Les chiffres donnent froid dans le dos. Vingt-deux joueurs de la LNH sont présentement à l'écart du jeu en raison de commotions cérébrales, dont Sidney Crosby.

La vedette des Penguins de Pittsburgh a chaussé les patins pour la première fois en plus de deux mois, hier. Au même moment, lors de la réunion des directeurs généraux du circuit, le commissaire Gary Bettman a proposé un plan afin d'éliminer les coups à la tête. Le remède miracle à l'épidémie de traumatismes au cerveau, qui a frappé plus d'un joueur sur 10 cette année dans la ligue, se fait toutefois toujours attendre.

Ce n'est peut-être pas une solution miracle, mais au moins, c'est un début.

Gary Bettman a profité de la première journée des rencontres des directeurs généraux, hier en Floride, pour dévoiler un plan visant à éliminer les coups à la tête.

Le commissaire, vivement critiqué depuis la semaine dernière en raison de la décision de ne pas suspendre Zdeno Chara, en a profité pour rappeler que la plupart des commotions cérébrales sont les résultats de coups accidentels cette saison.

«L'idée selon laquelle il n'y a plus de respect entre les joueurs est fausse», a dit le commissaire, tout en s'appuyant sur une série de chiffres. Ainsi, selon les statistiques offertes par le commissaire, seulement 17% des commotions cérébrales dans la LNH cette saison ont été provoquées par des mises en échec illégales.

«Il n'y a pas de réponse facile à cette question, a ajouté Bettman. Je sais qu'il s'agit d'un sujet émotif chez plusieurs de nos fans, et on comprend très bien cela. Mais il faut aussi savoir ce qui se passe dans notre ligue. Le hockey est un sport rapide et physique. Bien sûr, nous avons la sécurité des joueurs à coeur, et nous allons chercher à minimiser les risques d'accident sur la glace.»

Le plan dévoilé par Bettman hier se décline en cinq points: revoir les équipements des joueurs, revoir la façon de traiter les joueurs qui viennent de recevoir un coup à la tête, imposer des sanctions aux clubs et aux entraîneurs si un des leurs commet une infraction, vérifier que les arénas du circuit soient suffisamment sécuritaires (les baies vitrées, notamment), et créer un comité qui se chargera d'étudier la question des commotions cérébrales.

Selon Bettman, ce comité spécial serait formé d'anciens joueurs comme Rob Blake, Joe Nieuwendyk, Steve Yzerman, et Brendan Shanahan.

En tout, les DG du circuit ont passé environ quatre heures à discuter des coups à la tête et des commotions cérébrales hier matin, dans un chic hôtel de Boca Raton. Les réunions doivent se poursuivre jusqu'à demain midi.

Sur la bonne voie

Pierre Gauthier, le directeur général du Canadien, a fait savoir que la LNH est sur la bonne voie.

«Tous les gens qui sont ici ne pensent pas à leur équipe, ils pensent au bien de la ligue avant tout, a indiqué Gauthier au sortir de la réunion d'hier. Notre travail ici, c'est de voir à rendre notre sport plus sécuritaire. On le réalise très bien, il y a un désir clair d'y arriver, il y a une volonté de changer les choses.»

Quant à savoir si cela passe par des sanctions plus sévères, Pierre Gauthier n'en est pas si sûr. «Il faut voir. Le règlement 48 a déjà été adopté, et on a constaté une amélioration. Mais il y a encore des choses qu'on peut améliorer. Au bout du compte, on veut tous la même chose: que ce soit plus sécuritaire pour les joueurs, sans compromettre la qualité du jeu.»

Les directeurs généraux devront aussi décider s'ils veulent proposer l'imposition de peines plus sévères aux joueurs coupables. Ceux rencontrés hier par La Presse semblaient divisés sur cette question.

Ray Shero, le directeur général des Penguins, fait partie de ceux qui sont en faveur de l'abolition pure et simple des coups à la tête.

«La position de notre club est la suivante: on ne veut plus de coups à la tête, a-t-il répondu. C'est un sujet que nous avons abordé, mais tout le monde a sa propre définition d'un coup à la tête. S'il faut se mettre à suspendre des joueurs de façon plus sévère et à imposer des amendes plus sévères aussi, je crois que cela mérite d'être étudié avec attention», a dit Shero.