Hockey Québec a confirmé hier la nouvelle de La Presse et entend éliminer les mises en échec dans le bantam CC et le midget BB dès la prochaine saison. Mais le sort des mises en échec dans le hockey scolaire reste nébuleux. Son avenir devrait même être au coeur d'âpres débats dans les prochaines semaines.

Le hockey scolaire est en croissance depuis des années. Plusieurs acteurs importants du hockey civil soutiennent que cette croissance se fait à leur détriment. Ceux-ci craignent maintenant de perdre encore plus de joueurs si les mises en échec disparaissent de certains catégories civiles mais restent au scolaire.

«Chez nous en Estrie, on a perdu 1000 joueurs dans les 3 dernières années au profit du hockey scolaire. Est-ce qu'on va en perdre encore plus maintenant?», se demande le président de Hockey Estrie, Gérard Bélanger.

M. Bélanger, comme deux autres présidents régionaux à qui La Presse a parlé hier, aimerait que les mises en échec disparaissent aussi la saison prochaine dans la catégorie cadet du hockey scolaire, qui regroupe quelque 400 joueurs de division 1 âgés de 14 et 15 ans.

Hockey Québec admet être en train de réfléchir à la question. Son directeur général, Sylvain Lalonde, doit d'ailleurs rencontrer des acteurs du hockey scolaire cette semaine. «Il n'y a pas de décision pour l'instant. Ce que je peux avancer, c'est que la réglementation concernant le scolaire va être arrimée avec l'ensemble de notre structure, explique Lalonde. On a la responsabilité en tant que fédération de réglementer notre sport. Les gens ne peuvent pas faire les règles comme ils veulent.» Hockey Québec n'a pas voulu s'avancer sur la possible disparition des mises en échec dans la catégorie cadet. «Nous voulons parler à nos gens et le faire dans le respect de tous nos membres», note Sylvain Lalonde.

Le fardeau de la preuve à Hockey Québec

La perspective de voir disparaître les mises en échec des écoles n'enthousiasme pas le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), qui va regrouper l'année prochaine 22 équipes cadet de division 1 éparpillées dans autant d'établissements d'enseignement.

«C'est clair que, dans le secteur scolaire, s'il n'y a plus de mises en échec, il va y avoir un problème de compréhension. Oui, ça va amener une insatisfaction, ça c'est clair», note le directeur général du RSEQ, Gustave Roel.

M. Roel salue les efforts de Hockey Québec pour protéger les joueurs. Il aimerait cependant que l'équivalence de niveau entre le cadet division 1 et le bantam CC civil soit prouvée. «Les entraîneurs comparent leurs équipes avec celles du civil, note-t-il. Il faut s'assurer que les comparaisons ne sont pas basées sur des perceptions.»

Le RSEQ ne se dit pas opposé au retrait des mises en échec chez ses joueurs de 14 et 15 ans. Mais il aimerait que Hockey Québec, si elle choisissait cette avenue, parvienne à l'expliquer aux entraîneurs et aux parents du réseau scolaire.

«Il ne faut pas oublier qu'au Québec il y a des jeunes qui rêvent de devenir professionnels. J'ai hâte de voir comment les parents vont se positionner. Je comprends que certains parents ne veulent pas de mises en échec. Ils ont tout à fait le droit de voir à l'intérêt de leur enfant, admet le directeur du RSEQ. Mais il y a aussi des parents qui veulent que leur jeune soit mis le plus tôt possible dans un cadre de mises en échec pour les préparer à un niveau plus élevé. C'est la réalité. Comment les institutions vont-elles composer à la pression de ces parents-là? Je ne suis pas en mesure de répondre.»

Le responsable du hockey scolaire au Québec demande aussi à la fédération de prouver que la sécurité des joueurs sera augmentée par le retrait de la mise en échec. «La sécurité est importante, et ils veulent accélérer le pas. Je ne peux que les féliciter pour ça, dit Gustave Roel. Mais il faut mettre des données sur la table. La fédération doit faire la preuve sur les éléments de sécurité.»

Le RSEQ n'a par ailleurs aucune donnée sur le nombre de commotions cérébrales subies par de jeunes élèves sur ses patinoires. Chaque institution doit absolument recueillir ces données. Mais le directeur du RSEQ dit que son organisme n'en fait pas la collecte. «Je ne les ai pas», dit-il.