Il fut un temps où aller jouer au New Jersey était tout un défi pour le Canadien. Que dis-je un défi; un supplice, une torture!

Ce temps-là paraissait lointain, jeudi soir, alors que les hommes de Jacques Martin ont servi une correction de 5-1 aux Devils.

Des Devils dont la flamme semble dangereusement éteinte.

«Il y avait une atmosphère bizarre ce soir, c'était plutôt mort et il n'y avait aucune énergie dans l'amphithéâtre», a reconnu le gardien Carey Price, par ailleurs très heureux d'avoir inscrit sa première victoire en carrière au Prudential Center.

Cette victoire, elle a été réglée assez vite merci.

Le Tricolore a chassé le gardien Johan Hedberg après deux buts et seulement 1:38 de jeu en première période, ce qui pourrait être un record. Puis, il en a enfilé trois autres derrière Mike McKenna avant même qu'on atteigne la mi-chemin dans le match.

On était loin de la domination de Martin Brodeur devant le filet.

«C'était un match assez incroyable de la part de tout le monde, surtout lors des deux premières périodes», a souligné Lars Eller, la première étoile du match selon les médias locaux.

«Nous étions prêts dès le début et nous ne leur avons laissé aucune chance.»

La fiesta Gionta

Sam Gionta espérait un match nul à l'occasion du premier match à vie opposant ses fils Brian et Stephen. Bon, non seulement il aurait fallu que le match soit disputé à l'époque des frères Hunter et non des frères Gionta, mais l'aîné Brian s'est vite assuré que son équipe aurait le dessus.

La rencontre n'était vieille que de 11 secondes lorsque le capitaine du CH a mis les siens en avant. S'il avait bondi deux secondes plus tôt sur le retour de lancer que lui offrait Hedberg, il aurait égalé le but marqué le plus rapidement dans un match par un joueur du Canadien.

«Mes parents ont été les modèles de toute la famille et c'était une soirée spéciale pour eux, a confié Gionta. J'espère qu'ils ont apprécié.»

Quant au fait de jouer pour une première fois contre son frère, Gionta a indiqué qu'après des premiers moments bizarres, c'était tout simplement plaisant de le croiser sur la glace.

«Je pense que Stephen a bien joué, mais je ne lui ai pas parlé durant le match. Je savais que c'était un match dur à avaler de leur côté.»

Ils ont redoré leur blason

Lars Eller est venu doubler l'avance du Tricolore peu de temps après le but de Gionta en trompant Hedberg au terme d'une boucle derrière le filet. Le jeune Danois a ajouté une mention d'aide plus tard dans le match, ce qui lui donne un petit élan de quatre points en cinq derniers matchs.

Scott Gomez en est un autre qui a profité de la déconfiture des Devils pour embellir sa fiche. Il a cueilli le retour d'un lancer sur réception de Yannick Weber pour marquer son deuxième but en 24 heures. Il a cependant terminé la rencontre à -1, le pauvre.

Et que dire de Tom Pyatt, l'homme des mille occasions, qui a cassé les reins des Devils en début de deuxième en marquant son premier de la saison! Vrai qu'il a eu besoin des reprises vidéos pour se le faire confirmer, mais ça lui a juste donné plus de temps pour le savourer &

«Ça s'en venait frustrant d'obtenir toutes ces chances de marquer et j'essayais de demeurer positif, a admis Pyatt. Sur le coup, je n'étais même pas sûr que la rondelle avait pénétré le filet. Mais c'est un grand soulagement pour moi que d'avoir marqué ce premier but.»

Des Devils à plat

Le Canadien en était à un deuxième match en deux soirs alors que les Devils, eux, étaient inactifs depuis samedi dernier. Mais l'équipe à plat était facile à identifier!

Même un avantage numérique de deux hommes pendant deux pleines minutes n'a pas donné le goût aux Devils d'opposer une meilleure résistance. Les Kovalchuk, Elias, Arnott, Zajac et Langenbrunner, unis dans un même ennui, ont d'ailleurs essuyé les huées des quelques milliers de spectateurs.

Jason Arnott, laissé à découvert dans l'enclave, en troisième période, a évité à son équipe l'odieux d'un blanchissage. Mais il restait amplement d'odieux dans le camp des Devils.

«J'aurais pu clouer neuf joueurs au banc», a d'ailleurs lancé leur entraîneur John Maclean.

Sam et Penny Gionta, eux, sont restés cloués au leur avec grand plaisir.