Vincent Lecavalier était encore secoué, en fin de journée hier, par l'échange qui a envoyé son ancien coéquipier Martin St-Louis du Lightning de Tampa Bay aux Rangers de New York.

«C'est drôle parce que j'ai envoyé un texto à Brad Richards dans l'avant-midi pour lui rappeler que si l'échange se produisait, il ne resterait plus aucun joueur de notre équipe gagnante de la Coupe Stanley en 2004, a confié Lecavalier à La Presse en arrivant à l'aréna pour le match des Flyers de Philadelphie contre les Capitals de Washington. Martin était le dernier qui restait à Tampa. Sérieux, je suis un peu en état de choc...»

Dans l'un des échanges les plus spectaculaires de la journée limite des échanges dans la LNH, le Lightning a envoyé St-Louis aux Rangers de New York en retour de Ryan Callahan et de choix de première ronde en 2015 et de deuxième ronde en 2014. Ce choix de deuxième ronde se transformera en choix de première ronde si les Rangers atteignent la finale de l'Association de l'Est, et New York recevra un choix de deuxième ronde si Callahan renonce au marché des joueurs autonomes cet été pour rester à Tampa.

«Martin a été l'un des plus grands joueurs de l'histoire du Lightning de Tampa Bay, mais en fin de compte, nous avons exaucé son souhait, a déclaré le DG du Lightning, Steve Yzerman, en conférence de presse téléphonique. Nous souhaitons à sa famille et à lui la meilleure des chances dans sa carrière avec les Rangers.»

«Même si j'étais au courant des rumeurs concernant ses demandes, je ne croyais pas vraiment que ça pouvait arriver, a dit Lecavalier. En plus, il venait tout juste d'être nommé capitaine. Je sais qu'il a été déçu d'avoir été exclu de l'équipe canadienne la première fois. On s'était échangé des textos, et il l'avait mal digéré. C'est un joueur qui est dans la vie comme sur la glace: il est fier. Il venait de remporter le championnat des compteurs de la Ligue nationale. Il a fait ses preuves. Ils peuvent trouver plein d'excuses pour les joueurs écartés, mais dans le cas de Martin, j'ai trouvé ça bizarre comme décision. Il le méritait. En plus, il a été l'un des meilleurs joueurs sur la glace à Sotchi les rares fois où il a été utilisé. Je ne connais pas leurs plans, et je crois qu'ils y allaient par duos, mais Martin méritait sa place au départ.»

Lecavalier, dont le contrat a été racheté par Steve Yzerman l'été dernier et qui s'est ensuite retrouvé avec les Flyers, estime que St-Louis transformera l'attaque des Rangers.

«Surtout s'il retrouve Brad Richards, avec qui il avait une si belle chimie à Tampa, et Carl Hagelin. En plus, ils ont un autre trio offensif redoutable en (Derek) Stepan, (Rick) Nash et (Mats) Zuccarello. Callahan est un gars qui joue nord-sud, Martin est plus imprévisible.»

L'agent de Ryan Callahan, Steve Bartlett, estime qu'il a fait les efforts nécessaires pour en venir à une entente contractuelle avec les Rangers.

«À l'approche de la date limite des échanges, nous avons tout fait pour nous rapprocher des demandes des Rangers, a-t-il expliqué à TSN. Nous étions d'accord avec les six ans qu'ils nous offraient et nous rapprochions des chiffres proposés. Mais ils ne voulaient pas nous proposer de clause de non-échange, et ça n'aurait pas été très stratégique de renoncer au marché des joueurs autonomes et ensuite risquer d'être échangé.»

***

Une source bien au fait du dossier a expliqué hier soir à La Presse que «l'Affaire St-Louis» a demandé beaucoup de doigté de la part du DG Steve Yzerman.

Il devenait clair à la suite de la demande d'échange de Martin St-Louis, peu après son exclusion de l'équipe canadienne olympique en janvier, que l'organisation ne pouvait se permettre de le garder en raison de son statut de capitaine et de son influence dans le vestiaire.

Garder malheureux un joueur de cette stature aurait pu avoir des répercussions négatives sur le reste de l'équipe.

Le dossier était d'autant plus complexe que pour une foule de raisons, dont la proximité de son domicile de la Big Apple et sa relation avec Brad Richards, St-Louis ne voulait être échangé nulle part ailleurs qu'à New York.

L'impasse dans les négociations contractuelles entre Callahan et les Rangers a été providentielle pour le Lightning. Non seulement le Lightning a obtenu un joueur qui pourra l'aider à court terme, mais encore il ajoute une dimension qui lui manquait: la robustesse.

On ne l'a pas obtenu dans l'espoir premier de le garder, mais s'il réduit ses exigences salariales, s'il réalise après ses premiers chèques de paye que l'État de la Floride lui permet d'économiser de l'impôt, s'il apprend à aimer ses coéquipiers et le climat chaud de la Floride, on espère le garder pour moins cher.

Et il y a ce choix de première ronde. On a exigé ce choix pour 2015 et non pour 2014 dans l'espoir que les Rangers connaissent une saison plus difficile et, qui sait, permettent au Lightning de frapper un coup de circuit en repêchant parmi les premiers, puisque ce repêchage s'annonce très, très prometteur.

C'est la fin d'une époque à Tampa. Mais le Lightning et Steve Yzerman s'en sont plutôt bien tirés dans les circonstances...