Le gouvernement conservateur n'a toujours pas annoncé s'il participera au financement d'un amphithéâtre à Québec et un nouveau sondage pourrait venir freiner son envie de se lancer dans le projet.

Selon un sondage Harris Decima-La Presse Canadienne, une majorité de Canadiens s'opposent à l'idée que le fédéral investisse dans des infrastructures destinées aux sports professionnels.

À l'échelle nationale, ils sont 55 pour cent à s'y opposer, tandis que 41 pour cent appuient l'idée.

L'opposition est la plus forte dans les Prairies, où 62 pour cent des répondants se sont dits contre cette idée.

En revanche, la situation est toute autre au Québec. Une majorité de Québécois, soit 53 pour cent, se sont dits favorables à un financement d'Ottawa.

Les appuis les plus forts viennent de la part d'électeurs bloquistes, tandis que les militants des autres partis politiques se sont prononcés à majorité contre un tel projet.

Québec étudie depuis plusieurs mois la possibilité de construire un nouvel amphithéâtre dans la Vieille Capitale. La Ville et la province se sont déjà engagés à participer au projet - évalué à 400 millions $ -, tandis qu'Ottawa attend de voir un plan d'affaires avant de se prononcer.

Mais le dossier, cher aux résidants de Québec, n'est pas sans importance pour le gouvernement conservateur de Stephen Harper, dont cinq des 11 députés québécois viennent de la région de la Vieille Capitale.

Huit d'entre eux appuyaient en outre la construction d'un nouvel aréna et avaient revêtu le chandail des Nordiques de Québec pour une séance de photos en appui au projet, début septembre.

Au mois d'octobre, quelque 60 000 personnes avaient participé à la «Marche bleue» à Québec pour démontrer leur appui au retour d'une équipe professionnelle de hockey dans la ville.

Parmi les répondants qui se sont dits d'allégeance conservatrice, 60 pour cent d'entre eux s'opposent à un financement du fédéral, mais 38 pour cent l'appuient.

Ne s'étant toujours pas prononcé dans le dossier, le gouvernement conservateur de Stephen Harper répète que le projet requiert une participation importante du privé.

Ottawa martèle aussi que s'il finance une installation sportive, il le fera de façon «juste et équitable» à travers le pays, puisque des demandes en ce sens ont été faites dans d'autres provinces également.

Les supporteurs du projet de Québec plaident cependant qu'il s'agirait d'un amphithéâtre multifonctionnel, et non pas d'une installation strictement sportive.

Cet argument est repris par le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui refuse de voir dans ce sondage un juste reflet de l'opinion de la population sur le projet de Québec.

«Il faut rappeler qu'on parle d'un amphithéâtre multifonctionnel qui ne sert pas qu'à des équipes sportives mais qui peut servir aux Olympiques et à des spectacles», a réitéré le leader bloquiste.

La ministre des Affaires intergouvernementales et responsable de la région de Québec, Josée Verner, a quant à elle refusé de commenter le sondage.

Malgré le silence d'Ottawa, le maire de Québec, Régis Labeaume, a fait du dossier sa priorité pour 2011 et il espère qu'un nouvel amphithéâtre permettrait à la ville d'attirer une équipe professionnelle de hockey, mais aussi de mousser sa candidature éventuelle pour être l'hôte de Jeux olympiques.

Il y a dix jours, le président de Quebecor, Pierre Karl Péladeau - qui ne cache pas sa volonté de ramener une équipe de la Ligue nationale de hockey à Québec - a confirmé qu'il serait prêt à investir «plusieurs dizaines de millions de dollars» dans le projet.

Outre Québec, Ottawa s'est également vu réclamer de l'argent pour financer de nouveaux arénas ou la rénovation d'installations existantes dans les villes d'Edmonton, Calgary, Winnipeg, Regina et Hamilton.

L'appui à un financement fédéral n'est cependant pas plus important dans ces provinces qu'au Québec.

Dans l'ensemble, les résultats du coup de sonde ne témoignent pas de divisions majeures sur le sujet.

Le nombre de répondants qui ont indiqué s'opposer fortement (24 pour cent) ou appuyer fortement (11 pour cent) une participation fédérale est relativement peu élevé, ce qui semble suggérer que l'opinion publique peut encore pencher vers un camp comme vers l'autre.

«Le fait que 70 pour cent de toutes les réponses soient dans l'une ou l'autre des deux catégories des opinions moins tranchées, cela me dit que ce n'est pas nécessairement le plus émotif de sujets ou celui qui suscite le plus d'engagement pour la population», a analysé le vice-président d'Harris Decima, Doug Anderson.

Le sondage téléphonique Harris Decima a été mené auprès d'un peu plus de 1000 Canadiens, entre les 27 et 30 janvier. La marge d'erreur est de 3,1 pour cent, 19 fois sur 20. La marge d'erreur est cependant plus élevée pour les résultats régionaux à cause de la taille plus petite du nombre de répondants.