurs joueurs, on regardait les vidéos et on trouvait incroyable de voir la facilité avec laquelle ils pouvaient se repérer sur la patinoire. Il y avait tellement de chimie entre eux. C'est dommage (qu'ils prennent leur retraite), car personnellement, je crois qu'ils avaient encore du bon hockey en eux pour continuer à jouer. Je respecte leur position et leur décision. Ils ont été de grands joueurs pour la Ligue nationale.»

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