Après les défaites aux mains des Panthers et des Blue Jackets, plusieurs s'attendaient à ce que Jacques Martin sorte le fouet.

Considérant la timidité de l'effort déployé lors de ces deux rencontres et même lors de la victoire arrachée aux Islanders de New York, vendredi dernier, quelques partisans outrés souhaitaient voir leurs favoris peiner dans le cadre d'un entraînement punitif.

Surtout que les circonstances favorisaient une séance de travaux forcés puisque le Canadien ne joue que demain à Buffalo.

C'est tout le contraire qui est arrivé.

Pendant l'envolée Columbus-Montréal, Jacques Martin a laissé passer le goût amer que la défaite lui avait laissé pour décréter un congé. Un autre!

Pourquoi faire preuve d'autant de clémence à l'endroit de joueurs qui ne la méritent pas vraiment?

Pour protéger l'avenir.

La décision la plus facile aurait été, oui, de faire patiner Scott Gomez et Michael Cammalleri qui ne cassent rien, à part les pieds de leur coach et de plusieurs partisans, de faire patiner Andrei Kostitsyn qui s'est rendormi au cours des trois derniers matchs et de rappeler à l'ordre une équipe qui semble vouloir se laisser transporter par ses succès de début d'année. Des succès relatifs considérant la qualité des adversaires croisés et le calendrier favorable dont le Tricolore a profité.

Favoriser un répit

Mais Martin s'est retenu. Après discussion avec ses adjoints et surtout après avoir pris le pouls de son équipe, qui semble atteinte d'arythmie depuis quelques parties, il a décidé de ranger le fouet et de favoriser un répit.

Pas un répit physique. Car en dépit des quatre matchs en six soirs disputés la semaine dernière, les joueurs sont en bonne, voire en très bonne, forme. Un répit tout court.

Un répit qui permettra à Brian Gionta d'oublier pendant 24 heures sa production anémique qui le pousse à serrer le bâton au point de ne plus pouvoir marquer.

Un répit à Josh Gorges et Hal Gill qui ont frappé le mur à Columbus mardi.

Un répit à Tomas Plekanec qui traîne Cammalleri depuis le début de l'année et qui doit maintenant faire face à une surveillance beaucoup plus serrée de la part de ses adversaires. Une surveillance dont il n'arrive pas à se défaire tant ils se concentrent sur lui, sachant très bien qu'ils n'ont rien à craindre de Gomez.

Un répit à Carey Price qui vient d'accorder trois buts dans un troisième match de suite. Pas question de le lapider de critiques et de remettre son titre de numéro un en question. Mais après un début de saison du tonnerre au cours duquel Price a limité l'adversaire à 16 buts en sept rencontres, il vient d'en accorder 11 en quatre matchs. Onze buts sur 95 tirs: ce qui se traduit par une efficacité de 84,2%. Et une telle moyenne n'est pas suffisante pour racheter les erreurs de ses coéquipiers et donner une chance réelle à son équipe de gagner.

Un répit pour les plombiers qui ont bien joué en général.

Un répit aussi pour le coach qui a maintenant des décisions à prendre. Car au lendemain de ce congé, il faudra rembourser les partisans floués avec des efforts de meilleure qualité à compter de demain à Buffalo.

Trios chambardés

Pour donner les moyens à son équipe d'y arriver, il ne faudrait pas se surprendre de voir des trios être chambardés.

Lars Eller s'est démené en compagnie de Plekanec et Cammalleri en troisième période lundi. Sa vitesse pourrait servir les deux autres et peut-être réveiller Cammalleri qui récolte sans rien semer depuis le début de la saison.

La présence du frère André à la gauche de Gomez permettrait peut-être à Gionta de respirer un peu sur la droite tant il est le seul au sein de ce trio à être marqué depuis le début de l'année.

Derrière eux, Martin devra pouvoir encore compter sur le surprenant Jeff Halpern et ses ailiers Pouliot et Darche et jongler avec Pyatt et Boyd pour pivoter un trio complété par Lapierre et Moen.

Pendant que Jacques Martin multipliera ses expériences, Pierre Gauthier devra lui aussi se demander comment aider son équipe. Est-ce que le Canadien peut se permettre de garder deux défenseurs sur la galerie de presse au lieu de rappeler de Hamilton un attaquant qui pourrait survolter une offensive qui en a bien besoin?