Lars Eller disait récemment de l'édition actuelle du Canadien qu'elle s'assurait de demeurer humble. Qu'elle n'allait pas se penser meilleure qu'elle ne l'est. Si ça ne suffit pas, le revers de 6-2 contre les Flames de Calgary, dimanche au Centre Bell, aura été une belle leçon d'humilité.

Pourtant, on constate quand même un décalage entre l'évaluation que font les joueurs de leur début de saison et l'appréciation qu'en ont les partisans.

S'il se trouve de nombreux observateurs pour dire que le dossier de 8-3-1 du Canadien relève de la supercherie, les joueurs, eux, ne crient pas au loup pour autant.

«Il faut être content de notre début de saison, on ne doit pas s'en morfondre, assure l'attaquant Dale Weise. On a perdu l'avantage de la patinoire en séries éliminatoires l'an dernier par un point. Donc, peu importe la façon dont on récolte des points - et ce, à n'importe quel moment de la saison -, c'est énorme.

«Nous ne sommes pas complètement heureux de la façon dont nous avons joué lors des quatre ou cinq derniers matchs, mais on doit demeurer positifs en raison du talent qu'il y a au sein de l'équipe.»

Weise parle des quatre ou cinq derniers matchs mais Max Pacioretty, lui, n'est embêté que par les revers face aux Canucks de Vancouver et aux Flames. «Ce n'est pas la fin du monde, ce ne sont que deux matchs», a fait valoir le franc-tireur.

Et Michel Therrien, lui, n'a l'air vraiment agacé que par la contre-performance de dimanche soir.

«Personne ne panique, s'est exclamé l'entraîneur-chef. Des mauvais matchs, ça arrive à toutes les équipes. On est très déçus du match (de dimanche) - on était loin d'être à notre meilleur - et on en a pris très bonne note. Mais dans la LNH, il faut savoir passer à autre chose et essayer d'apporter des ajustements.»

Bref, ceux qui estiment que le CH a joué plus de mauvais matchs que de bons jusqu'ici et que sa fiche n'est pas représentative de son véritable rendement doivent savoir que dans le vestiaire, on ne porte pas du tout le même jugement.

On saura bientôt si les fans se sont encore emportés trop vite ou si, afin de mieux s'en sortir, les joueurs ont pratiqué l'aveuglement volontaire.

Savoir provoquer des pénalités

En attendant, il y a plusieurs problèmes qui planent au-dessus de la tête du Tricolore.

Son rendement négatif à forces égales (coefficient de 0,92) le place au 21e rang du circuit. Et ce n'est pas comme s'il pouvait compter sur l'attaque à cinq pour se remettre sur les rails car celle-ci est également enfoncée dans le dernier tiers de la ligue (26e).

Les pénalités, quant à elles, sont préoccupantes de deux façons.

D'abord, avant les rencontres de lundi, sa moyenne de 4,25 infériorités numériques par match plaçait le Canadien au 28e rang de la ligue. L'équipe est beaucoup trop souvent punie. À l'autre bout du spectre, elle se procure une moyenne de 2,75 supériorités numériques par match, la pire de la LNH!

«On veut avoir beaucoup plus d'avantages numériques que ça, a convenu Therrien. À l'occasion, on croit qu'on en mériterait un peu plus. Chose certaine, il faut qu'on dicte davantage l'allure du match.»

Dicter l'allure d'un match, a rappelé Pacioretty, c'est placer l'adversaire en position vulnérable et y aller d'un deuxième effort qui le forcera à se compromettre.

«Les autres équipes nous l'ont fait, elles ont travaillé plus fort que nous et c'est nous qui avons écopé de pénalités, a-t-il noté. Si l'on arrive à faire la même chose, c'est là qu'on pourra trouver notre momentum en avantage numérique.»

Par où commencer?

Le Canadien joue constamment du hockey de rattrapage, ayant accordé le premier but dans 10 de ses 12 affrontements. Or, ces mauvais débuts de match ont la même origine que l'enjeu entourant les pénalités, c'est-à-dire un manque d'effort.

Il n'y a pas que Michel Therrien qui le dit; plusieurs joueurs l'ont aussi admis.

«Il ne suffit pas de se présenter et de gagner des matchs, il faut vraiment enfiler les bottes de travail et s'atteler à la tâche», a renchéri Carey Price.

«Quand on utilise nos atouts - notre vitesse, notre échec-avant... -, on ne passe pas autant de temps dans notre zone. C'est sûr qu'il y a des choses à resserrer dans notre territoire, mais le principal serait de s'arranger pour passer plus de temps en zone adverse.»

Alors, par où commence-t-on? Par remettre de l'ordre dans l'avantage numérique? Par une meilleure couverture de zone en défense? Par plus de discipline?

Toutes ces réponses?

«C'est sûr qu'on veut générer plus d'offensive, mais face aux Flames, il aurait fallu marquer sept buts pour l'emporter, a rappelé Michel Therrien. Offensive et défensive vont de pair. Quand on joue bien défensivement, on récupère la rondelle beaucoup plus vite et on est plus à même de créer. Lorsqu'on tire de l'arrière, on se place en situation de risques, on écope de punitions et on ne peut plus rien générer.

«Ça commence donc avec du jeu défensif solide et serré.»

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Place aux Hawks

En janvier dernier, le Canadien traversait une séquence bien peu inspirée lorsqu'il avait reçu la visite des Blackhawks de Chicago au Centre Bell. Il les avait surpris 2-1 en prolongation. Avec la visite des Hawks mardi soir, le moment serait bien choisi pour offrir une performance convaincante qui ramènerait tout le monde dans de meilleures dispositions. D'autant plus que les Hawks connaissant eux-mêmes leur lot de difficultés en ce moment...

«Ça ne prend qu'une bonne période à une équipe de ce calibre pour se réveiller, a toutefois prévenu Max Pacioretty. S'ils le font contre nous en première période, ce sera un terrible moment pour nous de les affronter!»