Raymond Giroux a assisté à une quinzaine de matchs des Flyers de Philadelphie cette saison. Mais celui que son fils Claude s'apprête à disputer, samedi soir face au Canadien, revêt un cachet particulier.

C'est qu'un groupe de 59 amateurs de la région de Hearst, qui jouent au hockey ensemble chaque semaine, ont invité M. Giroux à se joindre à eux dans un périple de 25 heures d'autobus vers Philadelphie.

Cette bande de cinquantenaires, tous vêtus aux couleurs des Flyers -même si la majorité d'entre eux demeurent partisans du Canadien- foulera la patinoire du Wells Fargo Center en après-midi avant de voir Claude Giroux et son équipe affronter le Tricolore en soirée.

Même s'il a quitté Hearst il y a une dizaine d'années et qu'il réside aujourd'hui à Gatineau, cette initiative a beaucoup ému M. Giroux.

«Cette gang-là est vraiment spéciale, lance le père de Claude Giroux, les yeux pleins d'eau. C'est vraiment du bon monde, du monde sincère et je respecte beaucoup le fait qu'ils m'aient appelé pour m'inviter à embarquer avec eux.»

Le village franco-ontarien de Hearst, où habitent à peine plus de 5000 personnes, vit au rythme des exploits de l'attaquant de 24 ans, qui s'est établi cette saison au rang de super-vedette du circuit.

Entre 2006, année où l'ancien DG Bobby Clarke a oublié son nom sur la tribune du repêchage, jusqu'à cette saison, où il se retrouve au deuxième rang des marqueurs de la LNH, sa progression a été fulgurante.

«Je ne me serais jamais imaginé cela, avoue M. Giroux, qui doit encore se pincer à l'occasion. Je ne l'imaginais même pas dans la Ligue nationale.»

Le principal intéressé avoue la même chose.

«Mon rêve était de jouer dans la LNH, mais avant de me joindre aux Olympiques de Gatineau, je ne pensais pas que j'aurais une chance d'y arriver», confie Giroux.

Or, cet excellent manieur de rondelle, habile fabricant de jeu capable de rester à l'écart du jeu pour mieux se faire oublier, n'a pu passer inaperçu dès le moment où il a joint la LHJMQ.

«J'ai joué contre lui pendant deux ans dans le junior et je savais de quoi il était capable, a souligné l'ailier Jakub Voracek. C'est un joueur des grandes occasions. Il produit quand ça compte le plus, et c'est ce qui fait de lui notre meilleur joueur.

«Il le faisait dans le junior et il le fait encore ici.»

L'influence de Jagr

Raymond Giroux revient voir son fils, mais il le retrouve désormais entouré de... grands frères.

«Il y avait plusieurs francophones à son arrivée chez les Flyers», rappelle-t-il en faisant référence aux Daniel Brière, Simon Gagné, Martin Biron et Ian Laperrière.

«Je lève mon chapeau à Daniel qui l'a invité à rester chez lui pendant un an. Puisqu'il est resté auprès de ses enfants pendant un an, il lui a transmis de belles valeurs.

«Daniel est un bon père et un homme d'affaires. Il lui en a appris beaucoup.»

Cette saison, c'est cependant Jaromir Jagr qui agit en grand frère. Ils sont plusieurs à dire à Philadelphie que les Flyers sont devenus l'équipe de Giroux, mais ce dernier croit que l'influence du vétéran tchèque a été déterminante dans les succès de l'équipe.

«Au début de la saison, Mike Richards et Jeff Carter n'étaient plus là, il y avait beaucoup de nouveaux visages et nous avons fait du bon travail pour nous unir et nous mettre sur la même longueur d'onde, explique Giroux.

«Notre éthique de travail est différente par rapport à l'an dernier. L'arrivée de Jagr a contribué à changer cela. On ne savait pas à quoi s'attendre de lui quand il s'est amené ici, mais il travaille très fort et, en dehors de la patinoire, c'est une véritable machine.

«Quand tu vois un gars de 40 ans agir de la sorte, celui de 24 ans n'a pas le choix de suivre. Sinon il va se sentir visé. Ça a réveillé plusieurs gars au sein de l'équipe.»

Quand Giroux était petit garçon à Hearst, Jaromir Jagr était l'un des cinq meilleurs joueurs du circuit. Une super-vedette accomplie. Tout un revirement de situation, aujourd'hui, que d'entendre Jagr identifier Giroux comme le meilleur joueur des Flyers!

«Il l'a souvent dit cette année, et c'est agréable d'entendre un gars comme Jagr dire quelque chose comme ça. Mais à 40 ans, ce gars-là adore encore le hockey, il a un sourire sur le visage tous les jours et on est content de l'avoir avec nous. J'espère qu'il sera encore là l'an prochain.»