Hier matin, dans le vestiaire des Sénateurs, Curtis Lazar enchaînait les entrevues. Un peu normal, car pour les médias qui ne suivent pas l'équipe à l'étranger, c'était une première occasion de lui parler depuis qu'il a aidé Équipe Canada à remporter l'or au Championnat du monde junior.

Pendant de longues minutes, il y avait une constante: son sourire. À chaque question qu'il répondait, toujours ce large sourire, qui rappellera aux partisans du Canadien celui de Lyle Odelein. Ou, plus récemment, celui de Brendan Gallagher.

L'a-t-on déjà vu ne pas sourire?

«Seulement quand je lui dis ma façon de penser!, répond à la blague l'entraîneur-chef des Sénateurs, Dave Cameron. Je serais surpris s'il continuait à sourire. Je ne saurais pas comment réagir! C'est dans sa personnalité.»

«Non, je ne l'ai jamais vu ne pas sourire, ajoute son coéquipier Jean-Gabriel Pageau, assis quelques casiers à sa gauche. Quand on fait des jeux, des paris entre nous et qu'il perd, il garde toujours ce sourire. C'est le fun d'avoir quelqu'un de bonne humeur autour de nous. Il trouve toujours une façon positive de se sortir des situations. C'est une de ses qualités.»

Reconnaissant

Sa présence et son rôle prépondérant au Mondial junior ont mis en vitrine ce sourire aux yeux des amateurs de hockey.

«Je crois que ça démontre ma passion pour le hockey, soutient le jeune homme de 19 ans. Je suis choyé de gagner ma vie en pratiquant le sport que j'aime, donc aussi bien en profiter. Si je ne souriais pas, je ne jouerais pas. Ça a atteint le point où si quelqu'un me voit ne pas sourire, j'en entends parler longtemps! C'est correct, les jeunes voient ça, voient un joueur qui sourit. Tu ne veux pas penser que les joueurs deviennent des robots.»

Le nom de Gallagher est rapidement mentionné dans la conversation. À Montréal, on commence à être habitué de voir le numéro 11 se relever avec le sourire après avoir été malmené devant le filet.

«Je ne sais pas pour lui, mais de mon côté, je ne peux pas vraiment répliquer aux attaques et je ne nargue pas mes adversaires. J'ai 30 matchs d'expérience dans la LNH, que veux-tu que je réplique aux joueurs? Mais je sais qu'un beau sourire peut en faire beaucoup pour frustrer un adversaire. Je m'amuse, c'est tout. J'ai eu un oeil tuméfié contre les États-Unis au Mondial junior. C'est du hockey, ça arrive, je ne vois pas pourquoi je me fâcherais.»

En développement

Statistiquement, Lazar connaît des débuts timides dans la LNH, avec un but et six aides à ses 29 premiers matchs.

Après avoir joué un rôle de premier plan avec son équipe nationale, il revient maintenant dans un certain anonymat, jouant en moyenne 11 minutes à ses deux derniers matchs avec les Sénateurs.

«J'avoue que je suis toujours impatient de sauter sur la patinoire, je veux garder mon rythme du Mondial junior, admet-il. Mais pour y parvenir, je dois gagner la confiance de Dave. C'est à moi de profiter de mes occasions quand on me délègue.»

N'empêche, la dernière année aura été fructueuse pour le premier choix des Sénateurs en 2013. En plus de sa médaille d'or acquise en tant que capitaine, il a aussi aidé les Oil Kings d'Edmonton à remporter la Coupe Memorial en mai dernier.

Et il y a ce sourire que personne ne pourra lui enlever. Un sourire que son entraîneur apprécie d'autant plus dans une saison où les occasions de réjouissance sont rares pour les Sénateurs.

«Quand tu es jeune, ce n'est pas à toi de former l'identité de l'équipe, rappelle Cameron. C'est aux plus vieux de le faire. Mais ça ne nuit certainement pas de compter sur un joueur qui adore être à l'aréna, dans le vestiaire. Que tu fasses de la vidéo, du travail en gymnase ou un entraînement sur la patinoire, il sourit toujours. C'est un ingrédient d'une équipe gagnante. Qu'un jeune ait ça, c'est une bonne chose.»