Et si le Canadien avait affronté les Bruins de Boston en première ronde? Francis Bouillon aurait-il été encerclé de journalistes pour parler du premier match, comme ce fut le cas hier matin au Complexe Bell de Brossard?

Ou lui aurait-on plutôt demandé de faire des heures supplémentaires à l'entraînement comme on l'exige de tous les réservistes de l'équipe?

Mais le CH affronte une équipe - le Lightning de Tampa Bay - moins robuste, plus rapide, plus axée sur la possession de rondelle, et Bouillon aura la chance de former la troisième paire de défenseurs de l'équipe ce soir avec un autre défenseur de petite taille, Mike Weaver.

Michel Therrien laissera donc de côté les géants Douglas Murray et Jarred Tinordi au profit de Bouillon, 5'7, et Weaver, 5'10.

Les deux n'ont pas volé leur place. Bouillon, 38 ans, a une fiche de + 8 à ses 6 derniers matchs. Weaver, 35 ans, a une fiche de + 5 lors de la même période.

«Le style du Lightning y est pour beaucoup [dans la composition de la formation], a déclaré Bouillon après la séance d'entraînement de l'équipe, à quelques heures du vol vers Tampa. Le Lightning a un club rapide et c'est sans doute pourquoi nos entraîneurs utiliseront ces paires-là. Nous avons beaucoup de profondeur et nous pouvons affronter beaucoup d'équipes différentes.»

Un défenseur ne se prépare pas de la même façon quand il affronte le Lightning plutôt que les Bruins.

«Les Bruins aiment envoyer la rondelle en fond de territoire, mettre de la pression sur les défenseurs et terminer leurs mises en échec. Les joueurs de Tampa aiment entrer en zone offensive en possession de la rondelle. Ils attaquent toujours à trois attaquants avec beaucoup de vitesse et souvent un défenseur va se joindre à l'attaque. Il faut récupérer la rondelle rapidement. On a des stratégies contre chaque équipe et espérons que ça soit la bonne.»

Obtenu à la date limite des échanges pour une bouchée de pain, Weaver est une révélation. Il a 7 points en 17 rencontres et une fiche de + 8.

«Il avait peut-être moins de visibilité parce qu'il jouait en Floride, mais je le connaissais bien de réputation, il amène beaucoup de profondeur, c'est un spécialiste en infériorité numérique et il fait bien circuler la rondelle», a dit Bouillon.

Bouillon a encore surmonté de l'adversité cet hiver. Il a été laissé de côté pendant 15 matchs consécutifs après les Fêtes, mais il ne s'est pas laissé abattre. Cette longue pause lui a peut-être permis d'économiser ses énergies et de terminer ainsi la saison en force.

«C'est dur à dire parce que j'ai toujours dit que tu travailles deux fois plus fort à l'entraînement quand tu ne joues pas. Tu ne te reposes pas. Mais ça nous expose sans doute moins aux blessures. Est-ce que j'aurais terminé aussi fort si j'avais disputé 82 matchs? Présentement, je me sens bien.»

Il n'empêche qu'il n'y a jamais rien d'acquis pour ce joueur ignoré au repêchage qui en est à sa 14e saison dans la LNH.

«J'aime ça de même. On dirait que ça me donne une petite pression, et j'aime jouer sous pression. J'aime les défis, j'ai besoin de ces défis. Ça fait longtemps que je joue dans la LNH, et il y en a beaucoup qui ne me voyaient plus là à mon âge.»