Quand Daniel Brière a marqué le but d'assurance, avec moins de trois minutes à faire au match, 21 000 personnes ont bondi de leur siège au Centre Bell pour célébrer ce qui venait de se produire à Boston. Ça criait à Montréal, à Trois-Rivières, à Penticton en Colombie-Britannique, chez les aficionados restés debout à Paris.

Même si cette diaspora tricolore espérait une victoire face aux Bruins, elle n'était dupe de l'identité des favoris et des négligés.

Sauf qu'encore une fois, cette équipe à la foi inébranlable et au moral d'acier a confondu les sceptiques!

Ç'a été comme ça toute l'année. Malgré son style parfois inquiétant, ses espoirs qui ont trop souvent reposé sur les épaules de Carey Price et un jeu de possession de rondelle qui faisait défaut, le Tricolore est toujours resté debout. Il est toujours revenu à la charge. Il aura joué à l'image de Brendan Gallagher qui retourne se camper devant le filet, à l'ombre de Zdeno Chara à qui il concède un pied... mais pas un pouce de terrain.

La confrontation entre Chara et le trio de David Desharnais a fini par basculer en faveur du CH à mesure que la série avançait. Le premier trio du Canadien a orchestré presque toutes les attaques de l'équipe pendant que Chara avait l'air de plus en plus vieux, lent et exténué.

«Il joue beaucoup de minutes, a rappelé Desharnais. Il va dominer les premiers matchs mais va ensuite ralentir. C'est en tout cas ce qu'on a ressenti à compter du cinquième match.»

Les Bruins toujours à la traîne

Le roseau du Canadien a souvent plié dans cette série mais ne s'est jamais rompu. On pourra toujours dire qu'il a causé une surprise en battant une équipe qui, en principe, lui était supérieure. Mais si l'on tient compte du fait que les Bruins n'ont détenu l'avance dans un match que 13% du temps, cette victoire n'a rien d'une aberration.

Et il y a ce fameux premier but.

Après tout ce qui s'est dit en première ronde à propos des remontées échevelées et des avances gaspillées, la série Canadien-Bruins a pris une direction opposée: l'équipe qui a marqué le premier but a gagné tous ses matchs. En fait, ç'a été la même chose à l'échelle de la ligue. Au total, 22 des 23 matchs de la deuxième ronde sont allés en faveur de l'équipe qui avait marqué le premier but.

Les Bruins ont eu beau frapper à la porte, dominer la possession de rondelle et bourdonner pour égaliser la marque, ils se sont butés à Carey Price et à une formation qui prenait tous les moyens pour briser son rythme.

«On a été capables de calmer le jeu avec des dégagements refusés, ou avec Carey qui immobilisait la rondelle, a précisé Desharnais. Ça nous a aidés.»

On l'a dit souvent cette saison: dans l'Association de l'Est, la voie vers la finale de la Coupe Stanley est ouverte à quiconque se montre opportuniste. Elle l'est plus que jamais maintenant que les deux rivaux jugés les plus dangereux avant le début des séries - Boston et Pittsburgh - ne sont plus dans le portrait.

La route continue, donc, pour le Canadien, qui voit maintenant les Rangers de New York se dresser devant lui.

Quel beau printemps.