Tous les joueurs pratiquant un style de jeu robuste chez le Tricolore ont commenté les débordements survenus samedi lors du match opposant les Penguins de Pittsburgh et les Bruins de Boston.

Et chacun d'eux, dans différents tons de gris, a excusé le geste de Shawn Thornton, qui a pourtant assailli violemment Brooks Orpik après que ce dernier eut plaqué Loui Eriksson, en tout début de rencontre.

George Parros est peut-être celui qui a condamné le plus l'attaque de Thornton, mais il s'est quand même montré prudent.

«C'est un oeil au beurre noir pour notre sport, a avancé le moustachu redresseur de torts.

«Je ne suis pas dans sa tête, mais je présume qu'il a fait ce qu'il croyait être la chose à faire à ce moment-là, c'est-à-dire se porter à la défense d'un coéquipier qu'on avait maltraité.

«Personne ne veut voir ce genre de chose se produire. Mais il s'est montré repentant, car c'est le pire des scénarios qui s'est produit.»

En effet, en attaquant Orpik par-derrière et en le ruant de coups, Thornton lui a causé une commotion cérébrale.

Cet assaut ne ressemblait-il pas à celui de Todd Bertuzzi aux dépens de Steve Moore, il y a quelques années?

«Ça avait un petit quelque chose de cela, et c'est peut-être ce qui rendait l'optique de la chose aussi horrible, a répondu Parros. Lorsqu'un joueur en prend un autre de côté ou par-derrière alors qu'il ne s'y attend pas, puis qu'il le rabat sur la glace, de mauvaises choses peuvent se produire.

«C'est ce qui me fait faire le lien entre les deux.»

La bonne réputation de Thornton

Travis Moen a joué pendant quelques saisons avec Thornton dans l'uniforme des Ducks d'Anaheim. Il a évoqué le respect dont jouit le vétéran dur à cuire des Bruins partout dans la ligue, un respect rehaussé par le fait que Thornton n'a jamais été suspendu pour un quelconque geste déplacé.

«Je ne sais pas ce qu'il a pensé sur ce coup-là, mais c'est un joueur qui a le coeur à la bonne place, a dit Moen. Je ne pense pas qu'il avait l'intention de blesser (Orpik). Sauf que le résultat, c'est qu'il a sonné son adversaire.

«La ligue va devoir se pencher là-dessus.»

Thornton sera convoqué en personne au bureau de Brendan Shanahan, ce qui laisse supposer une suspension de plus de cinq matchs. Shanahan participe à la réunion des gouverneurs de la LNH cette semaine à Pebble Beach, et déterminera ultérieurement la date de l'entretien.

«Je sais que les gens vont regarder ça et dire ce qu'ils ont dit quand il y a eu l'incident impliquant John Scott en début de saison, à savoir que ce genre de joueur n'a plus sa place dans le hockey, a pour sa part avancé Brandon Prust. Or, Thornton joue généralement de façon honnête, il a bien gagné sa vie de cette façon et, en plus, c'est un bon joueur de hockey.

«Ça peut se produire avec n'importe quel joueur. J'ai déjà vu des joueurs d'habiletés perdre leur sang-froid. On n'a qu'à penser à James Neal, qui a donné un coup de genou à la tête de Marchand durant le même match. Neal n'est pas exactement un matamore...»

D'ailleurs, les joueurs consultés semblaient tous condamner davantage le geste qui a valu cinq matchs de suspension au marqueur des Penguins.

Répondre de ses actes

Aux yeux de Ryan White, ces débordements n'auraient pas eu lieu si la mise en échec d'Orpik sur Eriksson, en début de rencontre, avait été sanctionnée par les arbitres.

«Je ne trouve pas qu'elle était si propre que ça», a dit White au sujet d'un coup resté impuni, qui a néanmoins causé une commotion cérébrale à l'attaquant des Bruins.

Dès ce moment, il devenait possible que les joueurs décident de se faire justice eux-mêmes.

«Premièrement, je ne suis même pas sûr qu'Eriksson ait touché à la rondelle, a précisé White. Deuxièmement, le match venait de commencer, et si un joueur veut s'y prendre de cette façon pour donner le ton à un match, il doit être prêt à répondre de ses actes.

« Je trouvais que c'était un coup salaud. J'ai déjà été suspendu par le passé pour un coup semblable. Ils essaient justement de les éliminer du sport.

«Je peux comprendre que les Penguins ne voulaient pas perdre l'un de leurs meilleurs défenseurs lors d'un combat avec Thornton, a conclu White, mais je ne pense pas que Boston soit enchanté de perdre l'un de ses meilleurs joueurs sur un coup du genre.»

Brandon Prust, quant à lui, a laissé planer l'impression selon laquelle Orpik s'est exposé à ce genre de représailles en refusant les invitations à se battre que Thornton lui avait lancées.

«Les batailles sont là pour protéger les joueurs et empêcher qu'ils ne se fassent blesser, a-t-il suggéré. Mais ça revient à chacun de décider s'il veut jeter les gants ou s'il préfère s'éloigner.»

Une fois de plus, on constate que les joueurs de hockey ne sont pas les plus pressés à condamner la violence et à se positionner comme des vecteurs de changement...