Mine de rien, Sergei Gonchar a maintenant 18 matchs derrière la cravate avec le Canadien de Montréal. Et pour un joueur qui était confiné à un rôle marginal à Dallas, les choses se déroulent plutôt bien pour lui.

Ce qui ne veut pas dire que Gonchar est une réincarnation de Chris Chelios, loin de là. Sa vitesse n'est plus ce qu'elle était, si bien que les duels à un contre un peuvent être une aventure si son positionnement n'est pas adéquat.

Mais l'arrivée du Russe aura à tout le moins permis au CH de stabiliser son deuxième duo de défenseurs - qu'il forme avec Alexei Emelin - pendant le deuxième quart de la saison. Malgré ses 40 ans, il a terminé seulement deux matchs avec un différentiel négatif depuis qu'il endosse le maillot tricolore.

À forces égales, le CH a inscrit neuf buts quand il était sur la patinoire et en a accordé six, dont un dans un filet désert à Dallas.

«C'est parfois difficile d'arriver en milieu de saison, mais les gars ont facilité mon adaptation. Je connaissais l'entraîneur aussi, donc si on met tout ça ensemble, ça donne de bons résultats», a reconnu Gonchar après l'entraînement d'hier.

En 18 matchs avec le Tricolore, il totalise un but et trois aides, avec un différentiel de + 3. Il joue en moyenne 19 min 20 s.

L'énergie à gérer

Reste maintenant à savoir si ces succès dureront. La saison dernière, c'est à ce moment-ci du calendrier que ses entraîneurs des Stars de Dallas avaient commencé à le juger moins adéquat. Régulièrement employé plus de 20 minutes par match avant les Fêtes, il avait excédé ce chiffre une seule fois par la suite. Utilisé dans le premier duo d'arrières en début de campagne, il avait terminé la saison en tant que sixième défenseur.

Michel Therrien entend bien s'assurer que son quadragénaire ne manque pas d'essence cette saison. Il n'est pas rare de voir Gonchar et son compatriote de 36 ans Andrei Markov obtenir un congé d'entraînement. Et lorsque les séances sont optionnelles, il prend souvent l'option.

«C'est une décision commune, a indiqué Gonchar au sujet des congés. Parfois, on joue plusieurs matchs de suite, le repos est nécessaire et Michel comprend ça. Quand tu vieillis, tu apprends certaines choses, ça fait partie de la maturation, donc tu apprends à gérer ton énergie, tu apprends comment te préparer.»

Le défi à l'étranger

Le Canadien amorce ce soir une série de cinq matchs à l'étranger, là où il a connu des ennuis défensifs dernièrement. Il a perdu cinq de ses six dernières rencontres sur les patinoires ennemies, et a accordé 20 buts au cours de cette séquence.

Pour un joueur en perte de vitesse comme l'est Gonchar, les rencontres à l'étranger peuvent justement être problématiques, puisque l'entraîneur adverse peut lui opposer ses éléments les plus rapides.

En matière de buts, ce n'est toutefois pas ce que disent les statistiques. Si on exclut le but des Stars dans un filet désert, Gonchar s'est retrouvé sur la patinoire pour un seul but de l'adversaire à forces égales, celui de Martin St-Louis à New York.

Par contre, les statistiques de possession indiquent que Gonchar a la vie plus facile à la maison qu'à l'extérieur. Toujours à forces égales, au Centre Bell, le différentiel entre les tentatives de tir pour et contre est de + 10 (le Canadien a tenté 10 tirs de plus que l'adversaire quand Gonchar était sur la patinoire). À l'étranger, il s'établit à - 19.

Mais Therrien refuse de voir l'utilisation de Gonchar à l'étranger comme un défi.

«Ce n'est pas un défi, parce qu'il va compenser par son intelligence, son positionnement, un bon positionnement de son bâton. Il joue du bon hockey», a jugé l'entraîneur-chef.