Voilà maintenant quelques années que l'on martèle que la LNH est de plus en plus jeune, que le succès passe par un rôle accru de ces patineurs dynamiques, qui rendent de fiers services pour un salaire économique.

Dans ce contexte, quand le tiers de votre masse salariale est investie dans des joueurs de 35 ans et plus, les perspectives de succès semblent nettement amoindries.

C'est un peu le problème que vivront cette saison les Canucks de Vancouver, visiteurs ce soir au Centre Bell contre le Canadien.

Les Canucks tenteront de mettre un terme à leur séquence de cinq défaites d'affilée, qui fait suite à une série de quatre victoires en lever de rideau de la saison.

Avec les éternels jumeaux Sedin qui sont sur la pente descendante (7 millions de dollars chacun), avec Alex Burrows, fraîchement remis d'une blessure au cou (4,5 millions), avec le gardien Ryan Miller qui tente de sauver les meubles (6 millions), les Canucks ont donc investi 24,5 millions de dollars dans des patineurs dont les meilleures années sont passées. 

Les contrats de Ryan Miller et d'Alex Burrows expirent à la fin de la saison.

Miller, justement, avait vécu les débuts d'une longue reconstruction à Buffalo. Les Sabres venaient de rater les séries éliminatoires deux saisons de suite quand ils ont échangé le gardien aux Blues de St. Louis. Le mouvement jeunesse se poursuit toujours à Buffalo, si bien que les Sabres n'ont pas goûté aux séries depuis 2011.

Les Canucks, eux, ont raté le tournoi printanier la saison dernière. Et malgré des indices qui n'annoncent rien de bon à Vancouver cette saison, Miller refuse de parler de reconstruction.

«Ce ne sont pas des discussions qu'on a eues avec la direction, a expliqué Miller, après l'entraînement des Canucks, hier. Les choses vont se régler par elles-mêmes. C'est encore très tôt dans la saison. Cette équipe peut accomplir des choses. On a nos critiques, il y a des sceptiques. Mais avec la bonne confiance, du positif peut en ressortir.»

Cela dit, quand Miller regarde sa moyenne de 1,74, son efficacité de ,939, tout ça pour une fiche d'une victoire et trois défaites, il doit bien comprendre que l'avenir n'est pas rose en Colombie-Britannique...

Attaque au neutre

Certaines tendances du début de la saison pourront difficilement perdurer jusqu'en avril. Par exemple, comment concevoir que les Stars de Dallas et les Predators de Nashville restent encore bien longtemps parmi les pires attaques de la LNH?

Par contre, les Canucks viennent au 30e et dernier rang de la LNH avec une moyenne de 1,78 but par match. Ce chiffre est certes appelé à augmenter, car l'échantillon est encore mince, mais les hommes de Willie Desjardins ne seront assurément pas une puissance offensive cette saison.

Daniel et Henrik Sedin vieillissent. La production des jumeaux suédois a diminué la saison dernière, et elle est respectivement de quatre et cinq points cette saison.

Derrière eux, on cherche les noms des joueurs qui ont le potentiel d'animer un premier trio digne de la LNH. Sven Baertschi et Markus Granlund, choisis respectivement aux 13e et 45e rangs en 2011 (par les Flames) tardent à montrer leur potentiel, tout comme Brendan Gaunce, choix de premier tour des Canucks en 2012. Jake Virtanen, lui, a été repêché en 2014 et a donc encore du temps pour se développer.

Ne reste donc que Bo Horvat (1er tour, 2013), dont les quatre buts en neuf matchs cette saison sont encourageants.

Par-dessus tout ça, il y a la mentalité de l'entraîneur-chef, qui entend bien essayer de gagner les matchs au compte de 2-1.

«J'ai toujours cru que lorsque tu te concentres sur la défense, ça finit par t'aider offensivement. J'y crois vraiment, mais je sais que ça ne paraît pas jusqu'ici», affirme Desjardins.

C'est ici que les frères Sedin demeurent cruciaux pour Desjardins, même s'ils ne produisent pas. Car il n'est pas évident pour l'entraîneur-chef de vendre son système aux joueurs quand les résultats n'y sont pas.

«C'est un défi, reconnaît Desjardins. Mais si tes meneurs y croient, le message va passer. Notre clé pour connaître du succès cette saison, c'est de bien jouer défensivement. L'attaque finira par débloquer.»

L'an dernier, ces mêmes Canucks se cherchaient tout autant en début de saison, mais avaient trouvé les ressources nécessaires pour infliger une raclée de 5-1 au Canadien, le premier revers du CH. Cette fois, les Canucks tenteront d'arrêt à sept la séquence de victoires des Montréalais.