Les enjeux comme l'amélioration de la politique antidopage ont largement été ignorés durant le lock-out. Mais maintenant qu'ils savent que cette politique a été renforcée, les joueurs du Canadien sont curieux de savoir quels en seront les tenants et aboutissants.

En particulier, de quelle façon la ligue compte s'y prendre pour tester durant la saison morte des joueurs disséminés au quatre coins de la planète.

«Je ne vois pas comment ils vont s'y prendre», a carrément lancé Lars Eller.

Selon les informations recueillies par La Presse, il appert que chaque joueur devra compléter un formulaire à la fin de chaque saison indiquant ses déplacements planifiés durant l'été. Les médecins se baseront sur ces formulaires pour organiser leurs contrôles, dont la logistique reste à être clarifiée par le comité conjoint entre la LNH et l'Association des joueurs portant sur le programme antidopage.

«Si tu pars en vacances, c'est assez ennuyant de dire: je pars pour tel nombre de jours, je serai à tel hôtel, et savoir qu'il y a une chance qu'ils viennent te voir où que tu sois», a illustré Josh Gorges.

Un problème réel?

Même s'il anticipe que la logistique sera complexe, Gorges demeure en faveur.

«Pourquoi pas? Sinon, qu'est-ce qui empêcherait un joueur qui rate les séries en avril de prendre quelque chose durant l'été, sachant qu'il ne serait testé qu'en novembre?»

Dans la convention collective précédente, le tiers des équipes était testé de façon inopinée une fois par saison, le tiers était testé deux fois et l'autre tiers trois fois. Mais le circuit Bettman a senti le besoin de serrer la vis.

«C'est quelque chose que souhaitent autant la LNH que l'Association des joueurs; et ce qu'ils veulent, je le veux aussi», a indiqué Travis Moen.

Il reste à savoir si la LNH n'ouvrira pas une boîte de Pandore en élargissant le cadre de ses contrôles antidopage. Les stéroïdes ne sont-ils que «les vitamines de la KHL», comme les appelle en riant Max Pacioretty?

«J'ai l'impression que le hockey est un peu différent et je ne sais pas si c'est vraiment présent dans notre sport, soutient Moen. Mais s'ils souhaitent implanter de nouvelles procédures, il n'y a aucune raison de s'y opposer.»

Plus près des standards olympiques?

En admettant que le dossier de la présence des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques finira par se régler, ne serait-il pas souhaitable que la LNH en vienne à rapprocher sa politique antidopage des normes olympiques?

«Historiquement, la ligue a toujours fonctionné selon ses propres règles et n'a jamais cédé à une quelconque forme de pression extérieure, observe Lars Eller.

«Chose certaine, ce serait plus facile pour les joueurs de savoir clairement ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. À Vancouver, des joueurs se sont fait pincer parce qu'ils avaient pris du NyQuil. On croirait pourtant que ce genre de produit est inoffensif...

«L'information doit circuler.»

Eller est un habitué des contrôles antidopage car le Danemark est particulièrement sévère sur cette question.

«On est testés systématiquement avant chaque compétition internationale, dit-il. Ils peuvent pratiquement débarquer chez moi à n'importe quel moment.»

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L'étendue du dopage dans la LNH

On ne connaît pas l'étendue du dopage dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Très peu de cas ont été rapportés au fil des ans, mais les experts ont tendance à attribuer ce fait aux lacunes du programme antidopage de la Ligue.

Très peu de hockeyeurs ont été pris pour dopage par la LNH au cours des dernières années. Le défenseur Sean Hill a été le premier épinglé dans le cadre du programme antidopage de la Ligue, en avril 2007 alors qu'il évoluait avec les Islanders. La substance en cause n'a jamais été révélée et le joueur a purgé une suspension de 20 matchs.

Mais la plupart des cas rendus publics relèvent de contrôles réalisés dans le cadre des Jeux olympiques d'hiver, où le hockey est une discipline officielle. En 2005, le vétéran Bryan Berard a ainsi subi un contrôle positif à une forme de stéroïdes anabolisants. On lui a interdit de participer à des matchs internationaux pour une période de deux ans, mais il a pu continuer d'évoluer dans la LNH.

C'est aussi en marge des Jeux de 2006 que José Théodore a échoué à un contrôle antidopage. Des analyses ont décelé des traces de finastéride, un agent masquant qui provenait, selon le gardien de but, d'un médicament contre la perte de cheveux.

Plus récemment, Alexei Cherepanov est mort le 25 octobre 2008 pendant un match de la KHL. Une enquête russe a conclu que le joueur de 19 ans se dopait depuis plusieurs années et était, au moment de sa mort, sous l'influence de la nicéthamide, un stimulant.

Mais ces cas restent anecdotiques. Mathieu Darche croit que le dopage existe bel et bien au hockey, mais reste marginal comparativement à d'autres sports. «Je ne suis pas assez naïf pour dire qu'il n'y a pas de dopage. Mais moi, je ne crois pas que ce soit un fléau, lâche Darche. Au hockey, je serais plus inquiet par des choses comme la caféine, l'éphédrine - pour se donner un boost - que par les stéroïdes.»

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Le bon et le moins bon

Voici les changements positifs apportés au programme antidopage de la LNH :

Des contrôles étendus aux séries éliminatoires et à la saison morte.

La volonté de s'attaquer aux amphétamines, aux stimulants et aux hormones de croissance.

Et une liste des éléments toujours déficients :

La Ligue continuera à limiter les contrôles aux jours d'entraînement. Il faudrait pourtant en faire les jours de match afin de détecter amphétamines et stimulants.

Une liste de substances bannies très courte comparativement à celle en vigueur pour les athlètes olympiques.

Manque de transparence. Même les experts en dopage ont du mal à savoir quelles sont les substances testées et bannies par la Ligue.