La sortie de Mario Lemieux, qui a blâmé la Ligue nationale de ne pas avoir puni plus sévèrement les gestes commis par les Islanders de New York aux dépens de ses Penguins de Pittsburgh vendredi, a fait énormément jaser.



Les joueurs du Canadien ont eux-mêmes été impliqués dans un match violent, mercredi dernier, qui n'a pas été sanctionné par le préfet de discipline.

On le constate déjà: les propos dits par Lemieux, dimanche, sont mieux reçus par les joueurs que par les autres gouverneurs du circuit Bettman.

«Mario Lemieux a été l'un des plus grands joueurs de l'histoire, il bénéficie d'une tonne de respect et lorsqu'il parle, on devrait écouter», a dit Roman Hamrlik.

«Il n'est pas du genre à dénoncer pour rien», a ajouté Michael Cammalleri.

Déjà que le propriétaire des Penguins digère mal les deux mises en échec qui ont mis la saison de Sidney Crosby en péril le mois dernier, les agressions commises par les Islanders - dont le coup de Matt Martin aux dépens de Maxime Talbot - ont fait déborder le vase.

Chez le Canadien, on comprend un peu la frustration de Lemieux.

«Je ne comprends pas le geste de Martin, a dit le défenseur Alexandre Picard. À mon avis, c'est le même geste qu'avait commis Todd Bertuzzi, qui avait écopé d'une suspension beaucoup plus importante (20 matchs par rapport à 4 pour Martin).

«La différence, c'est que Steve Moore s'était cassé le cou alors que Talbot n'a rien eu, a ajouté Picard. C'est un peu la marque de commerce de la LNH. Ils sévissent si les joueurs sont blessés. Sinon, ils y vont d'une suspension moins forte. C'est assez triste comme réalité.»

Des règlements de comptes

Les Islanders s'en sont pris à Talbot en réplique à une mise en échec légale qu'il avait assénée à Blake Comeau lors du match précédent entre les deux équipes. Il y a donc eu préméditation.

Des amateurs du Tricolore, eux, ont vu dans le match Bruins-Canadien de la semaine dernière une forme de préméditation dans la façon dont Max Pacioretty avait été ciblé. Car les Bruins n'avaient pas aimé que Pacioretty bouscule Zdeno Chara après avoir marqué un but en prolongation, lors du rendez-vous précédent entre les deux clubs...

«Il n'y a pas vraiment eu de gestes comparables à ce qu'on a vu dans le match Penguins-Islanders, a cependant répondu Picard. Le match contre les Bruins impliquait une grande rivalité et beaucoup à l'enjeu, tandis que ce n'était pas vraiment le cas avec les Islanders et les Penguins.

«Ç'a été davantage un règlement de comptes qu'autre chose.»

C'est également une sorte de règlement de comptes qui a présidé au match entre les Bruins et les Stars de Dallas, le 3 février, autre match ponctué de nombreuses bagarres...

En 10 jours, il y a donc eu trois rencontres où la violence a eu le haut du pavé.

«Il ne faut pas oublier que toute une génération de joueurs a dû négocier avec ce genre de situation, a souligné James Wisniewski. Dans les années 70 et 80, il était fréquent de voir des bagarres générales impliquant les 20 joueurs, même durant la période d'échauffement...»

Sans vouloir monter au créneau, Wisniewski a suggéré que la préméditation de certaines batailles devait être sanctionnée de façon plus régulière par la ligue.

«Le règlement de l'instigateur devrait empêcher les joueurs d'en faire plus sans en subir les conséquences. Quand tu reçois un deux minutes, un cinq minutes et une mauvaise conduite, c'est dissuasif.

«Or, des équipes reprochent parfois à la ligue de ne pas mettre suffisamment en application le réglement de l'instigateur. Si la ligue ne protège pas les joueurs, les joueurs vont défendre eux-mêmes leurs coéquipiers.»

Du hockey de séries... sans bagarres

Le match Penguins-Islanders a donné lieu à 346 minutes de pénalités, 10 expulsions, 15 majeures et 20 inconduites.

Puisqu'on en est encore à parler de ces incidents, faut-il croire que la violence continue de vendre le hockey, surtout chez nos voisins du Sud?

«N'importe quel amateur vous dira que c'est le hockey des séries qui est le plus intéressant à regarder. Or, c'est un jeu physique mais propre où il n'y a pratiquement pas de batailles», a noté Cammalleri, qui avait remarqué la hausse du nombre de bagarres cette saison avant même la semaine dernière.

«Personnellement, je n'ai rien contre les batailles quand elles se passent de façon émotive, dans le feu de l'action, comme ça avait été le cas entre Vincent Lecavalier et Jarome Iginla il y a quelques années», a conclu Mathieu Darche.

«C'est quand ça commence à aller de tous les bords que j'ai un problème. Il ne faut pas que ça déborde.»