Sans contrat en octobre, il a écouté le premier match du Canadien cette saison à la télévision. Trois mois plus tard, il est en voie d'atteindre ses sommets personnels en carrière.

Normalement, quand un pneu est réparé, la roue de secours retourne dans le coffre de la voiture. Mais Marc-André Bergeron s'est avéré plus qu'une roue de secours depuis que le Canadien a fait son acquisition en début de saison.

Au 1er janvier, Bergeron avait récolté 10 buts et 22 points en 36 matchs, ce qui le plaçait en position favorable pour atteindre des sommets personnels en carrière. À seulement 750 000$, il est assurément l'une des meilleures aubaines dans la LNH. Outre Bergeron, seuls Andy Greene (New Jersey) et Ian White (Toronto) avaient accumulé plus de 20 points à la mi-saison tout en gagnant bonis inclus moins de 1 million par année.

«Ça fait plusieurs fois dans ma carrière que j'entends dire que je suis l'aubaine de l'année, confie Bergeron. Pour le joueur, ce n'est peut-être pas la meilleure nouvelle. Mais bon, ça prouve au moins que je suis efficace...»

Chez lui en début de saison

Bergeron n'a pas eu le choix de vendre ses services au rabais cet automne.

Car au terme d'une saison de 14 buts et 32 points avec le Wild du Minnesota, le téléphone n'a pas sonné.

«À la fin de la dernière saison, je n'aurais jamais cru que je n'aurais pas de contrat ensuite, confie l'arrière de 29 ans.

«Les défenseurs dont les statistiques se comparent aux miennes font entre 3 et 4 millions par année. En obtenant le statut de joueur autonome pour la première fois l'été dernier, je croyais donc obtenir un bon contrat quelque part.

«Or, j'ai écouté le premier match du Canadien à la télévision. J'ai trouvé ça bizarre de réaliser que j'étais encore chez moi alors que la saison commençait...»

Un rôle à jouer

Lorsqu'il a offert ses services au Tricolore, Bergeron savait bien que sept défenseurs étaient déjà sous contrat avec le CH.

«Mais il faut croire en soi et éviter de se dire: «je n'irai pas là, il y a tel et tel joueur.

«On dois croire que l'on peut remplir un rôle et apporter quelque chose que l'équipe n'a pas.»

Ce que Bergeron n'avait pas prévu, c'est qu'on lui demanderait, au retour d'Andrei Markov, de s'aligner comme attaquant.

«Mais ça ne me dérange pas d'ajouter une corde à mon arc», se plaît-il à répéter.

Cette polyvalence, jumelée à son utilité au sein de l'attaque massive, rappelle bien sûr Mark Streit, qui a suivi un parcours semblable à Montréal.

Mais maintenant qu'il a été échaudé sur le marché de l'autonomie, Bergeron ne rêve plus au genre de contrat qu'a obtenu Streit à Long Island.

«Quand des amis me disent tu dois avoir hâte à l'été prochain, tu vas pouvoir te négocier un bon contrat, disons que ça me fait rire un peu», admet l'athlète de Saint-Louis-de-France.

Dommages collatéraux

Une fois la déception passée, Bergeron a fait contre mauvaise fortune bon coeur.

«C'est drôle de voir comment la vie fait les choses, lance-t-il. Je joue chez moi et je suis plus heureux que jamais!

«Je n'aurais pas pensé que j'apprécierais ça autant. Il n'y a pas grand-monde dans l'équipe à part moi qui a pu passer le 31 décembre chez lui, entouré de sa famille et de ses amis. C'est quelque chose de spécial.

«Et lorsque je saute sur la glace au Centre Bell, j'y pense toujours. Ça me donne une énergie supplémentaire que je n'aurais peut-être pas si je jouais pour les Kings de Los Angeles...»

Il y a cependant un revers à la médaille.

«Le dommage collatéral que je cause présentement à ma famille et mes amis est incroyable, affirme Bergeron. Ils ne se font parler que de hockey. Mon père livre des pièces d'auto et, dans les garages, on ne lui parle que de cela.

«Une chance qu'il aime ça, sinon c'est sûr qu'il ferait une dépression!»

Pas de potion magique

Les fans de Montréal qui, depuis Sheldon Souray, se sont habitués à voir un défenseur dominer l'avantage numérique avec son lancer, se sont vite entichés de celui de Bergeron.

Mais contrairement à Souray ou encore à Zdeno Chara ou Shea Weber, deux autres défenseurs au tir dévastateur Bergeron n'a pas un gabarit lui permettant d'appuyer sur son lancer.

«Au baseball aussi je frappe fort, et au golf également, fait remarquer l'athlète de 5'9. Je ne sais pas comment il se fait que mon synchronisme m'a donné toute cette puissance, mais ça a toujours fait partie de moi.

«Il n'y a pas vraiment de potion magique pour expliquer ce phénomène.»

À l'époque où il a établi un record de la LHJMQ pour le nombre de buts par un défenseur en une saison (42), Bergeron a compris que ce lancer frappé serait sa carte de visite dans la LNH.

«J'ai toujours eu un bon lancer. Mais en devenant professionnel, on s'attarde ensuite à la précision et à pouvoir décocher son tir plus rapidement.

«Je le pratique beaucoup pour éviter de me le faire bloquer et pour trouver des façons de le faire passer même quand les lignes de tir semblent bloquées.

«Ce sont des détails qui ne paraissent pas toujours...»

Mais les résultats, eux, ne passent pas inaperçus!

Il reste à savoir si le Tricolore choisira d'en bénéficier au-delà de cette saison.