Si le match opposant Montréal et Edmonton était colossal pour tous les joueurs du Tricolore, qui avaient mille et une choses à se faire pardonner, il était aussi très attendu dans le vestiaire des Oilers.

Sheldon Souray disputait son premier match contre le Canadien depuis qu'il a quitté Montréal il y aura bientôt deux ans.

Quant aux Québécois Marc-Antoine Pouliot et Jeff Drouin-Deslauriers, ils réalisaient un rêve de jeunesse.

«Ça fait trois ans que j'ai fait le saut dans la LNH et j'ai déjà joué contre toutes les autres équipes. Mais affronter le Canadien, c'est certain que ça va être spécial», a mentionné le jeune Pouliot, qui a amputé la deuxième portion de son prénom.

«J'étais tanné de me faire appeler Marc-André, alors j'ai retiré le Antoine», a lancé Pouliot.

Après des saisons de huit, 46 et 24 matchs avec les Oilers, Pouliot n'a pas été rétrogradé cette année.

«La Ligue américaine, c'est du passé pour moi. Je suis dans la grande ligue et je veux y rester. J'étais toujours parmi les meilleurs marqueurs dans le junior - il était compagnon de trio de Sidney Crosby à Rimouski - mais j'ai dû améliorer des facettes de mon jeu pour rester dans la Ligue nationale. Je suis au centre d'un troisième trio avec ce que cela implique de jeu défensif et physique», a indiqué celui qui a grandi à quelques kilomètres du Colisée de Québec.

«Je ne détestais pas le Canadien, mais les Nordiques étaient mon club. Mon meilleur et pire souvenir à la fois aura été de les voir déménager pour aller gagner la Coupe Stanley dès la première année au Colorado», a lancé le jeune nostalgique de 23 ans, repêché en première ronde (22e) par les Oilers en 2003.

Du bout du banc

Si Marc-Antoine Pouliot a réalisé son rêve hier, son copain gardien et voisin dans le vestiaire des Oilers, Jeff Drouin-Deslauriers, l'a réalisé à moitié seulement.

Car c'est du bout du banc qu'il a suivi son premier match contre le Canadien.

«Si c'était seulement de moi, je garderais 82 matchs par année et c'est évident que l'idée de disputer un premier match en carrière contre Montréal me souriait. Mais je remplis un rôle d'adjoint. Je serai prêt, mais j'espère que je n'aurai pas à entrer dans le match, car cela voudra dire que sommes en plein contrôle de la partie», a indiqué le jeune gardien, qui n'a pris part qu'à huit matchs cette saison.

Ce dont il est loin de se plaindre.

«La situation des gardiens a été assez spéciale ici, avec Mathieu (Garon) qui vient d'être échangé et Dany (Sabourin) qui s'est amené avant d'être retourné à Springfield. Mais je suis habitué. Dans les mineures, j'ai été promené d'une équipe à l'autre et je n'étais jamais le gardien de l'organisation avant l'an dernier. J'en ai profité pour avoir une bonne saison et je m'accroche à mon rôle d'adjoint», a expliqué le choix de deuxième ronde des Oilers en 2002.

Si Marc-Antoine Pouliot admettait candidement son affection de toujours pour les Nordiques, c'était plus nuancé dans le cas de Drouin-Deslauriers.

«Ma mère vient de Québec et prenait pour les Nordiques. Mon père vient de Montréal et prend pour le Canadien. Il y avait de la rivalité dans la maison et sur la glace. Mais comme Dominik Hasek était mon héros, ça m'a permis d'éviter les rivalités. C'est le fun parce que mon gardien numéro un aujourd'hui, Dwayne Roloson, était l'adjoint de Hasek à Buffalo. Il me comprend donc très bien et m'aide beaucoup.»

Roloson a vraiment pris Deslauriers sous son aile.

«Je me revois derrière Dom (Hasek) quand je le regarde aller. J'ai dû être patient et ça n'a jamais été facile. Mais Dominik m'a toujours aidé et appuyé. C'est pour cette raison que nous sommes demeurés de grands copains. Je veux que les mêmes liens se tissent entre Jeff et moi», a assuré Roloson, hier midi, pendant que son jeune auxiliaire servait de chair à canon aux Oilers qui faisaient des heures supplémentaires.