Il n'y a pas que les anciens du Canadien qui hantent leurs clubs d'antan avec de bonnes performances en séries éliminatoires ce printemps.

Alexei Ponikarovsky, l'un des souffre-douleurs de partisans et des journalistes affectés à la couverture des Maple Leafs de Toronto pendant des années, a joué les héros hier soir au New Jersey en offrant une victoire de 4-3 aux Devils et à leurs fans avec 2:39 à écouler à la première période de prolongation.

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Profitant d'un très mauvais changement au banc des Flyers, Ilya Kovalchuk a servi une très belle passe à son compatriote pour lui permettre d'entrer rapidement en zone ennemie.

Flanqué du défenseur Andy Greene venu l'appuyer, Ponikarovsky a feinté de lui remettre la rondelle avant de décocher un bon tir. Ilya Bryzgalov a stoppé cette première rondelle. Mais un retour généreux accordé par le gardien russe a permis au gros attaquant de profiter d'une deuxième occasion. Il ne l'a pas raté.

C'était le premier but de Ponikarovsky en 10 matchs de séries éliminatoires cette saison. Son quatrième seulement en 48 rencontres éliminatoires en carrière.

En plus de soulever des partisans qui étaient loin d'avoir été gâtés par la qualité du spectacle jusque-là, le but de Ponikarovsky a propulsé les Devils en avant 2-1 dans la série quatre de sept qui se poursuivra dimanche.

Bien qu'il ait récolté la première étoile pour son but décisif - il n'y a pas qu'à Montréal où l'on récompense de cette façon exagérée un but en prolongation - ce n'est pas Ponikarovsky qui a été le meilleur joueur des Devils.

Ça non.

Parce qu'il tenait à contribuer à la cause de son équipe dans le cadre de son retour au jeu, Ilya Kovalchuk s'est offert une soirée d'un but et deux passes. Tout un contraste avec le match de mardi qu'il a suivi de sa maison où il était confiné en raison d'une blessure au bas du corps - c'est la version officielle, mais il pourrait être blessé au dos.

«Avec la performance offerte par mes coéquipiers qui ont gagné le dernier match en mon absence, je n'avais pas le droit de revenir simplement pour me faire plaisir. Je me sentais bien ce matin. Et quand j'ai obtenu le feu vert, je me suis dit que je devais faire la différence», a commenté Kovalechuk qui a remercié les médecins et thérapeutes athlétiques des Devils pour leurs «mains et traitements magiques.»

Kovalchuk a toutefois refusé d'en dire plus sur le genre de magie dont il avait profité.

Il a toutefois révélé avoir eu de la difficulté à suivre le match de mardi à la télé. «J'étais à la maison avec ma famille et des amis. J'ai regardé le début du match. Les gars se défonçaient, mais c'était pénible de les voir jouer sans pouvoir les aider. Lorsque Adam (Larsson) a marqué notre premier but, je me suis un peu mieux senti. Mais quand j'ai quitté la pièce pour aller coucher ma fille, je ne suis pas revenu. C'est mon épouse qui m'a annoncé qu'on avait gagné. Quel soulagement ça été.»

Sur le but gagnant, Kovalchuk simplement profité de l'ouverture que les Flyers lui ont offerte.

«Ma première idée alors que j'ai obtenu la rondelle en zone neutre était de tirer au fond. Mais quand j'ai vu la glace s'ouvrir devant nous, j'ai fait la passe à "Poni". Je suis content qu'il ait décidé de tirer. Il est tellement gros, tellement fort, il a tellement un bon tir qu'il devrait s'en servir plus souvent. C'est un monstre ce gars-là», a témoigné Kovalchuk en parlant de son compatriote.

Pas sûr toutefois que les partisans des Maple Leafs soient d'accord avec cette évaluation. Mais bon...

Flyers anémiques

À l'image de la deuxième rencontre de cette série, il est facile de se demander au lendemain du troisième si ce sont bien les Devils qui ont gagné ou les Flyers qui ont encore perdu.

Car loin, très loin, d'afficher la même hargne et la même cohésion sur la glace qu'en première ronde face à Sidney Crosby et ses Penguins, les Flyers se sont encore contentés de très peu. De trop peu pour gagner.

Surtout en prolongation alors qu'ils ont bousillé deux attaques massives obtenues après que Dainius Zubrus (assaut) et Bryce Salvador (rondelle tirée dans les gradins) eurent été chassés.

«On s'est accroché et on a fait ce qu'il fallait pour défendre la cause de notre gardien», a commenté l'entraîneur-chef des Devils en esquissant un sourire après cette deuxième victoire consécutive de son équipe.

Les Devils ont certainement été solides, mais les Flyers ont grandement aidé leur cause en se contentant d'un très timide tir au but au cours de ces quatre minutes d'avantage numérique.

«Nous avons été beaucoup trop passifs lors de ces attaques à cinq. Moi le premier», a reconnu Daniel Brière auteur d'un but et d'une passe dans la défaite. Il s'agissait d'un huitième but en séries cette année pour le Gatinois et d'une quatrième mention d'aide.

Dans un match marqué de plusieurs gestes illégaux non punis et de quelques pénalités douteuses, les Flyers, qui comptaient sur la meilleure attaque massive avant le match (13 buts en 34 occasions) n'ont fait mouche qu'une fois en cinq occasions.

Bryzgalov et Brodeur généreux

Comme c'est souvent le cas en séries, comme c'est souvent le cas point, les gardiens ont joué un rôle de premier plan dans le match de jeudi.

Et ce n'est pas parce qu'ils ont été bons. Ça non!

Qu'Ilya Bryzgalov soit généreux devant le filet des Flyers, on commence à s'y faire. Mais que Martin Brodeur soit aussi généreux que son vis-à-vis des Flyers, ça c'est plus surprenant. C'est pourtant ce qui est arrivé hier dans le cadre du troisième match de la série Devils-Flyers.

Des cadeaux des deux gardiens sur les premiers et troisièmes buts qu'ils ont accordés ont forcé la tenue d'une prolongation. La 20e cette saison autour de la LNH depuis le début des séries.

Les Flyers ont été les premiers à s'inscrire au pointage.

Généreux, Martin Brodeur a été déjoué par un tir de Brayden Schenn qui l'a battu sur le côté rapproché en début de rencontre. Le genre de but que Brodeur n'accorde pas lorsqu'il affiche sa forme des beaux jours.

Ilya Bryzgalov a permis aux Devils de niveler les chances six minutes plus tard. Le gardien russe a fait dévier un tir de Patrick Elias derrière lui en ratant complètement l'arrêt qu'il tentait d'effectuer avec son bouclier.

Vingt secondes plus tard, les Devils récidivaient. De retour au jeu après une absence d'une rencontre, Ilya Kovalchuk a déjoué son compatriote à l'aide d'un tir aussi puissant que précis qui n'a donné aucune chance à Bryzgalov.

Matt Carle a nivelé les chances 2-2 sur le seul jeu intéressant de la période médiane.

Puis, en troisième, après s'être emparé d'une rondelle libre derrière le but des Flyers, Zach Parise a bondi vers l'avant du filet pour surprendre Ilya Bryzgalov en glissant la rondelle entre sa jambière gauche et le poteau.

Faible Bryzgalov sur le jeu? Mettez-en!

Mais alors qu'on croyait les Devils assurés d'une deuxième victoire, Daniel Brière a glissé la rondelle sous Martin Brodeur qui a très mal paru sur le jeu.

Ce but a poussé les deux équipes en prolongation.

Avec la piètre qualité du spectacle offert, on s'en serait bien passé. Mais bon! Les Flyers et les Devils ne nous a pas obligés à patienter jusqu'à la sixième période avant de faire un vainqueur. Ou un perdant, puisque c'est de ça dont il est question ici.

Déjà amoindris par des blessures qui ralentissent plusieurs de leurs joueurs, les Flyers ont perdu les services de Sean Couturier dès la première période. Le joueur de centre québécois s'est blessé à la jambe gauche après une bataille à un contre un le long de la bande lors de sa cinquième et dernière présence sur la patinoire. Après être péniblement retourné au banc, Couturier a retraité au vestiaire d'où il n'est jamais revenu.

Rentrés à Philadelphie immédiatement après la rencontre, les Flyers seront de retour au Prudential Center dimanche pour la quatrième rencontre de cette série.

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Entre les lignes

Cette victoire des Devils était leur troisième en prolongation ce printemps. Ils n'ont qu'un revers.

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Après des escales à New York, Philadelphie et Washington, c'était la première fois hier qu'on pouvait facilement remarquer des sièges vides aux quatre coins de l'amphithéâtre. Et bien que les chandails des Devils étaient fièrement portés par des milliers de partisans, le tapis de rouge et de blanc tissé par ces chandails arborait plusieurs taches oranges associées à des fans des Flyers débarqués en groupes. Bien qu'on pouvait apercevoir des chandails des Capitals, lundi, au Madison Square Garden, des chandails des Devils, mardi, au Wells Fargo Center et des chandails des Rangers, mercredi, au Verizon Center, ils étaient orphelins et bien timides en terrain hostile. Rien à voir avec les grappes de chandails des Flyers remarquées hier au Prudential Center.