Quand Nikita Scherbak a marqué son but, hier après-midi au Centre Bell, il n'y a eu aucune réaction de sa part. Pas de cris, pas de grands gestes, pas de célébration excessive, rien. Scherbak s'est contenté de passer devant son banc et de tendre le poing ganté aux coéquipiers, comme le veut la nouvelle coutume du hockey. C'est tout.

Scherbak n'a pas la tête aux grandes effusions de joie, et on peut le comprendre. Le camp du Canadien n'est amorcé que depuis cinq jours, mais déjà, les obstacles devant lui sont nombreux. Pire, le voici qui se retrouve à patiner avec un trio qui comprend Daniel Audette et Markus Eisenschmid, qu'on ne verra assurément pas avec le Canadien quand la saison va s'amorcer, le 13 octobre à Buffalo.

Le message lancé à Scherbak ne saurait être plus clair: pour qu'il espère se joindre aux grands de la LNH, le Canadien devra être un peu plus impressionné que ça.

«Je sais que je dois améliorer l'aspect défensif de mon jeu, a-t-il reconnu dans le vestiaire du Centre Bell, après le match intra-équipe d'hier. La Ligue nationale, c'est une ligue très difficile, où la moindre erreur se transforme en chance de marquer de l'autre côté. Il faut savoir bien contrôler la rondelle.»

«C'est une année immense pour moi, je le sais. Je ne peux pas vous dire à quel point il s'agit d'une année importante pour moi. Je veux montrer que je suis un joueur constant, capable de jouer de la même manière pendant toute une saison.»

Ils ne le diront pas publiquement, mais l'année dernière, les dirigeants montréalais s'attendaient à plus de la part de leur choix de premier tour au repêchage de 2014. Oui, il y a eu une blessure à une cheville, qui a malheureusement changé la donne, mais au bout du compte, Scherbak n'a obtenu que 23 points en 48 matchs avec les IceCaps de St. John's, et ces chiffres ne sont pas ceux d'un espoir de premier plan.

Pendant que Scherbak se cherchait, le Canadien ne cherchait pas à lui donner une audition au Centre Bell, dans une saison perdue au cours de laquelle, pourtant, plusieurs membres des IceCaps ont eu la chance de passer pour montrer un peu ce qu'ils savaient faire.

«Je n'ai pas été rappelé par le Canadien la saison dernière, mais j'étais heureux pour les gars qui ont eu la chance d'être rappelés. Nous sommes une famille, ici. Bien sûr que j'aurais mieux aimé être rappelé moi-même par le club, mais les gars qui ont été rappelés le méritaient. Moi, je n'ai pas disputé beaucoup de matchs, et je n'ai pas été à mon mieux.»

«De plus en plus fort»

L'entraîneur-chef Michel Therrien a rappelé hier que Scherbak est jeune (20 ans) et qu'il est encore en train de s'améliorer.

«Il devient de plus en plus fort, a noté l'entraîneur du Canadien. Il doit être créatif en attaque. Il doit s'assurer de bien patiner, de jouer au rythme de la LNH. On l'a vu [hier] à trois contre trois, il a du talent et dans cette situation, il y a plus d'espace sur la glace. Nous avons des attentes par rapport à lui, mais il ne faut pas oublier qu'il demeure un jeune homme.»

À moins d'une énorme et improbable surprise, Scherbak devra donc mettre le cap sur St. John's tôt ou tard, là où il devra rappeler à tous, et surtout à ses patrons, qu'il demeure un espoir de premier plan.

Il en est pleinement conscient.

«La dernière saison n'a pas été la saison à laquelle je m'attendais... Je m'attends à beaucoup plus de moi-même.»