L'été dernier, le déséquilibre entre défenseurs gauchers et droitiers a fait jaser à Montréal. L'arrivée de Tom Gilbert et le départ de Josh Gorges ont d'ailleurs permis au Canadien d'employer chaque joueur de son côté naturel.

Quelques mois plus tôt, un débat avait fait rage sur le même thème, au sujet du groupe d'arrières qu'Équipe Canada avait dépêché à Sotchi. D'aucuns se demandaient si le surplus de droitiers n'avait pas coûté du temps d'utilisation à P.K. Subban.

Les Stars de Dallas, eux, ont amorcé la présente saison avec six gauchers. Pas un droitier au sein du groupe !

Après avoir subi 10 défaites à ses 14 premiers matchs, l'équipe a tenté de corriger le tir à la mi-novembre. D'abord en échangeant Sergei Gonchar à Montréal et en rappelant un jeune droitier, John Klingberg.

Quelques jours plus tard, le directeur général Jim Nill a expédié Brenden Dillon aux Sharks de San Jose pour obtenir un deuxième arrière droitier, Jason Demers.

C'est de cette façon que le Québécois a abouti au Texas, un premier changement d'organisation pour lui dans la LNH. Repêché par les Sharks en 2008, l'athlète de Dorval avait sa place à temps plein à San Jose depuis 2009-2010.

« C'était une grande surprise pour moi, a admis Demers après l'entraînement matinal des Stars, hier. Ça s'est passé tellement vite. On embarquait sur la patinoire pour notre entraînement. Le gérant vient me voir : «Salut, tu t'en vas à Dallas.» C'était vite de même. Je n'avais jamais vécu ça avant. Mais je suis content et fier de jouer pour les Stars. »

Depuis son arrivée à Dallas, le défenseur de 26 ans joue près de 20 minutes par match, une moyenne qu'il n'a jamais atteinte dans sa carrière auparavant. Il compte 10 points en 26 sorties, mais son impact va au-delà des chiffres.

« Sous pression, ça nous permet de faire les jeux du bon côté, et ça évite à nos jeunes défenseurs d'être pris sur leur revers, a commenté l'entraîneur-chef des Stars, Lindy Ruff. Jason est expérimenté. Il a joué pour une bonne équipe et dans un bon système, similaire au nôtre. Il nous a aidés. »

Un coéquipier à découvrir

En posant le pied dans le vestiaire des Stars, Demers a vite reconnu un visage qui lui était familier. Celui d'Antoine Roussel. Il l'a affronté quand Stars et Sharks évoluaient dans la même division, mais aussi dans la LHJMQ de 2006 à 2008. Demers avec les Tigres de Victoriaville, Roussel avec les Saguenéens de Chicoutimi.

« Je ne l'aimais pas pantoute !, lance Demers, sans hésiter. Il est capable de rentrer sous ta peau, de te frustrer, donc c'est sûr que je ne l'aimais pas. On a eu nos batailles quand je jouais avec les Sharks, c'était une rivalité contre Dallas. On parlait tous de lui après les matchs dans le vestiaire. »

Roussel, on le sait maintenant, est un des meilleurs agitateurs de la LNH, une véritable peste qui a fait perdre les pédales à plus d'un adversaire. D'où les premiers contacts pas toujours faciles avec les nouveaux venus comme Demers...

« J'ai sacré un peu ! Mais c'est tellement un bon gars, c'est facile de l'aimer. Il travaille tellement fort que tu le veux dans ton équipe », a ajouté Demers.

« Moi, je n'ai pas vraiment d'ambiguïté avec les autres joueurs. C'est vraiment plus eux qui en ont avec moi !, avoue Roussel. Mais je comprends ça. C'est le fun d'apprendre à connaître la vraie personnalité de quelqu'un. »

Âgés respectivement de 26 et 25 ans, Demers et Roussel devraient faire partie du noyau des Stars pendant quelques années. Les deux seuls francophones de l'équipe auront amplement le temps d'enterrer les vieux conflits.

Une «bonne situation» pour Gonchar

La transaction qui a envoyé Sergei Gonchar à Montréal et Travis Moen à Dallas ressemblait essentiellement à un échange de problèmes. Les deux équipes s'envoyaient des vétérans au trop lourd contrat. Mais deux mois plus tard, Sergei Gonchar rend de fiers services au Canadien et joue une vingtaine de minutes par match, soit bien plus que son utilisation à Dallas. Lindy Ruff a toutefois assuré ne pas être surpris par la tenue du Russe de 40 ans. « L'an passé, c'était un gros ajustement pour lui, a estimé l'entraîneur-chef des Stars. Mais il a connu un bon camp, il jouait bien en matchs préparatoires, il allait dans la bonne direction avant de se blesser. Je lui ai dit avant qu'il parte : «Ce sera une belle occasion. Si tu continues à jouer comme tu le faisais avant de te blesser, tu seras un atout pour eux.» Parfois, il faut simplement que la situation soit la bonne. Il est dans une bonne situation ici à Montréal. »