Ce n'est pas exagéré de dire que Mike Weaver revient de loin. Sur la planète hockey, en tout cas, ceux qui partent de loin comme lui n'ont pas souvent la chance de se retrouver avec un emploi, et encore moins à 35 ans. Mais Mike Weaver est encore là. «J'ai pas mal de plaisir», lance-t-il d'emblée.

Revenir de loin, ça ressemble un peu à ça. Et ça ressemble un peu à lui, ce joueur ontarien éduqué sur les bancs de l'Université Michigan State, qui rêvait de hockey entre deux cours, mais qui savait très bien que le chemin vers les grands sommets de la LNH allait être long, très long.

Jamais repêché, Weaver a finalement eu un petit coup de chance en 2000, quand les Thrashers d'Atlanta lui ont offert un tout petit contrat.

Et un boni de 25 000 $ à la signature.

«J'ai toujours été celui qu'on ne remarque pas, ajoute-t-il. Je n'ai jamais été le joueur avec le gros nom, qui fait parler de lui. J'ai toujours cru que ce serait une mauvaise chose si mon nom se retrouvait dans les journaux...»

Avant de débarquer à Montréal, le 4 mars, Mike Weaver avait réussi à conserver cet anonymat qu'il aime tant. Avec les Thrashers, les Kings de Los Angeles, les Canucks de Vancouver, les Blues de St. Louis ou les Panthers de la Floride, ça n'a jamais été lui qu'on remarquait en premier.

En fait, en quatre saisons dans l'uniforme des Panthers, Mike Weaver affirme qu'il ne s'est pas fait reconnaître une seule fois hors de la patinoire.

Pas une.

«C'est assez différent par ici, ajoute-t-il. Je l'ai remarqué en partant. Sur Twitter, des partisans du Canadien m'ont félicité pour mes tirs bloqués! Et quand on sort ici, les partisans me reconnaissent, surtout quand je suis avec (Thomas) Vanek, par exemple. Peut-être qu'ils me reconnaissent grâce à lui. Aussi, des fois, il y a des fans qui crient mon nom... On voit bien que les gens de Montréal adorent le hockey.»

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Mike Weaver va bientôt vivre quelque chose qu'il ne connaît pas: le deuxième tour des séries. Après toutes ces années, après plus de 10 saisons dans la LNH, le vétéran défenseur va enfin vivre l'ivresse du deuxième tour, lui dont les équipes n'ont atteint les séries qu'à trois reprises durant toute sa carrière. «Et les deux fois d'avant, mon équipe avait été éliminée au premier tour», précise-t-il.

Évidemment, s'il était resté sous les palmiers à Sunrise, il n'aurait pas eu l'occasion de goûter aux joies de la deuxième ronde.

«En apprenant que les Panthers m'échangeaient au Canadien, sur le coup, j'ai été déçu... Dale (Tallon, directeur général de l'équipe) avait choisi de m'offrir un contrat (en 2010) pour participer à l'avenir de l'équipe. Je croyais que l'équipe allait dans la bonne direction, puis la situation a empiré cette saison. Mais là, je m'amuse. Jouer ici, c'est comme une injection d'adrénaline.»

Quand on lui fait remarquer qu'il s'est adapté très rapidement à son nouveau maillot bleu, blanc et rouge, Mike Weaver ne peut s'empêcher de sourire.

«M'adapter, j'ai fait ça toute ma carrière... Partout où je suis allé jouer, j'ai dû m'adapter. Ce n'est rien de nouveau. J'arrive quelque part, et puis je joue à ma manière, c'est tout. S'il y a quelque chose, un élément de mon jeu dont je suis fier, c'est la constance.»

Dans ce vestiaire montréalais, où les noms de Price, Pacioretty, Desharnais et Subban sont bien en vue sur les casiers, le nom de Mike Weaver n'est certes pas le plus connu. Mais le nom est là, comme le joueur - un joueur qui s'accroche et qui a survécu, un joueur qui a emprunté le chemin le plus long pour arriver ici, à des moments qu'il ne va pas oublier.

«On s'entraîne pendant toutes ces semaines pendant l'été, on passe tout ce temps sur la glace pour des moments comme ceux-là, conclut-il. C'est pour ça qu'on fait tout ça. C'est seulement la troisième fois de toute ma carrière que je suis dans les séries... Aussi bien m'amuser!»