L'entraîneur-chef des Sabres de Buffalo, Ted Nolan, aura été une personnalité marquante du hockey cette année. Il est retourné derrière un banc de la Ligue nationale six ans après avoir dirigé les Islanders de New York, en plus de mener l'équipe de la Lettonie à un résultat inespéré aux Jeux olympiques de Sotchi.

Dès le moment où il a pris la barre des Sabres, le 13 novembre, l'homme de 56 ans a été en mesure de mobiliser des troupes qui étaient vouées à une saison lamentable.

«C'est toute une personnalité, raconte le vétéran défenseur Henrik Tallinder. Il a un côté vieille école qui me rappelle les entraîneurs que je voyais à mon arrivée dans la LNH. Alors que d'autres vous montrent sans cesse des vidéos, lui recherche davantage l'émotion.»

«Il a été incroyable pour nous, compte tenu des circonstances, ajoute l'attaquant Drew Stafford. Il n'a jamais cessé de nous motiver. Ce n'est pas agréable de perdre, mais il réussit à faire en sorte qu'on se présente à chaque match. Même si on ne joue que pour notre fierté, il faut faire bonne figure. Bien des gars se battent pour un boulot l'an prochain, et Ted véhicule beaucoup ce message selon lequel les contrats ne sont pas donnés à tout vent dans cette ligue.»

Parlant de contrat, Nolan lui-même en a un sur la table depuis quelques semaines. Une offre de trois ans qu'il étudie et pour laquelle, ne cesse-t-il de répéter, il ne reste que des détails à régler.

Selon ce qu'on raconte à Buffalo, l'annonce d'une prolongation de contrat devait avoir lieu à l'origine au retour de la pause olympique. Or, le départ-surprise du président Pat LaFontaine - un ami personnel de Nolan, qui l'avait attiré dans l'aventure des Sabres - a tout bousillé.

«S'il est intéressé, nous souhaitons qu'il soit notre entraîneur l'an prochain», a réitéré le nouveau DG Tim Murray tout juste avant la date limite des transactions.

C'est à se demander si Nolan finira par accepter l'offre des Sabres ou s'il ne fait que poliment repousser l'échéance jusqu'à la fin de la saison...

LaFontaine a «réveillé son intérêt»

Nolan assure que la pénible saison des Sabres n'a pas atténué son plaisir de revenir dans la LNH. Pour la simple et bonne raison qu'il ne croyait plus jamais y remettre les pieds.

«Dans les deux années qui ont suivi mon dernier passage, j'attendais l'occasion de revenir, mais par la suite, non, a-t-il confié. Je ne pensais pas revenir. Je m'impliquais beaucoup dans ma fondation, je faisais plein d'autres choses, et tout à coup, la situation à Buffalo a ramené Pat LaFontaine dans le décor. Ça a réveillé mon intérêt pour le coaching.»

À l'origine, c'est la possibilité de faire une différence dans la vie des jeunes qui a amené Nolan vers le métier d'entraîneur. Or, s'il aime travailler avec les jeunes, il est servi à Buffalo! Les blessures et les nombreux changements de personnel ont fait en sorte qu'une quarantaine de joueurs - dont six gardiens - ont porté l'uniforme des Sabres cette année.

«L'effet positif de tout cela, c'est que ça nous a permis de voir de plus près ce que les jeunes de l'organisation avaient dans le ventre», indique-t-il.

Que Nolan demeure ou non avec les Sabres l'an prochain, la route s'annonce extrêmement difficile pour cette équipe en reconstruction.

«Dans le junior, une équipe pleine de joueurs de 17 ans se fait souvent donner des corrections, illustre-t-il. L'année suivante, elle trouve sa cohésion et, à 19 ans, les jeunes redonnent tout l'investissement qu'on a mis en eux. C'est un peu la même chose ici. Nous avons plusieurs bons jeunes avec les deux Tyler (Myers et Ennis), Zemgus Girgensons, Marcus Foligno, le défenseur Rasmus Ristolainen, qu'on vient de retourner à la Ligue américaine...

«Si l'on parvient à ajouter quelques joueurs autonomes l'été prochain, je pense qu'on pourrait renverser la vapeur assez rapidement.»

La Lettonie l'a transformé

Si Nolan n'a pas réussi à faire de miracles avec les Sabres cette année, il a mené la Lettonie en quarts de finale aux Jeux olympiques. Le travail qu'il avait amorcé auprès de cette équipe nationale en août 2011 a porté ses fruits.

Cette expérience outremer lui fait dire qu'il est aujourd'hui un entraîneur-chef bien différent de ce qu'il était à son premier passage chez les Sabres, au milieu des années 90.

«Mon style de coaching a changé radicalement. J'ai beaucoup appris au contact de joueurs d'autres pays. La façon de penser le sport est différente là-bas. Et après avoir vu pendant trois ans comment les Européens voyaient le hockey, j'ai une meilleure compréhension de ce qui les motive et des efforts d'intégration auxquels ils font face quand ils viennent jouer ici.»