Brandon Prust n'avait pas marqué à ses 15 matchs précédents lorsqu'il a fièrement levé le poing après avoir déjoué Jhonas Enroth, mardi soir. Soulagement personnel, il va sans dire, mais soulagement aussi pour les entraîneurs du Canadien, qui voyaient enfin un joueur des troisième ou quatrième trios marquer un but.

Il fallait remonter au 2 janvier, soit au doublé de Michaël Bournival contre les Devils du New Jersey, pour le dernier but marqué par un attaquant qui ne fait pas partie du top 6.

«On a besoin de la contribution de plus qu'un trio ou deux», a déploré l'entraîneur-chef Michel Therrien après la défaite de 3-2 contre les Sabres de Buffalo.

«C'est ça qu'on a depuis un mois. Ça prend la contribution de tout le monde.»

On peut pratiquement tracer une ligne dans le sable (ou dans la neige, c'est de saison) en ce qui concerne la production du Tricolore.

Le 3 janvier, il l'a emporté 4-1 contre les Penguins au terme d'un match impeccable. Il a conclu à Pittsburgh un voyage parfait de cinq matchs, et Carey Price ignorait alors que son équipe avait retrouvé la tête de l'Association de l'Est.

Trois jours plus tard, retour à Montréal et revers de 4-2 aux dépens du Lightning de Tampa Bay. À partir de ce moment-là, l'attaque est tombée au point mort et elle s'est rarement manifestée depuis.

Therrien a raison de montrer du doigt la production secondaire du Canadien, celle qui doit venir de temps à autre des troisième et quatrième trios. Depuis le 6 janvier, un groupe de neuf joueurs a dû se contenter AU TOTAL d'un but et deux mentions d'aide. En 11 matchs!

«Nous avons un trio qui fonctionne pour un match et un autre au match suivant, et ç'a surtout été les deux mêmes trios», a reconnu Lars Eller, devenu au cours des derniers jours le visage des ennuis offensifs du CH.

«On a trouvé des moyens de gagner plusieurs matchs sans marquer beaucoup, et c'est une bonne chose. Mais quand nous perdons, ça ressort davantage, et ça ressemble à un problème.»

Le principal moyen de gagner, il en a beaucoup été question, ç'a été Carey Price. Depuis le 6 janvier, il a affiché un dossier de 5-2-1, une moyenne de buts accordés de 1,72 et un taux d'efficacité de 94,3%.

L'instinct du tueur

Il n'y a quand même pas que Price et Dustin Tokarski qui aient aidé l'équipe à garder la tête hors de l'eau durant cette séquence. À eux deux, Max Pacioretty et Alex Galchenyuk ont marqué plus de la moitié des buts de l'équipe.

De plus, au cours de ses 11 derniers matchs, le CH a inscrit le premier but à 7 reprises, ce qui représente une nette amélioration par rapport à ce qu'on avait vu auparavant dans la saison. Il est par ailleurs parvenu à gagner deux des quatre matchs où il avait laissé l'adversaire marquer en premier.

«On n'a pas l'habitude de venir de l'arrière ces derniers temps, donc on panique un petit peu plus, a indiqué David Desharnais à la lumière de la défaite contre les Sabres de Buffalo. On ne marque pas beaucoup de buts, alors il faut avoir une meilleure attitude. On sait qu'on est capables d'en marquer, c'est à nous d'avoir un peu plus l'instinct du tueur.»

Encore là, on observe que l'instinct du tueur s'est perdu autour du 6 janvier.

Au cours des 39 premiers matchs, le Canadien avait inscrit 103 buts, pour une moyenne de 2,64 par rencontre. Ce n'était pas le Pérou, mais cela aidait à le maintenir là où il est aujourd'hui, c'est-à-dire au 22e rang de la LNH.

Toutefois, depuis le 6 janvier, l'équipe n'a marqué que 24 buts en 11 matchs, pour une moyenne de 2,18 par rencontre. Seuls les Sabres et les Hurricanes de la Caroline dépassent ce niveau d'inefficacité depuis le début de la saison.