À 14 h 30 hier, soit cinq bonnes heures avant le début du cinquième match de la série entre les Capitals et les Rangers, Keith McCoy a trempé les lèvres dans son premier verre de bière de la journée, assis au bar d'un restaurant attenant au Verizon Center.

«Je suis bon pour une quinzaine», a déclaré le jeune homme de 29 ans, conseiller pour un entrepreneur militaire d'Alexandria, en Virginie, en faisant allusion au nombre de verres de bière qu'il comptait écluser avant le début du match.

- Ne craignez-vous pas de ne pas être au mieux de votre forme à l'heure du match? lui ai-je demandé.

- Ne vous en faites pas, j'ai de l'entraînement», m'a t-il répondu.

Keith portait des pantalons courts, preuve du retour soudain de la chaleur à Washington. Comme New York et plusieurs autres villes de la côte est américaine, la capitale nationale des États-Unis a frissonné au cours des derniers jours pendant que Montréal suait à grosses gouttes avec ses Canadiens.

Notre ami assoiffé avait également revêtu le chandail no 8 d'Alexander Ovechkin, comme le font 80% des partisans des Capitals qui assistent à leurs matchs locaux. Washington ne fait sans doute pas partie des plus grandes villes de hockey en Amérique du Nord (comme Keith me l'a si bien expliqué, «les Redskins sont au sommet du totem ici, et toutes les autres équipes - les Capitals, les Wizards et les Nationals - sont agglutinées au milieu du totem»). N'empêche: Ovechkin est assurément l'une des vedettes de hockey les plus adulées dans sa ville.

Et la superstar faisait face à une pression intense hier soir en sautant sur la patinoire du Verizon Centrer.

«Je m'attends à ce qu'il fasse de grandes choses au cours des deux prochains matchs», a déclaré Keith McCoy en parlant d'Ovechkin, qui a joué à l'homme invisible lors des deux défaites des Capitals au Madison Square Garden. «Les étoiles sont censées sortir dans les séries. S'il ne joue pas mieux, si (Nicklas) Backstrom ne joue pas mieux, les Capitals ne gagneront pas la série.»

Et d'ajouter, après une gorgée de bière: «Mais j'ai confiance. Il a gagné le trophée Rocket Richard et il gagnera probablement le trophée Hart. Il s'en tirera.»

Timide début de série

Ovechkin a mérité le trophée Maurice «Rocket» Richard après avoir marqué 32 buts, dont 22 dans les 29 derniers matchs de la saison, un sommet dans la LNH. Et il est finaliste au trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe, avec Sidney Crosby des Penguins et John Tavares des Islanders.

Mais le no 8 n'avait amassé que deux points en première ronde des séries avant le match d'hier soir. Un but dans le premier match contre les Rangers, une passe dans le deuxième, et puis plus rien. De sorte que les journaux de Washington faisaient leurs manchettes hier avec le passage à vide d'Ovechkin, le Times allant jusqu'à titrer qu'il avait été «AWOL» (disparu de la circulation) à New York.

«Notre trio doit créer des chances (de marquer)», a dit Ovi, comme on l'appelle à Washington, à la veille du cinquième match de la série Capitals-Rangers. «Tout le monde sait que Backy (Backstrom), moi et JoJo (Marcus Johansson) devons mieux jouer.»

Quand vous lirez ces lignes, vous saurez avec tous les amateurs de hockey de Washington si Ovechkin aura réussi à jouer à la hauteur de son talent hier soir. Mais il ne fait pas de doute que l'adulation dont la superstar fait l'objet à Washington ne doit pas toujours être facile à supporter.

En tout cas, Ovechkin a avoué l'autre jour apprécier l'anonymat dont il peut jouir dans une ville comme New York. «C'est plaisant de marcher dans la rue sans que personne ne te reconnaisse et de pouvoir faire ce que tu veux», a-t-il déclaré entre les troisième et quatrième matchs à New York.

Mais quand il revêt le chandail no 8, que ce soit à New York ou à Washington, Alexander Ovechkin ne peut pas faire ce qu'il veut, contrairement à notre ami Keith McCoy.

Au fait, Keith, as-tu tenu le coup jusqu'à la fin du match?