Steve Yzerman se rappelle encore des Jeux olympiques de Nagano, en 1998, les premiers auxquels ont participé des joueurs de la Ligue nationale et un exemple d'échec canadien sur une glace aux dimensions internationales.

La stratégie d'alors, lancer la rondelle en fond de territoire et appliquer de l'échec avant, n'avait pas fonctionné.

«Vous pouvez passer beaucoup de temps à tenter de rejoindre un endroit sur la patinoire, y arriver une seconde trop tard et vous sortir du jeu, a déclaré Yzerman, aujourd'hui directeur général d'Équipe Canada. Ça se joue différemment.»

Comme ça a été le cas à Turin, en 2006, où le Canada a pris le septième rang, en raison notamment d'un manque d'attaque et de vitesse et à la présence du mauvais groupe de joueurs pour jouer sur une glace de 200 pieds par 100.

Le défenseur des Sharks de San Jose Dan Boyle a regardé les ennuis de ses coéquipiers des estrades.

«C'était difficile à regarder, frustrant, a-t-il dit. Même si chacun des joueurs qui s'y trouvaient méritait d'y être, parfois, vous avez besoin d'éléments particuliers et c'est là que des joueurs différents entrent en jeu. Je crois qu'il nous manquait quelque chose.»

Huit ans après cette débâcle et quatre ans après avoir remporté l'or à Vancouver sur une patinoire aux dimensions de la LNH, Hockey Canada est déterminé à découvrir ce qui s'est produit sans toutefois abandonner son style.

«L'une des choses les plus importantes est de jouer le style canadien et non pas de s'ajuster à l'espace dont vous disposez soudainement, a expliqué Ralph Krueger, ex-entraîneur-chef des Oilers d'Edmonton aujourd'hui conseiller. Mais vous devez vous assurer que vous ne changez pas votre style ou n'apportez pas trop de changements afin d'affaiblir ce qui fait la force du Canada.»

Les forces du Canada, espèrent Yzerman et le personnel d'entraîneurs, sont la vitesse et l'agilité. Peut-être que c'est ce qui manquait au groupe de 2006.

Selon ce qu'ont dit ceux qui formeront l'édition 2014, il ne semble pas que ce sera un problème cette fois-ci, même si ça doit se faire au détriment de certains joueurs qui ont gagné l'or à Vancouver.

«Le plus important pour tout le monde est la rapidité. Vous devez être en mesure d'atteindre la rondelle, a déclaré le président des opérations hockey des Oilers, Kevin Lowe. L'équipe sera constituée de joueurs qui ont un bon coup de patin, capables de réfléchir et de transporter la rondelle. On pourrait voir plusieurs changements en comparaison avec l'équipe de Vancouver.»

Yzerman veut une équipe bâtie pour les grandes surfaces. Mais ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air.

«Nous n'allons pas seulement sélectionner les 13 plus rapides attaquants et les huit défenseurs les plus rapides, a lancé Yzerman. Le sens du hockey est possiblement la plus grande qualité dont devront faire preuve les joueurs, particulièrement à un niveau aussi élevé, alors qu'ils seront entourés de bons joueurs.»

Boyle, qui a joué en Suède pendant le lock-out de 2004-05, sait qu'il ne s'agit pas que d'être vite sur ses patins.

«Vous devez être en mesure de patiner, mais les angles d'approche diffèrent un peu, a-t-il expliqué. Que vous soyez attaquant ou défenseur, ce sont vos angles qui seront différents.»

C'est là qu'un bon sens du hockey entre en jeu. En raison des coûts d'assurance trop élevés, l'entraîneur-chef Mike Babcock a dû faire preuve de créativité, faisant déplacer ses joueurs dans des exercices marchés sur une patinoire de hockey-balle de dimension olympique construite pour l'occasion.

Ce que ces exercices ont permis aux joueurs de constater, c'est de tout l'espace dont ils disposeront. Mais l'entraîneur adjoint Ken Hitchcock veut également que les joueurs réalisent que plus grande surface ne veut pas dire plus de temps pour faire son jeu.

«Je crois que c'est la plus grande erreur qu'ils pourraient commettre, a dit l'entraîneur-chef des Blues de St. Louis. En tant que Canadiens, nous jouons bien quand nous sommes rapides en défense et encore plus rapides à l'attaque. Si on fait l'erreur de penser qu'on a plus de temps, la couverture défensive de nos adversaires se refermera rapidement.»

Avoir de l'expérience sur une patinoire de dimensions internationales pourrait aider, surtout pour les défenseurs. Mais ce ne sera pas le principal prérequis afin d'être retenu pour Sotchi. Hockey Canada cherchera davantage des joueurs désirant s'ajuster après avoir disputé la première partie de la saison sur des patinoires plus petites.